Macky Sall : un accident de l’histoire à l’épreuve de la démocratie.

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Macky Sall : un accident de l’histoire à l’épreuve de la démocratie.

Si le grand penseur, Platon, préférait l’aristocratie, le gouvernement des meilleurs, à la démocratie, il n’avait peut-être pas tort sur toute la ligne. La démocratie est certes la forme de gouvernement qui semble être la plus désirée de par le monde mais, malgré tout, elle traîne des tares. Elle apparaît comme étant le meilleur moyen pour permettre au plus médiocre des médiocres d’accéder au pouvoir. Et, malheureusement, il semble que nous sénégalais sommes les pires victimes de ces points noirs de cette forme de gouvernement.

La démocratie sénégalaise était jadis présentée comme une vitrine en Afrique. Cependant, au regard de ce qui se passe depuis l’arrivée du plus jeune président, il ne manque pas de pertinence de revoir si ce qualificatif tient jusqu’à présent. Depuis 2012, qu’on soit du côté du pouvoir ou non, que l’on soit d’accord ou pas, tout esprit objectif peut se rendre compte que cette vitrine démocratique ne cesse de s’effriter de jour en jour au point que la question qui s’impose est celle de savoir : que reste-t-il de notre chère démocratie ? La réponse à une telle question exige la production d’ouvrages que certainement des esprits plus vifs que le mien ne manqueront de s’y pencher.

Une chose est certaine, vivre en démocratie exige des sacrifices colossaux de la part de chaque citoyen. Le premier sur la liste à consentir ces sacrifices reste le président de la République. C’est une épreuve qu’il est appelé à endurer au quotidien. Pour cela, il lui faut un esprit vif, bien éclairé et un cœur bien dilaté pour pouvoir supporter toutes ces exigences. Il en est ainsi car, la démocratie est le lieu de la libre discussion, du débat contradictoire et du choc des arguments contraires.

Et, monsieur son excellence, depuis votre arrivée au pouvoir, votre conduite envers vos adversaires politiques que vous considérez comme des ennemis montre à suffisance que vous n’avez pas été suffisamment préparé à ce jeu. Monsieur le président vous n’avez pas intégré l’esprit de contradiction qui apparaît pourtant comme la sève nourricière de la démocratie. Certes, la gestion de vos devanciers n’est parfaite, comme l’œuvre de tout humain d’ailleurs, mais la vôtre, sur tous les plans, laisse à désirer : une justice qui fonctionne à géométrie variable, des dealers de faux billets libérés, des trafiquants de faux médecins graciés. Tous les partisans du président sont blancs comme neige par contre les opposants affichés sont plus noirs que le charbon. Ces derniers, les plus redoutables sont traqués, incarcérés ou exilés. En plus de cela, on peut noter un pouvoir exécutif qui a une mainmise sur le législatif et le judiciaire, des médias corrompus qui ne roulent qu’en faveur du prince, les ressources bradées, vandalisées, des lois élaborées pour viser simplement et uniquement un citoyen. Quelles ignominies !

Monsieur le président, notre démocratie est gravement malade, elle agonise. Elle souffre d’un « cancer » qui a atteint la phase terminale le jour où vous avez déclaré cette sentence dont se glorifient beaucoup de vos partisans qui pensent comme vous : « je vais réduire l’opposition à sa plus simple expression ». Une telle déclaration apparaît comme la plus grande insulte que notre démocratie, notre république n’a jamais reçue. De tels propos devraient sortir de toutes les bouches excepté la vôtre. C’est par méconnaissance que le peuple taxe Assane Diouf d’insulteur de la République. Il n’a peut-être pas compris que le plus grand « insulteur et violeur » de ce pays, ce n’est pas Assane Diouf mais plutôt ceux qui violent la république et la Constitution.

Toutefois, pouvait-il en être autrement ? Est-ce une surprise que monsieur son excellence se comporte de la sorte ? Il est évident que non. Car, monsieur le président, vous êtes un arriviste au pouvoir, un simple accident de notre histoire. Voilà pourquoi, pour maquiller votre incompétence et vos carences, vous ne pouvez faire autrement que de recourir à la dictature. Monsieur son excellence retenez bien ceci : la démocratie est un combat de gentlemen qui se fait dans l’élégance avec comme arme fondamentale la force de l’argument.

                              C. ND. FAYE, professeur de philosophie au lycée de Wack Ngouna

 

 


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