Les faux amis vous disent de beaux mensonges. Les vrais amis vous disent l'horrible vérité.

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Les faux amis vous disent de beaux mensonges. Les vrais amis vous disent l'horrible vérité.

La vidéo qui circule sur le Net et dans laquelle Abdoul Karim Gueye (AKG) interpelle en des termes assez vigoureux, Ousmane Sonko est un modèle du genre qui, comme tel, force le respect dans des pays comme les nôtres où les gens aiment se caresser dans le sens du poil.

Et dans le champ politique, malheureusement, le langage de la vérité y est souvent absent. Les échanges de politesse l’emportent sur les mots de vérité. Cette façon de faire à la sénégalaise appelée communément « Masslaha » qu’on trouve aussi bien dans le pouvoir que dans l’opposition, expliquerait peut-être le faible niveau de développement du pays. On préfère se taire devant certaines dérives du chef de peur de perdre son estime ou certains privilèges.

Cette information jamais démentie portée à la connaissance du grand public par le député, Serigne Mansour Sy Djamyl est révélatrice de la mentalité ambiante : « Au sortir d’une réunion avec le Chef de l’Etat, je suis abordé par un de ses proches qui me dit en substance ceci : « Serigne bi li nga wakh téye mome ci kanamou Président … » i.e. ce que vous avez dit devant le président. Ce mot sorti de la bouche d’un des responsables les plus bruyants de ce parti est révélateur. Ici, on craint même de porter la plus petite critique.

Pour dire vrai, nos chefs n’aiment pas la critique, aidés en cela par des proches serviles qui ne protestent devant aucune débilité de celui qu’ils considèrent à tort comme le grand timonier qui a raison sur tout. Et quand vous avez la hardiesse de lui adresser la plus petite critique, c’en est fait pour vous. Vous risquez d’être un pestiféré dans le milieu. Et pire certains pousseront l’indignité jusqu’à aller s’aplatir devant celui qu’il considère comme le distributeur de privilèges pour charger allégrement le ou les camarades dont le seul tort, a été de faire une critique constructive. Ainsi va le Sénégal ! Ce qui fera dire à l’éminent professeur, Ibrahima Sow dans l’émission « Remue –ménage » du Dimanche 1erFévrier 2015, transcrit et publié dans un ouvrage par le journaliste, Alassane Samba Diop, que le sénégalais n’aime pas la critique. Suivons ce talentueux universitaire, auteur de plusieurs ouvrages de référence : « …Il n’y a plus de culte de l’excellence, on n’aime pas la critique, le sénégalais n’aime pas la critique, c'est-à-dire qu’il n’aime pas faire sa propre autocritique. » in La vie est un temps de parole…Hommage à Hamidou Dia, Mohamadou Mbodji et Ibrahima Sow), éditions feu de brousse, Aout 2021

Pour revenir au mot qui fait débat, je dois dire que j’ai beaucoup apprécié la posture de AKG en ce sens que dans beaucoup de compagnonnage, on préfère se mentir au propre comme au figuré tout juste pour maintenir une relation qui est loin de répondre aux normes de sincérité devant régir des rapports interpersonnels. Et tout le mérite de AKG a été de dire à Sonko ce qu’il pense être la vérité et dans un accent de sincérité digne de respect. J’ai entendu de-ci, de- là, des commentaires et analyses tirés par les cheveux. Certains ont voulu expliquer cette sortie par le fait qu’AKG en voudrait au mouvement « Y EN A MARRE ». Un peu de sérieux et de rigueur dans le décryptage de certains faits et gestes. L’homme AKG, à mon humble avis et jusqu’à preuve du contraire, est loin de ces considérations mesquines et cela, au regard de son parcours fait d’engagement sincère au service de la collectivité.

AKG est un homme de principe et de conviction qui a payé un lourd tribut à son engagement patriotique. Qu’il charge Kilifeu et Simon, ce n’est pas de la méchanceté. Au contraire ! Nous tous, nous souffrons pour ce qui arrive à ces deux, connus pour leur engagement autour d’un idéal qui les dépasse. Pour autant, faudrait-il les absoudre de tout péché au motif qu’ils sont des combattants engagés au service de la cause du peuple ? Non ! Nous devons tous veiller à ce que la justice soit égale pour tous. Ces dernières années, les sénégalais dans leur écrasante majorité, ont souffert terriblement de cette justice à deux vitesses qui a fonctionné sur la base de cette loi non écrite : « Mes partisans, je les protège quoiqu’il arrive ! Quant aux autres qui ne sont pas de mon bord politique, je les écrase ! » Cette loi non écrite et qui malheureusement dicte sa loi aux choix et décisions dans le milieu de la justice, a fait beaucoup de tort au pays.

