Le Commissaire Boubacar Sadio pilonne le Macky et avertit les Présidents africains

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Le Commissaire Boubacar Sadio pilonne le Macky et avertit les Présidents africains

                                         A SON EXCELLENCE, MACKY SALL.

 

« Il n’y a pas pire que de violer la constitution, trahir son serment, manquer à ses promesses, se délier de ses engagements et abjurer devant son peuple. »

 

Monsieur le Président de la République, permettez-moi de préciser que les propos liminaires ci-dessus ne vous sont pas singulièrement destinés, alors pas du tout ; ils sont adressés à tout Président de la République, tout chef d’Etat ou souverain qui, dans l’exercice de ses fonctions, viole  volontairement et allègrement la constitution de son pays, trahit consciemment et sans le moindre scrupule son serment, se délie délibérément et impudiquement de ses engagements solennels et abjure sciemment et sans aucune honte devant son peuple. Je me garderais de vous classer dans cette catégorie de chefs d’Etat capables des pires forfaitures. Cependant, il y a de nombreux Sénégalais qui affirment disposer de suffisamment d’éléments d’appréciation objectifs qui pourraient les autoriser à vous considérer au même titre que ces Présidents qui font fi de la morale et de l’éthique dans la gestion des affaires publiques. Sans confirmer ni infirmer leurs propos, je puis cependant, sur la base de constats personnels, dire de votre magistère, qu’il est caractérisé par beaucoup de reniements spectaculaires, plusieurs promesses non tenues, moult renoncements et des abjurations à foison.

Monsieur le Président de la République, j’ai toujours dénoncé et mis à l’index votre façon de diriger notre pays. Votre magistère ténébreux, calamiteux et scabreux est caractérisé par la perversion persistante des principes républicains les plus élémentaires, maculé de scandales de toutes sortes et marqué par la déliquescence morale de plus en plus accentuée de la plupart de nos élites, politiques, religieuses et coutumières. De tels propos qui n’étaient rien de moins que l’expression de mon opinion personnelle, m’avaient valu une grotesque convocation à la DIC. Vous nous avez vendu le slogan « La patrie avant le parti, une gestion sobre et vertueuse » ; aujourd’hui nous vivons l’antipode de toutes ces belles paroles qui, en réalité et en vérité, n’étaient que purs boniments d’une grande vacuité. Les membres de votre famille, de votre terroir, de votre clan ainsi que vos amis et les nombreux écornifleurs qui gesticulent autour de votre galaxie ont saisi leur proximité présidentielle pour développer des opportunités commerciales, financières et d’affaires juteuses et très lucratives. Ils se font attribuer des hectares de terres, se livrent au commerce de véhicules de très grand luxe dont certaines d’origine parfois douteuse et gagnent des marchés de plusieurs centaines de milliards par entente directe ; et tout ceci, pendant que le brave peuple est en train de s’éreinter pour survivre stoïquement dans une misère qu’aucun mot ne peut décrire et qu’aucune indignation ne peut exprimer. « La pauvreté est la pire des violences » Mahatma GANDHI.

 

Monsieur le Président de la République, si dans une vraie république on se vante de la séparation des pouvoirs, au Sénégal, il n’y a qu’un seul pouvoir, le pouvoir exécutif que vous incarnez et qui soumet tous les autres à son autorité et les maintient dans une vassalisation qui les réduit à de simples organes de faire-valoir, de simples institutions cosmétiques. L’Assemblée nationale est devenue, sous la présidence d’un papy intolérant, colérique et grincheux, une annexe de la présidence de la république. Les députés, du moins ceux de la majorité, sont de simples objets inanimés, des jouets entre les mains d’un exécutif qui ne leur donne pas plus de valeur que des mouchoirs jetables après services rendus, c’est-à-dire après avoir voté des lois dont ils n’ont jamais cherché à comprendre ni le contenu ni le sens encore moins l’utilité. Eux-mêmes, toute honte bue, se refusent le statut de députés, de représentants du peuple, pour revendiquer ostensiblement et, quelquefois bruyamment pour se faire entendre et voir par la cour, celui de séides dociles et serviles du Président Macky Sall.

