Les signes de la décadence : la honte et le déshonneur marchent sur nos instituions

Blogs

Les signes de la décadence : la honte et le déshonneur marchent sur nos instituions

 

Fatou Diome a dit « Si les aînés savaient d’avance ce que leurs cadets font parfois de leurs sacrifices, ils seraient moins combatifs ». Cette réflexion pourrait bien s'appliquer à l'histoire politique de notre pays. On a de plus en plus l'impression que plus on avance davantage on fonce vers le fond, vers l'abime. Ceux qui ont vécu sous les présidences de Senghor et de Diouf sont forcément nostalgiques de deux choses que notre République a perdues : le culte de l'Etat et l'idolâtrie de l'excellence.

 

Il s'agit là de deux vertus républicaines qui protègent l'Etat contre la médiocrité, l'extravagance, le manque de sérieux, l'informel, la voyoucratie, le népotisme, la culture de l'insurrection, l'usurpation du pouvoir et d'une manière générale contre la gangrène de l'Etat. Osons le dire, ces profils qui se profilent à l'horizon du perchoir ne sont absolument pas des références. On ne fait pas un Etat avec des comédiens, encore moins avec des criminels. Les sacrifices consentis pour construire un Etat comme le Sénégal sont énormes : permettre à n'importe qui d'accéder à n'importe quelle institution est une insulte à la république, un contre-exemple pour la jeunesse. Le critère de promotion dans les institutions doit d'abord être le mérite, il doit précéder même la légitimité. Si on ne fait rien on risque d'avoir dans quelques années un président de la République danseur de sabar.

 

Le mérite ne fait certes pas la démocratie, mais il est le nœud de la République. La question est dès lors comment ajuster les exigences de la démocratie (légitimité, programme économique et social) et celle de la République (excellence, probité) ? C'est la question que notre pays doit résoudre s'il ne veut pas connaitre la décadence. Le mérite peut être intellectuel ou professionnel : un homme qui n'a jamais prouvé ses compétences dans un domaine quelconque et qui n'a que sa langue pendue ou sa force insurrectionnelle à proposer à la démocratie ne devrait jamais accéder à certains postes. La deuxième personnalité de l'Etat doit avoir un minimum d'exemplarité.

 

Un leadership de comédie ou d'insurrection n'apporte rien à la démocratie sénégalaise. La complexité des affaires du monde exige que nous soyons plus exigeants dans la sélection des hommes qui aspirent à nous gouverner. Malheureusement nous Sénégalais sommes un peu adeptes de caxaneries et du burlesque : n'importe quoi peut être accepté, normalisé et sacralisé dans ce pays.

 

Dans son discours au Sénat, James William Fulbright a dit quelque chose qui doit particulièrement attirer l’attention de tout démocrate : « Une démocratie peut se rétablir rapidement d'un désastre matériel ou économique, mais quand ses convictions morales faiblissent, il devient facile pour les démagogues et les charlatans de prêcher. Alors tyrannie et oppression passent à l'ordre du jour. ». Ceux qui veulent voir ou veulent entendre sont aujourd’hui parfaitement conscients des de l’arrogance du mal dans notre société. Il s’est enveloppé de fausses vertus et a l’outrecuidance de reprocher au bien et aux probes leur faiblesse.

 


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *