La vérité seule est vertu, tout le reste n'est que conformisme extérieur

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La vérité seule est vertu, tout le reste n'est que conformisme extérieur

 

La vérité est la reine des valeurs, la véracité est la mère et la reine des vertus. Nul ne peut être vertueux s'il a un penchant au mensonge. Nul ne peut être intègre s'il est prompt à faire la promotion du mensonge ou l'occultation de la vérité.

 

La probité morale est à mon avis le fruit de l'éducation et de la culture, mais elle doit être entretenue par un effort personnel permanent. Éduquons nos enfants dans la voie de la vérité, et nous viendrons à bout de la moitié des problèmes de la cité. La sanction est destinée à réconcilier le fautif avec la communauté après l'avoir réconcilié avec sa propre conscience, elle n’anticipe rien. Nous posons les germes de la corruption dans la façon d'éduquer nos enfants, dans la façon dont nous leur enseignons la gestion de l'espace public, dans la façon de forger leur relation avec l'argent. Il faut que l'enfant comprenne que l'homme peut posséder tous les biens de ce monde, avoir toutes les grandeurs d'établissement et être moins digne qu'un rat d'égouts.

 

Il faut qu'on apprenne à nos enfants à l'école, à la télévision, dans la presse et dans les livres pour enfants qu'on peut être pauvre comme un rat d'église et pourtant briller de toute sa splendeur par la disposition à l'honnêteté. La vertu n'est pas ostentation, elle ne se déclame pas ; elle se vit comme une intériorité que rien ne peut ébranler, pas même le pire des dénuements. On ne peut pas, en voiture ou en piéton, salir la rue avec ses morceaux de papier, les coques d'arachide ou ses sachets et faire preuve de probité dans les lieux de travail.

 

Ku jub ba noppi di tilimal mbèd, jubul dafa raggal kuka jàpp.

 

Dans un pays où les élèves et les étudiants sont quasiment convaincus que la tricherie est un droit inaliénable, c’est presque une gageure que de parler de lutte contre la corruption. Dans un pays où les élèves réclament ouvertement des faveurs indues en matière d’évaluation sommative (« monsieur d?o?u plus ! »), c’est rêver que de croire à l’incorruptibilité des élites. Dans un pays où les enfants-Tàalibé mendient toute la journée s’ils ne se transforment en ramasseurs d’ordures avec un attelage d’âne (gênant considérablement la circulation sous le nez et la barbe du policier), ce n’est pas sérieux de présumer de venir facilement à bout de la corruption.

 

Il faut cesser de rêver en engageant une lutte patiente, multisectorielle et ardue contre la corruption des mœurs. Nous sommes trop laxistes pour être droits : il faut donc beaucoup de pédagogie et d’engagement pour nous redresser. Cela passera par l’éducation, avec des médias vraiment créatifs pour inculquer des valeurs et des comportements éthiques dans leurs émissions. Les insulteurs qu’on invite dans les médias, les politiciens mythomanes qui font la pluie et le beau temps dans les plateaux télé, les chroniqueurs sans qualification connue dont on fait la promotion, les charlatans qui rivalisent de prouesses mystiques ou médicinales dans les médias sont des intrants à la fausseté, à la roublardise, à l’indélicatesse.

 

Dans les écoles, tout cas de tricherie doit être mentionné dans le livret scolaire et marqué dans un Carnet de civisme et d’intégrité (CCI) géré de façon automatisée par la Police de la circonscription. Le système Planète (système de gestion automatique des évaluations et des emplois du temps des enseignants) géré par un serveur national pourrait comporter une rubrique contenant toutes ces données, de sorte à servir ultérieurement même dans les enquêtes de moralité. Ce système Planète pourrait également gérer la carrière des enseignants et (sous une forme améliorée) celle des agents de l’administration car on pourrait y mentionner le nombre de retards, d’absences et la qualité des enseignements (relativement à l’atteinte des objectifs du programme, car il y en a parmi les collègues qui oublient qu’ils ont en charge le destin d’enfants d’autrui). Ça ne fait pas sens qu’un enseignant qui a passé trente à fignoler ou à s’absenter ait la garantie de gravir les échelons et de plafonner par la seule vertu de l’ancienneté.

 

La science n’est pas l’éthique, elle ne peut pas déterminer les valeurs, ce n’est pas sa vocation, mais elle peut toujours être un support à l’éthique. Jadis on se contentait de punir ou de morigéner les auteurs d’actes délictueux. Nous pensons qu’on peut, aujourd’hui, aller plus loin en faisant la prévention de la corruption et de l’immoralité. La digitalisation est une des solutions que la science offre à l’homme. Percevoir un salaire en faisant moins d’effort que requis est la pire des corruptions ; et nous savons tous que c’est devenu une culture dans la fonction publique. Il faut une puce placée dans un appareil qu’on remettra à chaque agent et qui signale à un récepteur placé dans la salle de classe ou dans le bureau la présence dudit agent. Il faut, dans la même dynamique, digitaliser le système des amendes en matière d’infractions routières au lieu de laisser le policier faire ce qu’il veut.

 

Bref quand la science et la technique s’allient à la bonne volonté politique et citoyenne pour combattre la corruption, on peut y arriver. Ce n’est pas avec des déclarations d’intention et des actes isolés de manifestation ostensible de la droiture qu’on réussira à réconcilier le peuple avec la vertu. Toute moralité commence par la vérité et, c’est pourquoi il faut en faire le levier principal de tous les actes d’éducation. La culture elle-même n’est rien d’autre qu’un ensemble de leviers ou de mécanismes pour éduquer l’homme, c’est-à-dire le rendre meilleur.

 

Alassane K. KITANE


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