DU SILENCE INSOLENT AU DENI IRRESPONSABLE

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DU SILENCE INSOLENT AU DENI IRRESPONSABLE

 

Les Sénégalais d'ici organisent des manifestations, ceux d'ailleurs mènent des marches. L'ONU en a parlé, la CEDEAO s'est prononcée mais notre président de la République joue toujours la sourde oreille. C’est sa stratégie de minimisation de la frustration du peuple. Mais ceux qui sont bien avertis savent que son avis est celui prononcé par son ministre de l’Intérieur, son ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur et son ministre de la Justice. Antoine Felix Diome caractérise le statu quo d’acte de banditisme et de délinquance. Aissata Tall Sall parle de forces extérieures qui sont en train de manipuler quelques sénégalais. Me Malick Sall a, quant à lui, sur France 24, dit que les manifestants sont, tenez-vous bien, pour l’essentiel des lutteurs qui en ont marre de s’entraîner sans se confronter à cause des interdictions de manifestation. On leur a privé de la lutte.  Et le président de la République, tel un sapeur, ou un médecin après la mort dit avoir compris la jeunesse sénégalaise qui réclame, pour lui, du travail et d’allégement du couvre-feu. Comme un père, qui après avoir frappé son enfant, lui donne des bonbons pour le calmer. Le Président, machiavéliquement, après l’échec du bâton, sort la carotte en nous promettant de revoir la réorientation des allocations budgétaires pour améliorer de façon substantielle la formation, l’emploi, le financement de projet et de soutien à l’entrepreneuriat et le secteur informel comme si c’était cela l’objet des manifestations, quelle diversion ! Non ces gens-là se foutent de nous.   Vous avez entendu les manifestants réclamer du travail l’allégement du couvre-feu ou bien vous les avez entendu réclamer la libération de SONKO et, partant, dénoncer la chasse aux opposants.

 

Au gouvernement de Macky Sall, n’insultez pas notre intelligence, s’il vous plait. Arrêtez la manipulation des masses. Nous ne sommes pas des imbéciles, respectez-nous un peu. Vous n’êtes pas plus intelligents ni plus instruits que ceux que vous dirigez. Nous ne sommes pas des marionnettes que vous manipulez comme bon vous semble.

 

Ayez un peu de respect et de considération pour nous. C’est vrai que nous mourons de chômage et que nous sommes fatigués de ce couvre-feu infécond et stérile, mais nous sommes plus meurtris par l’injustice et la dictature que vous voulez nous imposer. Vous dites comprendre mais permettez-moi d’en douter. Laissez-moi vous expliquer les véritables mobiles de cette révolte puisque vous faites semblant de l’ignorer.    

 

Les explications des ministres de Macky Sall laissent comprendre clairement, sans l'ombre d'aucun doute, que le Président du Sénégal refuse catégoriquement de reconnaître que les revendications sont fondamentalement et principalement celles du peuple quand bien même des intrus en ont profité pour voler, cambrioler, saccager. Il faut certes condamner fermement le saccage des édifices publics, des propriétés privées et des entreprises françaises. Néanmoins, cela n'est pas un argument pour vouloir nous faire croire naïvement que ce sont des terroristes, des malfaiteurs ou des bandits. Non, c'est le peuple sénégalais qui est à la base et cela vous le savez très bien Monsieur le Président. C’est ce peuple que vous avez toujours refusé d’écouter même quand il veut manifester pacifiquement. Par l’entremise des gouverneurs et des préfets, ce régime a toujours refusé à la population le droit à la marche pourtant garanti d'office par la constitution. Mais cela n'est pas nouveau car le président Macky Sall avait déjà déclaré, lors de son grand entretien du 31 Décembre 2020, avec une vile ironie et arrogance, que ses yeux n'aiment pas voir les morceaux rouges brandis par les manifestants pour exprimer sans violence leur désaccord, leur insatisfaction et leur mécontentement. Ce qui prouve que nous avons en face de nous un président qui n'écoute pas les revendications de la population même dans la paix, le calme et la sérénité. Comprenez par-là que les saccages et les pillages sont les derniers moyens utilisés par la jeunesse pour se faire entendre. Loin de cautionner ces actes, je tente juste d’en circonscrire les raisons. Pourtant malgré tout, notre président de la République tel l’oiseau de Minerve qui ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit, sort de sa réserve tardivement pour sciemment et savamment s’écarter du sujet. Le président a préféré jouer la carte de la diversion et du déni. Il est temps que Macky Sall fasse des réclamations du peuple une affaire sérieuse.  Qu'est-ce que votre silence insinuait, Monsieur le président ? Que vous en foutez ? Que vous en moquez ? Que vous êtes un Président sadique ? Que nous allons voir que vous n'êtes pas notre égal ? Que vous ne reculez jamais quitte à ce qu’il y ait quelques morts ?

