Velléités de 3e mandat : J’adhère à la proposition d’Abdourahmane Sow

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 Velléités de 3e mandat : J’adhère à la proposition d’Abdourahmane Sow

 

Les Grecs l’appelaient Graphè paranomôn : cette pratique de la démocratie athénienne consistait à attaquer au tribunal un projet de décret ou une loi pour violation de la Constitution ou des mœurs politiques fondamentales. Avant même que l’Assemblée n’ait à se prononcer par un vote, un citoyen pouvait prendre l’initiative d’attaquer un tel projet, car son essence était de protéger la démocratie. L’auteur de ladite loi pouvait par conséquent être puni par une amende s’il était établi que son projet de loi violait sciemment la constitution. Avec une constitution aussi claire que celle du Sénégal, écrite dans un langage plus limpide que l’eau de roche, s’il y a encore des individus qui trouvent le moyen de nous tympaniser avec cette histoire de troisième candidature de Macky sall, la République doit prendre ses dispositions et la démocratie trouver un moyen de se défendre. La liberté d’expression ne peut pas tout justifier, il faut respecter la démocratie et la République : on ne peut pas saper les fondements de la démocratie et justifier une telle attaque sous le prétexte des principes démocratiques, c’est un non-sens.

 

C’est quand même inadmissible que des individus, mus par des intérêts bassement égoïstes, se permettent de polluer le débat démocratique avec une telle arrogance. Nous devons trouver un moyen de freiner ces comploteurs contre la démocratie, ce sont des ennemis de la démocratie qu’il faut extirper du système pour le rendre plus fort. La poussière qui fait gripper la machine n’est pas un élément de celle-ci, elle n’y a pas sa place : la machine ne pourra retrouver son plein régime qu’en acceptant de faire cette cure. C’est la même chose pour l’organisme : quand certaines de ses parties sont gangrénées, la seule chance pour sa survie est la mutilation des parties gangrénées. Si les prisons et les tribunaux ont été créés, c’est justement pour cette raison : les âmes malades  pouvant contaminer les âmes saines, il faut sévir pour protéger la société. Une société où la peine serait absente serait non une anarchie, mais « a-société ». Ces attaques contre la démocratie doivent cesser : c’est à nous de trouver un moyen de prévenir la mort prématurée de notre démocratie ou sa dégénérescence.

 

Si j’étais député je proposerais une forme de Graphè paranomôm pour envoyer en prison tous ces gens qui se montrent si irrespectueux de notre Constitution au point d’en faire un torchon sur lequel s’essuyer leurs mains salies de manœuvres trop politiciennes. Venir aujourd’hui et prétendre que la candidature de Macky en 2024 ne peut être attaquée que sous l’angle de la légitimité, mais jamais sous celui de la légalité, c’est profiter d’une distinction méthodologique pour poser des principes qui n’en sont pas en réalité. Le droit n’a pas d’autres sources que la morale : pourquoi les Grecs se sont tournés vers les philosophes lorsqu’il s’est agi de rédiger les premières Constitutions des Cités qui ont succédé à l’empire ? Le droit n’est finalement rien d’autre que la morale acquérant plus d’objectivité. Plus d’objectivité d’abord parce que fruit de consensus plus larges pour ne pas dire universels ; et objectivité ensuite dans le sens où la loi positive (instituée par l’Etat et non plus par le simple bon sens ) est, comme le dit le philosophe Hegel, dotée de puissance coercitive.

 

Si j’étais député je proposerais que certaines déclarations de personnalités politiques, de même que des initiatives de lois scélérates soient sanctionnées d’une  peine allant d’une amende de 500 millions à cinq ans de prison (la durée d’un mandat) pour créer la sérénité dans ce pays. Parlant de la nécessité de la guerre et de la peur de la mort comme ayant une vertu formatrice, Hegel va jusqu’à suggérer à l’Etat de provoquer parfois la guerre pour ressouder les liens patriotiques. En s’inspirant de cette théorie extrême, on peut proposer des lois qui sanctionnent sévèrement certaines initiatives illégales pour au moins épouvanter les faussaires et prémunir le pays de l’anarchie ou d’une glissade vers l’oligarchie. La Graphè paranomôn obéit à la logique d’une citoyenneté active et préventive de détournement de volonté populaire : des députés sont élus pour représenter le peuple, mais ils peuvent être assujettis à l’exécutif. Voilà le principe qui justifie la Graphè paranomôn

 

Sénégal « caaxâne », « topp sa bakkan », « niakk jôm » ak « wax ludul dëgg » moka nara tass diggi beccek.

 

Alassane K. KITANE


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