L’OPINION NE PENSE PAS, MAIS ELLE SENT BIEN

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L’OPINION NE PENSE PAS, MAIS ELLE SENT BIEN

 

Quand on accède au pouvoir de façon si vile et violente, on ne peut l'abandonner de façon policée. Ces gens n'ont jamais combattu pour des principes, leur problème se résumait à un seul mot : prébendes. Ils se sont faufilés dans les grands desseins démocratiques du peuple, ont détourné le 23 Juin de son objectif, et ont domestiqué les forces progressistes du pays. Ces gens ont sacrifié des vies pour accéder au pouvoir. Il faut être naïf pour croire qu'ils vont céder ce pouvoir taché de sang sans payer le tribut de sang. Cet homme, furieux, pierre à la main (Photo) prêt à déclencher une intifada sur la place Soweto, est l'actuel président de l'Assemblée nationale. Quelle déchéance dans le symbole !

 

Les vieilles pratiques du PS sont venues se greffer à la médiocrité aveugle d'un homme qui trouve dans le cynisme outrancier son seul salut politique. Je reste persuadé que la seule façon de mettre fin à cette longue éclipse de la démocratie, c'est la Révolution.  Cette Révolution est d'abord culturelle : il nous faut changer de logiciel aussi bien dans notre discours que dans nos actions. Elle est ensuite politique : il faut changer de personnel politique. Certaines figures doivent disparaître de la scène politique pour que certaines pratiques disparaissent.

 

L'opinion ne pense pas, dit Bachelard, et c'est vrai ; mais elle sent très bien. Sa faiblesse est qu’elle ramasse d’un trait plusieurs données disparates sans les organiser dans la rigueur de la méthode ni les soumettre à la force du concept. C’est ce qui fait d’ailleurs que le travail de la science est une rectification de l’opinion, une épuration, une fécondation intellectuelle de celle-ci. Il ne faut donc pas se fier à l’opinion, mais il ne faut pas non plus l’exclure d’office, car elle renferme toujours des indices, une matière première. L’opinion est un gisement. Comme n’importe quelle mine, elle a besoin d’être à explorée et exploitée.

 

L’opinion publique sénégalaise s’est dogmatiquement fait une idée dévalorisante de la politique. En réalité, elle opère une association (au sens psychologique) entre certains visages et les pratiques politiciennes abjectes. Il y a quelque chose de particulièrement significatif dans la perception que l’opinion a de nos hommes politiques : elle est avec tout le monde, mais elle retient (pour la postérité) que le nom de quelques rares hommes politiques disparus. Mamadou Dia est mort bien avant certains hommes politiques récemment arrachés à notre affection. Chaque année sa disparition est remémorée alors que les autres, qui ont eu tous les privilèges, sont presque oubliés. L’anniversaire de leur disparition passe presque inaperçu. C’est ça la vraie mort !

 

Pour asseoir le monothéisme, les prophètes n'avaient pas le choix : ils devaient détruire les idoles. Nous avons chez nous les idoles de la déchéance politique dans les institutions : il faut les dégager pour redonner à la république et à la démocratie leur éclat. La solution, c’est la synergie : le messianisme politique ne nous mènera nulle part. Il faut partout asseoir et promouvoir les idées et les valeurs à la place des personnes. L’opposition et la société civile doivent se retrouver, non pour faire de la politique, mais pour sauver la nation et la république. Car les prémices d’une désintégration du corps social et de la nation sont partout visibles.

 

Alassane K. KITANE

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