LA PERTINENCE DU CHOIX DE IDRISSA SECK COMME PRÉSIDENT

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LA PERTINENCE DU CHOIX DE IDRISSA SECK COMME PRÉSIDENT

                     POURQUOI JE VOTERAI IDRISSA SECK !

 

Parce que les injustices qu’il a subies — en particulier une détention carcérale injuste — et sa longue traversée du désert ont assurément mûri l’homme - Parce qu’il sait s’entourer des meilleures compétences

 

Mamadou Oumar NDIAYE

 

En 1960, lorsque les pays de cette partie-ci du continent accédaient en chaîne à l’indépendance, deux géants en particulier dominaient l’ex-Afrique occidentale française. Il s’agit des présidents Léopold Sédar Senghor du Sénégal et Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire. Lesquels n’avaient pas les mêmes visions pour leurs pays. Le poète-président et agrégé de grammaire Senghor choisît de miser sur la construction d’une Nation et mit l’accent sur l’éducation en formant des ressources humaines d’une très grande qualité mais aussi sur les institutions et la construction d’un Etat solide. Son ambition était de construire un socialisme « à hauteur d’homme ». Plus tard, il instaura la démocratie marquée notamment par un multipartisme limité à trois puis quatre courants de pensée. Le médecin « africain » et planteur Houphouët-Boigny, lui, opta pour la réalisation d’infrastructures, la constitution d’une bourgeoisie nationale solide et proclama sans complexe sa préférence pour une voie de développement capitaliste. Ce là où presque tous les pays du continent se disaient « socialistes » ! L’ivoirien avait construit une ville (Abidjan) à l’américaine avec des routes de standard international, des ponts, des « gratteciel » en tout cas des buildings de verre et de béton. Le monde entier s’extasiait devant le « miracle économique » ivoirien tandis que Senghor organisait son Festival mondial des arts nègres, construisait son Musée Dynamique, son théâtre Sorano, ses corps de ballets, son Ecole des Arts, sa Manufacture des Arts décoratifs.

 

Trente ans plus tard, dans les années 90, la Côte d’Ivoire implosait sur la question de l’« ivoirité ». Houphouët, contrairement à Senghor, n’avait pas construit une Nation et dès que les cours mondiaux de café et de caco se sont effondrés, la vitrine ivoirienne s’est craquelée. Et le miracle, qui était un trompe-l’œil, s’est estompé. Le modèle sénégalais, fondé sur les institutions et l’éducation, ce qu’on appelle aujourd’hui la bonne gouvernance aussi, était le bon. Surtout, Senghor a donné un rayonnement international sans précédent à notre pays en étant le premier chef d’Etat du continent à quitter volontairement le pouvoir. Plus tard, le Sénégal a connu deux alternances spectaculaires qui ont fini de le consacrer comme phare de la démocratie sur le continent. Or, c’est justement cette tradition démocratique, cette marque de fabrique, ce bien le plus précieux de notre pays, cette exception sénégalaise, tout cela qui est mis en danger depuis sept ans. Pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays, deux hommes, parce qu’ils sont considérés comme des rivaux à une élection présidentielle et des obstacles à l’obtention d’un second mandat, ont été jetés en prison sans autre forme de procès. Ou, plutôt, à l’issue de procès loufoques conduits par des magistrats non pas seulement couchés, mais aplatis.

 

Toutes des accusations absolument grotesques. Et alors que, sous le magistère du président Senghor — qui ne fut pas toujours, certes, un enfant de chœur mais le contexte de guerre froide et de pays nouvellement indépendant l’excusait grandement — et aussi celui de son successeur Abdou Diouf, il existait une vie politique civilisée avec de vrais droits et des avantages accordés à l’opposition, depuis 2012, tous ces acquis ont été foulés au pied. A l’Assemblée, les groupes parlementaires de l’opposition — il faudrait plutôt employer le singulier — se disloquent sous les coups de boutoir d’un pouvoir soucieux, sinon de les dissoudre, du moins de les fragiliser à l’extrême. L’opposition n’est plus consultée et passe son temps à parer les tentatives de déstabilisation. Le Code électoral consensuel de 1992, fruit d’un dialogue national inclusif, a été déchiré au profit d’une gestion unilatérale et brutale du processus électoral. Plus grave, notre pays, de havre de paix et de refuge pour tous les opprimés du continent, est devenu pour eux soit une prison (pour l’ex-président tchadien Hissène Habré emprisonné sur financement du dictateur Idriss Déby) ou un enfer dont ils sont expulsés sous le moindre prétexte. L’ex-putschiste gambien Kukoï Samba Sanya, chassé du Sénégal vers le Mali, est mort dans ce dernier pays quelques jours après son arrivée. Le bloggeur tchadien Mikhaïla Nguebla a été mis dans un avion, direction Conakry d’où il s’est envolé par la suite pour la France.

