LA MECHANCETE EST UNE FORME DE NARCISSISME

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LA MECHANCETE EST UNE FORME DE NARCISSISME

                                   Chronique de Ndoumbélane

 

Il était une fois, des oiseaux granivores étaient en conflit avec un producteur. Ce dernier souffrait de voir ses récoltes grandement détruites par ses voisins de la grande demeure qu’est la nature. Exaspéré et désespéré, le cultivateur entreprit de poser des pièges sur les épis de mil qu’il cultivait. Des nuées entières d’oiseaux périrent dans ces pièges et l’odeur commençait à attirer d’autres visiteurs, de pire compagnie cependant : des serpents. Les oiseaux se plaignirent auprès du tribunal de la conscience humaine. Tenaillé entre la peur des serpents et le remords de la conscience morale [la morale est bien souvent fille du calcul de la prudence, n’en déplaise au sage de Königsberg], l’homme entreprit d’enlever les pièges.

 

Les oiseaux de leur côté, poussés par l’instinct, se mirent à opposer à l’argument de leur culpabilité le piège posé par le pauvre cultivateur. Malgré les remarques des habitants de la forêt, ils ne virent pas que c’est parce qu’ils sont entrés par effraction dans le champ d’autrui que le piège avait fonctionné. Que ce n’est pas parce qu’ils étaient piégés qu’ils n’avaient pas mangé la récolte d’autrui ; et que c’est sûrement leur voracité qui a servi d’instrument à ce piège. Le destin est inexorable, car il se sert toujours de nos libertés. C’est ainsi que le feu se réjouit de consumer allègrement le bois ignorant que celui-ci est sa propre source de vie (Hegel).

 

Alors qu’il enlevait les pièges disséminés dans son champ, l’homme fut mordu par un serpent qui était venu déguster au festin des oiseaux. Il en mourut et les oiseaux qui avaient survécu se mirent à se réjouir d’être débarrassés d’un sanguinaire sans état d’âme. Mais ils avaient oublié quelque chose : c’est de la vie du cultivateur que dépendait son travail champêtre ; et c’est de ce travail que dépendait en partie leur vie de granivores. La mort du cultivateur livra les oiseaux aux aléas de la nature qui, selon ses humeurs, peut être profusément parcimonieuse et adepte de la pénurie.

 

La méchanceté est une erreur sur l’être : on est méchant parce qu’on se trompe sur la place qu’on occupe parmi les siens d’abord et dans l’univers ensuite. Pourquoi devrait-on être l’orient de la société ? Le centre ? L’étoile polaire de tous voyageurs, y compris ceux qui naviguent même le jour ? C’est un signe universel de dérèglement de la conscience que de se poser en miroir absolu dans lequel les autres doivent se mirer et s’ajuster sous peine de périr de laideur. Le paysan aurait dû savoir que l’écosystème qui lui permet de faire son activité ne lui appartient guère. Les oiseaux auraient dû, par instinct, flairer l’importance du labeur du paysan pour compléter et sécuriser leur nourriture. Tous devraient savoir que la nature ne fait rien vain (Aristote).

 

Narcisse s’est planté doublement : d’abord il avait oublié qu’on n’est beau qu’à travers le regard et l’appréciation d’autrui ; ensuite, à force de contempler la beauté de son image reflétée à la surface de l’eau et à vouloir la cueillir, il s’y éternisa, dépérit, et finit par mourir puis se métamorphoser en fleurs blanches.

 

Alassane K. KITANE

 


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