La fuite de la déclaration de patrimoine d'Idy : encore un épisode

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La fuite de la déclaration de patrimoine d'Idy : encore un épisode

Devant l’écran nous suivons un film tellement comique. Ce film titré un dîner de con. Dans ce film, des riches après la dureté du travail invitent à tour de rôle un con dont le rôle est seulement de faire le con et par-là même de faire rire et de divertir. Seulement, il ne sait pourquoi il fut invité. Au milieu des rires, il rit comme tout le monde. Il est le spectacle mais il ne le sait pas. Il est dans le sérieux de la vie sans être pris au sérieux. Misérable fut cette homme à qui on se joue de lui.

Mais nous qui suivons le film, qui sommes-nous ? Nous éclatons de rire, car nous savons ce qui arrive à ce monsieur Pignon, le con, et ignorons notre situation. Quand nous suivons un film, nous signons un contrat, nous disons au réalisateur : nous vous autorisons et nous vous laissons le droit de nous tromper volontairement. Alors quand nous rions, pleurons devant nos écrans, c’est parce que nous sommes à la même place que monsieur Pignon.

Le plus souvent, nous sommes dans la fourrure du spectateur. Ce qui se passe dans nos pays est identique à un film et à chaque action nous faisons l’effet d’être surpris. Nous Sénégalais, nous aimons vraiment faire la comédie. Comment se fait-il qu’aujourd’hui nous soyons surpris après la déclaration de patrimoine d’Idrissa Seck ? Qu’il déclare avoir 30 milliards de patrimoine est-il vraiment surprenant ?

Mais rappelons-nous que nous suivons un film. Rappelons-nous que nous sommes en politique. Ce n’est pas la première fois qu’il soit cité dans une affaire de milliards. On se souvient des chantiers de Thiès. On se souvient de son procès sous l’ère Wade. Pourtant dans ce Procès Idy aimait souvent dire que jusqu’à l’extinction du soleil personne ne prouvera qu’il avait volé ces milliards. Il n’a pas eu tort. Le père a fini par blanchir le fils. Et voilà la fin d’un épisode. Alors si aujourd’hui il lui reste 30 milliards, cela ne doit pas nous surprendre. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg. C’est juste une fuite. L’OFNAC à fuité sans cela nous ne serions jamais au courant. Les coulisses, c’est dans les coulisses qu’on prépare l’illusion. Et nous ne sommes pas censés voir ou savoir ce qui se passe en coulisse. C’est le dossier d’Idy qui a fuité. Et pour les autres ? Ils en sont à combien ? Le fils de Macky en est à combien ?

Dans notre pays, la politique est le moyen le plus rapide pour devenir riche. Ni l’expertise, ni la compétence, ni le savoir, ni le mérite ne comptent pour être député ou ministre. Il suffit de savoir parler, de savoir insulter, être fidèle à un leader, savoir le défendre dans n’importe quelle situation pour espérer occuper un poste de responsabilité dans ce pays. C’est justement ce qui fait que l’assemblée nationale ressemble à un marché hebdomadaire. C’est ce qui a fait que Farba Senghor peut devenir ministre de l’artisanat et des transports aériens avant de devenir ministre de l’agriculture, de l’hydraulique rurale et de la sécurité alimentaire… Il ne sont ni héritiers, ni propriétaires de grandes industries, mais deviennent riche subitement. Ils sont nés pauvres, vécus pauvres, mais une fois au pouvoir ils vampirisent nos caisses sous prétexte d'avoir bénéficier de fonds politiques.

Les épisodes se suivent et nous suivons confortablement le spectacle. On a fini de regarder le film Moustapha Niasse et les contrats de pétrole, Karim Wade et son enrichissement illicite de 694 milliards, Macky Salle et ses 8 milliards en 2012, Alioune Sall-Frank Timis, pour ne citer que les beaux. Aujourd’hui, nous en sommes au deuxième épisode d’Idy et les milliards. La série continue. Alors prenons place et ouvrons grandement les yeux. Apprécions le talent des acteurs et à la fin de chaque épisode, attendons l’autre. Misérables spectateurs…

Issa Ndiaye, professeur de philosophie


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