Qu’un opposant qui suscite beaucoup d’espoir auprès de toutes les couches sociales du pays, se mette à défendre des hommes qui ont maille à partir avec la justice dans des affaires relevant du faux, cela peut déclencher chez un homme comme AKG, attaché à la vérité, une certaine amertume. Et en homme honnête ne cachant pas ses sentiments, il n’a pas pris de gant pour fustiger l’attitude de Sonko. Doit-on lui en vouloir pour cette sortie qui fait dans l’alerte citoyenne ? Non ! A ce que je sache, Sonko n’est pas un demiurge. C’est un homme respectable à tout point de vue, il est vrai, mais qui a ses faiblesses et ses qualités. Cela dit, ses partisans zélés et parfois intempestifs, prêts à exhiber la hache de guerre chaque fois que Sonko est pris à partie, doivent pouvoir intégrer cette donne comme quoi Sonko est faillible comme tous les autres. Il commet des erreurs d’appréciation, d’analyse parfois même de choix stratégiques. Personne n’y échappe, d’où l’importance fondamentale des critiques ! Mais une chose est certaine, il faudra toujours composer avec les esprits fragiles, imbus de leur personne et qui n’apprécient guère  les critiques .Hélas !!!

C’est vrai que la posture de Sonko détonne un peu dans le champ politique par son engagement, son courage, ses multiples alertes citoyennes. Attitudes qui lui valent la sympathie de millions de sénégalais. Pour autant, il reste un homme avec ses insuffisances. Et le meilleur service que ses « amis » de tous bords pourraient lui rendre, c’est de ne pas avoir toujours l’injure à la bouche mais d’apprendre de ces critiques et autres remarques faites à leur champion.

Beaucoup d’hommes publics ou d’hommes d’influence ont été perdus pour avoir eu la malchance d’avoir un entourage constitué de béni- oui- oui incapables par peur ou par lâcheté de lui souligner ses insuffisances. Cet esprit courtisan, malheureusement constitue un véritable casse-tête pour ce pays. Ecoutons ce qu’en dit un observateur avisé de la scène politique, El Hadji Ibrahima Sall (EIS) : « L’esprit courtisan de notre époque ne met plus en face des hommes et femmes libres. Les rapports dont nous sommes en présence n’engagent pas des hommes égaux, combattant pour leur honneur, mais plutôt des inconditionnels prêts à piétiner la loi, la constitution, la justice pour faire plaisir » in DEMAIN LA REPUBLIQUE, les éditions AURA. Tout le mal du Sénégal se trouve là !

Qu’il y ait des hommes et femmes pour dire tout haut ce qu’ils pensent, est tout bénef pour la société dans son ensemble. Au fait, toute société qui veut aller de l’avant, a besoin d’hommes de courage pour faire bouger les lignes. Dans son ouvrage, « REINVENTER LA REPUBLIQUE », Vincent Duclert, cite longuement Jean Jaurès qui, s’adressant à la jeunesse en 1903 disait ceci : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi triomphant du mensonge qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques »in REINVENTER LA REPUBLIQUE... Une constitution morale, Arman Colin Editeur, 21 rue du Montparnasse- 75006 Paris, Septembre 2013. Cet appel de Jaurès qui défie le temps étant donné sa justesse et sa profondeur semble être bien assimilé par l’homme AKG qui n’hésite pas, chaque fois que de besoin, de dire tout haut le fond de sa pensée. On peut s’en offusquer, trouver certains mots inconvenants voire abrupts, mais le charme de ce discours réside dans sa pureté originelle. Le discours est dépourvu de tout calcul, de toute hypocrisie, de tout désir de plaire. Et c’est cela qui est important !

Au fait, cet hommage bien mérité à AKG est aussi celui de tous ces jeunes activistes sénégalais qui se battent pour un Sénégal nouveau, assis et à jamais sur des valeurs de justice et de transparence.

Vous avez tous du mérite ! Mais attention aux querelles byzantines par presse interposée. N’oubliez jamais que vous avez le même combat. Les divergences d’approche, d’idées, c’est tout à fait normal ! Mais évitez autant que faire se peut de vous épancher dans une certaine qui ne cherche qu’à vendre. De fait, elle pourrait attiser le feu. Vigilance !

Tout compte fait, ce pays a besoin plus que tout, d’hommes de courage et de conviction pour dire aux puissants du moment ce qu’ils ne souhaitent nullement entendre. C’est cela qui va sauver la république ! Suivons à ce propos cette belle réflexion estampillée EIS, et qui mérite qu’on s’y attarde : « Nous avons, en somme, besoin de mettre fin à la démission intellectuelle et morale de nos élites, en nous engageant résolument sur la voie de la refondation politique …en mobilisant les intelligences et les talents pour penser la politique autrement et l’amener à répondre à sa vraie vocation : rendre la vie personnelle, sociale et publique meilleure. » op.cit.

Pour finir, qu’ajouter sinon puiser dans mes souvenirs pour exhorter les uns et les autres à méditer sur ces paroles pleines de discernement d’un sage chinois : « L’ami est celui qui n’hésite pas à applaudir des deux mains quand il juge la posture adoptée, bonne ; à contrario il n’hésite pas à « sanctionner » quand il se rend compte que la posture prise peut mener à l’abîme » .

Quiconque fonctionne avec vous sur ce registre de vérité –et sur la longue durée-vous pouvez le considérer comme …un ami jusqu’à preuve du contraire.

                                                             Fait le 28/09/2021  

Madi Waké TOURE, Conseiller en Travail social

[email protected]


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