 

Monsieur le Président de la République, quant au pouvoir judiciaire, il a quasiment perdu son indépendance et corollairement de sa superbe et de son aura avec de hauts magistrats qui, gâtés, choyés, pouponnés, dorlotés, et toujours aux petits soins du tout-puissant prince, en sont arrivés à avoir une autre lecture du droit que celui acquis sur les bancs de la très prestigieuse faculté des sciences juridiques de la non moins célèbre Université Cheikh Anta DIOP ; même leur conscience de juges aguerris et expérimentés qui, en principe, aurait dû leur servir de carapace, n’a pu résister aux assauts et à la puissance de la vénalité. Notre justice devenue bancale, adopte depuis quelques temps une démarche marquée par une forte claudication dont se plaignent à longueur d’année les populations qui, désormais voient en elle, le bras armé des gouvernants qui l’utilise abusivement pour assouvir leurs sombres desseins politiques. C’est sous votre règne qu’on a  vu des magistrats, d’habitude discrets, s’offrirent en spectacle en s’accusant mutuellement des pires forfaitures, notamment des faits de corruption, de concussion entre autres délits qu’ils sont chargés de réprimer quotidiennement. C’est encore sous votre magistère qu’on a vu des magistrats écrire à leurs collègues pour leur exiger de se conformer rigoureusement à la loi ; et, c’est sous votre magistère, que des magistrats en activité statutairement, se permettent d’adhérer à un parti ou de créer des mouvements de soutien dans la totale indifférence d’une chancellerie complice et dans la plus grande impunité. Aujourd’hui, le pire pour l’institution judiciaire, c’est d’avoir à sa tête le ministre de la justice le plus médiocre, le plus incompétent et le plus nul jamais connu dans l’histoire de notre pays. Son inefficacité est affligeante ; il ne sait pas faire montre de grandeur fonctionnelle ni de dignité républicaine dans son comportement et dans ses relations avec ses collaborateurs.

 

Monsieur le Président de la République, votre actuel magistère est pollué par la très désagréable impression, et cela est dénoncé pudiquement, mezza voce, dans beaucoup de cercles, d’une tendance à toujours nommer et promouvoir une catégorie de Sénégalais au détriment d’autres pas moins méritants. En clair, il se susurre que vous faites les nominations et accordez les promotions en fonction de l’appartenance à une ethnie, la vôtre évidemment ou à un terroir. Une telle orientation, si elle est avérée, doit être bannie immédiatement parce que source de frustrations et de divisions au sein de la communauté. Tout récemment, le député Aliou Dembourou Sow a fait une déclaration gravissime, d’une rare violence qui a suscité l’émoi dans tout le pays. Mêmes ses propres parents, imbus des valeurs de la république et soucieux de la préservation de l’entente multiséculaire entre les différentes ethnies du pays qui se manifeste par le cousinage à plaisanterie, se sont indignés de ses propos ethnicistes, racistes et bellicistes. Peut-être cherchait-il à vous faire plaisir et à vous donner un gage de son engagement politique ? Votre parti l’APR et votre coalition se sont fendues d’un communiqué pour condamner le député Aliou Sow ; encore que certains éminents membres de votre parti ont maladroitement essayé de lui trouver des excuses d’ordre linguistique et contextuel.

 

Monsieur le Président de la République, le peuple, seul détenteur de la légitimité du pouvoir et dont vous n’êtes que le simple délégataire et l’humble serviteur, serait vraiment rassuré, que si en votre qualité de Président de la république, gardien de la constitution, vous condamniez de vive voix, solennellement et publiquement votre ami Aliou Dembourou Sow. Il ne saurait être question de vous contenter, pour ne pas dire de vous refugier, derrière les communiqués de l’APR et de votre coalition qui n’ont pas qualité à parler ou agir au nom du peuple. Votre silence assourdissant et persistant pourrait, malheureusement, amener certains de vos compatriotes à penser, à tort ou à raison, que vous seriez en phase avec Aliou Dembourou Sow dont les propos vous conforteraient et vous donnerait l’assurance qu’il y a effectivement des gens prêts au pire pour que vous obteniez un troisième mandat. Il m’est difficile de croire à une telle hypothèse que, malheureusement par votre comportement, vous semblez vouloir laisser se prospérer. Vous devez user de votre autorité pour l’obliger à présenter ses excuses publiques au peuple, tous les Sénégalais vous écoutent et exigent ses excuses. IL faut que les éventuels porteurs de machettes et les potentiels criminels dirigés par Aliou Dembourou Sow, sachent, pour leur propre gouverne, que le jour où ils décideront de passer aux actes, ils trouveront des Sénégalais plus déterminés, plus patriotes qui s’opposeront au prix de leurs vies. Ce n’est point un appel à la violence, ce sera tout simplement, tout naturellement et tout légitimement une réponse à la violence dont personne n’a le monopole.

