MISE SCÈNE MORBIDE ET POLITISATION DE LA PSYCHOSE

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MISE SCÈNE MORBIDE ET POLITISATION DE LA PSYCHOSE

 

« Il est certain que les plus grands prodiges de vertu ont été produits par l’amour de la patrie : ce sentiment doux et vif qui joint la force de l’amour-propre à toute la beauté de la vertu, lui donne une énergie qui sans la défigurer, en fait la plus héroïque de toutes les passions. ». J.J. Rousseau

 

Le propre des grands hommes, c’est de créer de grands évènements, de faire bouger leur peuple, de leur inoculer l’instinct de combativité. Celui des petits politiciens est, en revanche, de squatter n’importe quel évènement pour créer une grandeur factice. Ils sont obligés d’être des charognards de l’histoire, puisque leur âme trop ténébreuse et trop frivole n’a aucune place pour la vraie grandeur. Les grands hommes politiques ne font que rarement de la politique. Ils font de la vraie politique en ne faisant justement pas de la politique, ils posent de grands actes politiques en accomplissant des gestes naturels (comme Mandela déjeunant avec son ancien geôlier). Les apprentis et autres pirates du train de l’histoire  par contre font tout le temps de la politique, de la petite politique (hyperprésident comme Sarko) : toutes les occasions sont bonnes pour snober le peuple.

 

Prions tous que cette maladie soit vaincue par nos prières ou par les éléments naturels, car le dénuement et la léthargie de nos structures sanitaires ne garantissent aucune réaction efficace face à une épidémie. La santé est le parent pauvre de la politique de nos gouvernants : nous devons avoir honte de ne pas pouvoir offrir à nos citoyens un plateau technique digne de notre peuple. Le grand chantier pour un Président normal dans un pays comme le nôtre, c’est de construire des hôpitaux, des instituts de recherche et des écoles. Toute cette fanfaronnade sur les bourses de sécurité familiale, sur la couverture maladie universelle et les infrastructures de prestige révélera sa vanité le jour où ce pays sera confronté à des épidémies graves. Il faut arrêter le spectacle et revenir à la réalité ; il faut arrêter la communication ; il faut revenir à la gestion des priorités du pays. Ces grands chantiers sont en général des incubateurs de corruption : ils servent à enrichir une clientèle politique et à constituer un trésor de guerre pour la prochaine échéance électorale.

 

Nous plaignons trop souvent les Sénégalais sur leurs comportements inciviques et antipatriotiques, mais rarement nous avons le courage de faire le diagnostic sans complaisance d’une maladie dont ces comportements ne sont que des symptômes. Il y a une coupure ontologique entre la nation et l’État ; entre les citoyens et la république ; entre les particuliers et la patrie. Nous demandons  beaucoup de sacrifices aux Sénégalais pour très peu de bénéfices en leur faveur. Nos paysans, nos mamans, nos enseignants, nos soldats, nos ouvriers, s’appauvrissent toujours davantage parce qu’une minorité se partage les biens de la nation. Car en vérité, le pouvoir dans ce pays n’est rien d’autre qu’une source de rentes : Gagni daniuy sèèdoo. Comment dans un contexte pareil insuffler au peuple une dynamique unitaire pour faire face au péril ?

 

Nous ne saurions pour autant dédouaner nos compatriotes en affirmant comme Rousseau qu’il « est certain que les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être », la responsabilité est d’bord individuelle. Mais nous poserons la question qu’il se posait en 1755 déjà, à savoir comment les citoyens pourraient aimer leur patrie « si la patrie n’est rien de plus pour eux que pour des étrangers, et qu’elle ne leur accorde que ce qu’elle ne peut refuser à personne ? Ce serait bien pis s’ils n’y jouissaient pas même de la sûreté civile, et que leurs biens, leur vie ou leur liberté, fussent à la discrétion des hommes puissants, sans qu’il leur fût possible ou permis d’oser réclamer les lois ». On aura beau appeler au civisme, au Sèt-Sétal, etc., mais tant que le peuple ne se reconnaîtra dans les politiques publiques ce ne sera que grandiloquence et mégalomanie.

 

Un chroniqueur d’une chaine de télévision locale a demandé aux Sénégalais de faire confiance à Macky qui, affirme-t-il, a toujours su, avec une efficacité remarquable, faire face aux menaces extérieures ! Quelle prétention ! Le monsieur en veut pour preuve le fait que le péril terroriste et celui Ebola aient jusqu’ici été endigués par le Sénégal. C’est à la limite irrespectueux envers l’État que de débiter une telle énormité. Car en ce qui concerne la sécurité et le renseignement on serait bien curieux de savoir la plus-value que Macky Sall a apportée au Sénégal. Encore qu’on doive se demander comment le Sénégal réussit-il une si grande prouesse là où les puissances militaires et stratégiques sont constamment déroutées par les terroristes ? Ce n’est pas parce que les terroristes ont frappé le Mali, la Côte-d’Ivoire et le Burkina qu’ils ont un intérêt immédiat à frapper le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée. S’agissant de cette pandémie mondiale, c’est insulter l’intelligence des Sénégalais que de prétendre que notre pays est stratégiquement plus préparé que la Chine ou que l’Italie pour faire face à cette épidémie.

 

Alassane K. KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal


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Dembayoro - #1

Encore Une Vérité Alassane. Il Faut Parfois Faire Des Propositions La Seule Critique Tue La Critique. Vous Avez De Brillante Idée Il Faut Les Exhumer Du Profonds De Ta Pensée Lumineuse. Souleye

le Dimanche 12 Avril, 2020 à 21:04:53RépondreAlerter

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