Mansour Mbaye et Mbaye Pèekh dans la présidentielle

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Mansour Mbaye et Mbaye Pèekh dans la présidentielle

          De la pétition de principe et à la prophétie auto-réalisatrice !

 

 

Il faut dire d'abord que la communication traditionnelle, celle entretenue par l'historien dans l'univers de l'oralité, a subi une mutation radicale. Jadis au service du roi ou de la communauté, le communicateur traditionnel jouant un rôle de régulateur social savait à la fois flatter l'orgueil du guerrier et consoler les vaincus et réconcilier les parties en conflit.

 

Le communicateur traditionnel a survécu aux mutations de la modernité, mais il s'est beaucoup métamorphosé. Même s'il a conservé sa qualité de régulateur social, sa pratique de la démocratie d'opinion l'a transformé en acteur de premier plan. Il leur est de plus en plus difficile de jouer le rôle de médiateur à cause de leur position partisane manifeste. Dans la société traditionnelle et dans le royaume, l'inexistence du pluralisme politique facilitait leur tâche.

 

Mansour Mbaye est et restera un personnage emblématique pour sa courtoise et sa démarche profondément diplomatique. Sa fidélité au PS prouve à quel point ce personnage est un modèle pour tous les communicateurs traditionnels. Mais cet attachement au PS ancré dans la mouvance présidentielle lui permet-il vraiment de rester le régulateur social qu’il a été et ce, même au temps du puissant PS ? Cette question est d’autant plus pertinente que tout le monde sait que la hauteur des présidents Senghor et Diouf leur interdisait d’instrumentaliser à outrance l’image d’un homme comme El Hadji Mansour. Est-ce la cas pour ce régime ?

 

Le soutien qu’un tel personnage peut apporter à Macky Sall n’a rien d’anormal, mais le problème, c’est quand un historien traditionnel comme lui déclare que son candidat est le meilleur président ou que la première dame est la meilleure depuis l’indépendance du Sénégal, ça choque forcément. Car on ne sait plus sur quel terrain il énonce un tel point de vue. Le dit-il en tant que communicateur traditionnel et gardien d’une mémoire collective ou en tant que militant du Parti socialiste allié de Macky Sall ?

 

A force d'écouter les partisans de Macky Sall pérorer comme des perroquets que leur leader est le meilleur président de l'histoire du Sénégal, j'ai deux problèmes.

1. Le premier est : comment peut-on écrire une histoire qui n'est pas encore terminée ?

 

Le Wolof ne dit-il pas « doundou gou djékha goul louné khèdj na ci » ? A supposer même que les prédécesseurs de Macky Sall fûrent de grands dormeurs au Palais, quel est le critère qui permet de mesurer l'action des différents protagonistes dans cette compétition de « meilleur président » ? La démocratie ? L'Etat de droit ? L'économie (dette, PIB, pauvreté, revenus par habitant, bref, l'économie réelle) ? L'enseignement ? L'agriculture ? Folklore ?  Infrastructures ? Quel est l'étalon de mesure qui puisse objectivement juger, par le même référentiel, les Présidents Senghor (néocolonialiste, mais construction de l'Etat et bâtisseur de l'unité nationale) Diouf (l'ajustement structurel et de la dévaluation du franc cfa) Wade (diversification des échanges économiques, infrastructures modernes, institutionnalisation de la marche dans la constitution, pluralisme médiatique, crise du pétrole et de la dette) Macky Sall (taux de croissance due en partie à la reprise mondiale et à la baisse du pétrole, endettement exponentiel, infrastructures de prestige, emprisonnement des opposants, interdiction des marches, recul manifeste de la démocratie, contrôle indirecte de la presse).

 

2. Le deuxième problème est : est-ce que Macky Sall n'a pas un vrai problème de Premier ? Ce serait intéressant de s’intéresser davantage à son cursus scolaire et universitaire pour voir s'il a été une fois premier de sa classe ? Cette manie a toujours vouloir vider le stade pour se proclamer champion du monde de « rien du tout » est sans doute révélatrice d'un problème psychologique très complexe qu'il nous faudra explorer ou analyser pour mieux comprendre ce que cache ce discours pompeux, flagorneur et dithyrambique.

 

Alassane K. KITANE

 


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