 

Monsieur le Président de la République, j’entends déjà les cris d’orfraie, les voix faussement indignées et hypocritement courroucées de vos partisans, notamment vos aboyeurs automatiques qui m’affubleront de tous les noms d’oiseaux et m’accuseront d’incitation à la guerre civile. IL ne s’agit pas de tout cela ; il s’agit de na pas être dans le politiquement correct, le socialement acceptable et le moralement décent, toutes choses relevant d’une forme d’hypocrisie et de lâcheté. Devant des personnes civilisées et dotées d’urbanité, on se montre obligeant et policé, mais devant des ordures, des bandits et des assassins en puissance on utilise le vocabulaire qui sied et on puise dans leur propre registre lexical. Et puis, il s’agit de mettre un terme à ce terrorisme verbal et ces menaces à peine voilées, avec pour objectif inavoué, d’insuffler une peur paralysante et anesthésiante dans l’esprit et le cœur des Sénégalais afin de les rendre constamment velléitaires et incapables de s’indigner ou d’envisager la moindre action de contestation. C’est fini tout ça. L’indigne député Aliou Dembourou Sow a insulté la République, offensé la Nation et violé la Constitution du Sénégal de manière délibérée, manifeste et flagrante ; et comme tout violeur, quelle que soit la nature du viol et quels que soient son statut et ses fonctions, il doit être voué, traîné aux gémonies et livré à la justice.

 

Monsieur le Président de la République, à propos de troisième mandat, il faut reconnaître et admettre que c’est un sujet qui commence à être un facteur notoire de déstabilisation dans les pays francophones qui constituent pour la plupart des départements français hors métropole. Heureusement que s’élèvent des voix et se manifestent davantage de comportements qui donnent espoir et font la fierté des Africains ; on pourrait citer, entre autres exemples, notre voisin Abdou Aziz de la Mauritanie, le Président Issouphou du Niger dont le discours est d’une hauteur et d’une valeur dignes des grands hommes à immortaliser.  Au Sénégal, nous en sommes à un débat qui n’a pas sa raison d’être, tellement les choses sont d’une clarté nette et d’une lecture très facile. C’est vous et vos partisans qui voulez entretenir un flou. Votre fameuse formule apocryphe du « ni oui ni non » avait pour objectif unique d’ouvrir une fenêtre d’opportunité pour instiller le doute dans les esprits et susciter un débat permanent qui, à n’en point douter, aura aussi l’avantage stratégique d’occulter votre échec. A mon avis, un avis que je dois certainement partager avec beaucoup d’autres compatriotes, votre formule, cette fuite en avant qui ne vous honore pas, n’a fait que révéler au grand jour un de vos traits de caractère que j’ai toujours souligné, la faiblesse. Votre ami Souleymane Jules DIOP n’avait-t-il pas dit que « Macky Sall est quelqu’un de faible, sans caractère, sans personnalité » ? Et, cela s’est confirmé tout récemment quand vous avez affirmé devant vos partisans que vous n’aimez pas les remaniements et les changements parce que cela vous fait perdre des amis. Les Sénégalais viennent de comprendre pourquoi, chaque fois que vous limogez quelqu’un, vous vous empressez de le recaser. Bon sang, monsieur le Président ce n’est pas comme ça qu’on gouverne un pays ; cela pourrait être interprété comme un signe de faiblesse notoire. En affirmant que votre gouvernement ne travaillera pas en cas de non-sollicitation d’un troisième mandat, vous avouez d’une part, que vos ministres ne travaillent pas pour l’intérêt national et que d’autre part, vous n’avez aucune prise ni autorité sur eux alors que c’est vous qui les avez nommés. N’est-ce-pas de la faiblesse ? Quand un ministre, pour quelque prétexte que ce soit, refuse d’accomplir sa mission, on le fout dehors tout simplement.

 

Monsieur le Président de la République, c’est vous-même qui avez dit aux Sénégalais que vous aviez fait voter la révision constitutionnelle, notamment l’article 27 de la constitution, pour définitivement mettre un terme à la sempiternelle question, au récurrent débat sur le troisième mandat. Il est clairement stipulé dans cet article que « NUL NE PEUT FAIRE PLUS DE DEUX MANDATS CONSECUTIFS ». Ce n’est même plus une affaire juridique, c’est une affaire de français facile à comprendre. NUL, est un pronom indéfini qui a le sens de personne ; donc, personne, vous y compris, ne peut prétendre à un troisième mandat. Un MANDAT, est un contrat unilatéral par lequel une personne, le mandat (le peuple sénégalais), donne à une autre, le mandataire (vous le Président Macky Sall)le pouvoir de la représenter pour accomplir des actes, notamment à caractère juridique ; c’est sur la base du mandat que le peuple sénégalais vous a donné qu’en votre qualité de Président de la  République, vous signez les décrets, les conventions, les prêts et tous autres actes. CONSECUTIFS ; c’est à dire qui se succèdent immédiatement dans le temps ou l’espace sans interruption. Il y a une petite nuance par rapport à successifs ou l’on peut envisager un intervalle si tenu soit-il. Ainsi, de 2012 à 2019, vous avez exercé votre premier mandat, suivi immédiatement du second mandat, sans aucune interruption pour n’avoir pas quitté le palais. Pour justifier l’absence de déclaration de patrimoine de votre part, vos partisans n’avaient-ils excipé de la continuité de votre séjour au palais ?