 

L’activiste Kémi Séba, lui, a été expulsé vers la France. Même sort pour l’opposant gambien Cheikh Sidya Bayo chassé du Sénégal vers l’Hexagone. Bref, tous les acquis démocratiques du Sénégal sont en train d’être vendangés, s’ils ne l’ont pas déjà été durant les sept ans de règne du président Macky Sall. Un président de la République dont le péché originel, mais c’est là son moindre défaut, a été un honteux reniement ayant consisté à promettre aux Sénégalais et à la face du monde entier — en particulier jusque sur le perron de l’Elysée mais aussi à l’Union Africaine et à l’ONU —, qu’il réduirait son mandat de sept à cinq ans. Puis le Monsieur a regardé les Sénégalais dans le blanc des yeux pour leur signifier que son Conseil constitutionnel s’opposait à une telle réduction de son mandat ! Ajoutons à cela que les institutions ont été fragilisées pour être mises au service et à la gloire d’un Conducator, tandis que les contre-pouvoirs, là où ils n’ont pas été domestiqués, sont réduits à leur plus simple expression. Last but not least, on assiste à une politisation inédite de notre Administration, jadis socle de granit sur lequel reposait l’Etat, les régies financières en particulier ayant fini d’être privatisées à son profit par une camarilla particulièrement vorace.

 

UN FOURRIER DE LA TRANSHUMANCE !

 

S’il n’y avait que cela, c’est-à-dire ce reniement à la parole donnée et ce piétinement des conquêtes démocratiques si chèrement acquises par le peuple sénégalais ! Il s’y ajoute aussi, hélas, que ce Monsieur Macky Sall a porté à un niveau jamais atteint auparavant le fléau de la transhumance qu’il se jurait pourtant d’éradiquer ! Un fléau vil, ignoble, dégoûtant et dégradant que ce président cynique pour qui la fin justifie les moyens a remis au goût du jour pour ne pas dire promu et élevé au rang de sport national. On assiste à une entreprise répugnante de détournement de suffrages de la part de mercenaires et de salopards qui, après s’être fait élire sous la bannière de l’Opposition, vont sans états d’âme se vendre au pouvoir en place.

 

Des individus sans convictions, sans éthique, sans morale et sans vertu qui retournent leurs vestes ou leurs camisoles au gré des alternances. Une pratique encore une fois encouragée, et le plus souvent suscitée, par un président qui jurait aux Sénégalais de mettre fin à cette pratique s’ils lui accordaient leurs suffrages. Une fois au pouvoir, comme pour l’engagement consistant à réduire la durée de son mandat de sept à cinq ans, notre bonimenteur, qui s’est transformé en sergent-recruteur et sous-officier fourrier de la transhumance sitôt élu, s’est dédit et renié honteusement. J’aurais pu parler de notre économie vendue aux étrangers, des centaines d’entreprises nationales à l’article de la mort, si elles n’ont pas encore mis la clef sous le paillasson du fait des difficultés dans lesquelles les a plongées le Trésor public, des scandales financiers à n’en plus finir etc. mais ce serait trop charger la barque. Rien que ces deux aspects développés dans cet article — le démantèlement des acquis démocratiques du Sénégal et la promotion de la transhumance — me suffisent pour ne pas voter pour le président sortant.

 

Et après-demain dimanche, inch’Allah, je voterai pour le candidat Idrissa Seck. Parce que c’est un homme d’Etat qui a une expérience de la gestion au plus haut niveau de cet Etat en tant que Premier ministre et ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles. Parce que c’est un chef qui sait se faire respecter. Parce qu’il sait s’entourer des meilleures compétences. Parce qu’il a de l’ambition pour le Sénégal et saura défendre ses intérêts. Parce que l’équipe qui l’entoure me rassure. Parce que c’est un homme moderne, ouvert sur le monde. Parce que depuis 1983 que je le connais, il a participé à toutes les luttes démocratiques du peuple sénégalais. Parce qu’il saura, je pense, combattre la transhumance dont il a été victime plus que n’importe quel homme politique sénégalais. Parce que les injustices qu’il a subies — en particulier une détention carcérale injuste — et sa longue traversée du désert ont assurément mûri l’homme. Et surtout, surtout, parce que j’espère qu’il ne se transformera pas en maton sitôt pour à son tour emprisonner tous ses opposants !

 

 


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