 

Vous pensez que 10 morts étaient encore peu pour que vous vous prononciez ou que c’est parce que ce n'est pas Amadou Sall qui a reçu une balle à la tête comme le jeune qui est mort à Bignona.  Ce n'est pas Ibrahima Sall qui est le collégien qui a perdu la vie à Diaobé. Ce n’est pas le bras de Ndeye Driss Sall qu’on a amputé, que c’était encore tôt pour parler. Pourtant on vous surnomme très élogieusement « de père de la nation ». Et je pense qu'un père responsable et amoureux de sa famille n'accepte jamais de voir ses enfants tomber comme des mouches. Vous avez laissé la police et la gendarmerie sortir leur arsenal d'arme pour faire face au peuple qui ne voulait pas de la loi sur le parrainage, ça a marché. Vous avez été sourd comme un pot quand le peuple disait non à l’acharnement contre Karim Wade, ça a marché. Vous avez préféré jouer au mort quand les Sénégalais condamnaient la condamnation arbitraire de Khalifa Sall, ça a marché. Alors vous avez pensez que ce serait la même chose cette fois-ci, ce en quoi vous vous êtes lourdement trompé Monsieur le président. 

 

C'est vrai que vous avez toujours refusé de prendre au sérieux les revendications du peuple. Pour vous, il faut laisser les forces répressives contraindre, sanctionner, punir, mater réprimer, massacrer, violenter, écraser, torturer quitte à tuer de pauvres citoyens qui, vont finir par arrêter.

Cela ne nous empêchera pas de condamner avec la dernière énergie l’acharnement injuste et injustifié de ce régime à l'endroit de ses opposants de gros calibre. Tout le monde se rend à l'évidence : Macky Sall est le roi des arènes qui ne veut pas affronter les VIP de l'arène politique. Pour lui tous les moyens sont bons pour éliminer ses adversaires. Avant-hier c'était Karim Wade, hier c'était Khalifa Sall, Aujourd'hui c'est Ousmane Sonko, demain ce sera qui ?

 

 Voilà exactement la raison fondamentale pour laquelle le peuple sénégalais, depuis bientôt une semaine, est en train de déverser sa colère dans les rues. A cela s’ajoutent les frustrations longtemps refoulées, le chômage, le laxisme, la justice à double vitesse et tutu quanti. Cette somme de frustrations fait que le pays est en bouillonnement telle une fournaise. Ces agitations déclenchées par la énième liquidation d'un adversaire politique vont au-delà de la personne d’Ousmane Sonko. C’est plutôt un combat pour la justice, la liberté, l’Etat de droit et la démocratie. Le cas du leader de PASTEF n'est qu'un prétexte, une goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les raisons vont par-delà l’individualité de Sonko. Et si vous utilisez les forces de défense et de sécurité du peuple pour faire bras de fer avec le peuple, c’est parce que vous confondez votre statut et votre personne.

 

En tant que simple individualité vous ne pouvez absolument rien contre ces gens car vous n'avez pas plus de force ni plus de courage ou d'intelligence qu’eux, mais en tant que Président de la République, oui, vous avez la police, la gendarmerie et l’armée nationales pour réprimer le peuple qui vous les a données. Mais je pense que votre sens du discernement vous permettra de faire la part des choses entre votre personne et votre statut pour qu’enfin vous n’utilisiez pas ces appareils répressifs de l'État pour défendre votre orgueil personnel. Macky n'utilise pas le président de la République pour entrer en confrontation avec le peuple. Permettez-moi avant de terminer de vous rappeler que la volonté du peuple est la volonté de Dieu et c'est suicidaire de combattre Dieu. Comprenez cela comme tel son excellence.

 

 El hadji Maodo Mbaye

Professeur de philosophie au Lycée de Meri

Mbayephilo@comgmail.com


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