 

Monsieur le Président de la République, lors de votre campagne en vue de la présidentielle de 2019, vous aviez dit aux Sénégalais que vous en étiez à votre premier mandat et que vous les sollicitez pour qu’ils vous renouvellent leur confiance en vous réélisant pour ce qui sera votre second et dernier.  Vous leur aviez solennellement promis que jamais ils ne vous entendront évoquer un troisième mandat. A la page 165 de votre livre, ou plutôt de votre navet « Le Sénégal au cœur », vous avez clairement et très expressément affirmé que si vous êtes réélu vous en serez à votre second et dernier mandat. Second et deuxième sont des synonymes parfaits ; seulement la règle communément admise et partagée, mais pas consacrée, par l’Académie française est d’écrire second lorsqu’il n’y a que deux éléments et pas de troisième dans l’énumération. Comme il est aisé de le constater, l’emploi du terme second à lui tout seul suffit pour clore le débat et indiquer que vous ne pouvez pas prétendre à une troisième candidature. On peut considérer cela comme un premier verrouillage.

 

Mais qui plus est, vous avez ajouté que ce sera votre dernier mandat ; dernier signifie qui vient après les autres dans le temps ou selon le mérite ou le rang. Cela veut dire plus rien d’autre après le dernier. Ici aussi, l’emploi du terme dernier tout seul suffit pour clore le débat et indiquer que vous ne pouvez pas prétendre à un troisième mandat ; on peut considérer cela comme un deuxième verrouillage.

Monsieur le Président de la République, comme cela a été si facilement démontré, c’est vous-même qui, par vos écrits et à travers vos différents discours, engagements et autres promesses, et les supports sont là pour en attester, avez verrouillé à double tour la porte d’une troisième candidature. Un double verrouillage qui n’offre aucune échappatoire ; et toute tentative de passage en force sera considérée comme une tentative d’effraction relevant du grand banditisme politique. Il est bon de préciser qu’il n’a jamais été question de durée de mandat, mais de nombre de mandats.

 

Monsieur le Président de la République, je ne saurais terminer sans évoquer la situation douloureuse, triste et déshumanisante que sont en train de vivre nos parents Guinéens qui subissent la férule impitoyable d’un dictateur, d’un autocrate doublé d’un tyran, qui semble prendre plaisir à s’abreuver du sang de son peuple ; un peuple qui, malheureusement, ne bénéficie d’aucun soutien ferme et significatif de la communauté internationale, même pas celui des Chefs d’Etats voisins immédiats qui sont dans une conspiration du silence très révélatrice de leurs futurs intentions. Qu’on ne nous oppose pas la notion d’ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat ; il s’agit ici de droits humains universels. Toutes mes pensées pieuses aux morts, ma compassion aux blessés et toute ma solidarité au peuple traumatisé de Guinée. Que la lutte continue !

 

Monsieur le Président de la République, de grâce, par dignité, pour votre honneur personnel, pour la fierté de votre postérité qui mérite un legs immatériel élogieux, par respect pour votre vaillant peuple qui vous aura tout donné, pour la bonne réputation de notre pays que vous aimez tant, pour éviter que le sang d’un seul de vos compatriotes ne coule inutilement, et au nom de votre foi de croyant, n’ abjurez pas au sujet du troisième mandat.

« Celui qui viole son serment, le viole à son détriment. Celui qui demeure fidèle à son engagement, DIEU lui accordera une magnifique récompense » Sourate 48- Verset 10.

EXCELLENCE, mieux vaut s’attirer La Grace d’ALLAH, plutôt que d’affronter la furie d’un peuple irréductible. A bon entendeur salut !

 TERMINUS 2024.

Dakar le 24 Octobre 2020.                                 

Boubacar   SADIO

Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite.

 


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