Non monsieur le président, c'est la démocratie qui est abrogée et ça n'a pas commencé avec l'abrogation du décret convoquant le corps électoral.

Blogs

Non monsieur le président, c'est la démocratie qui est abrogée et ça n'a pas commencé avec l'abrogation du décret convoquant le corps électoral.

C'est quoi ce pays où des candidats achètent le fichier électoral pour constituer leur parrainage ? C'est quoi ce pays où ceux qui sont censés présider à notre destinée sont paradoxalement incapables de voir les problèmes institutionnels qui se trament sous leurs yeux ? C'est quoi ce pays où malgré le fait qu'on vote depuis le XIXe siècle, chaque élection démontre qu'il y a des insuffisances notoires ?

 

C'est quoi ce pays qui n'est pas en guerre et où les institutions fonctionnent et où l'on ose reporter de facto les élections présidentielles ? Comment expliquer que Madame Wardini soit passée (seule) entre les mailles du filet ? Quel rapport y a-t-il entre les affaires de double nationalité et le piège qui s’est refermé sur Me Moussa Diop qui a été le premier à soulever cette affaire de double nationalité ? Comment expliquer ces milliers de sénégalais mystérieusement enlevés du fichier électoral ? Comment organiser des élections d’ici à six mois en plein hivernage ?

 

C’est quoi ce pays où des candidats ayant ouvertement déclaré leur soutien à un autre, s’apprêtaient à remplir leur temps d’antenne, ce qui donne du coup audit candidat deux temps d’antenne ? Ces événements et le décret d’abrogation du président jettent une lumière sur le cancer qui ronge le personnel politique : une démocratie sans démocrates. C’est quoi cette incohérence ?  Ceux qui, parce qu'ils sont recalés au parrainage, réclamaient le « report » ou le repêchage sont désormais (du moins beaucoup d'entre eux) dans le camp du rejet du report. Les journalistes et politiciens qui insultaient les juges du Conseil constitutionnel et la justice sont subitement devenus leurs défenseurs.

 

La vérité empirique est qu’on a laissé ce régime commettre des excès et, au lieu de nous y opposer, nous avons choisi de nous en accommoder par calculs politiques. Chaque fois que Macky Sall a frappé, avec son immense coude d’instrumentalisation de la justice, un adversaire, les autres épargnés par la fortune ont cru pouvoir tirer profit du malheur qui venait ainsi de frapper l’autre. On ne mène pas des combats de principe, on exploite les principes pour assouvir des desseins égoïstes. Depuis 2012 on a vu une culture de média-mensonge nous faire accepter l'inacceptable. Trop de mensonges et de tricherie avec les principes.

 

Que faire maintenant ? C’est la question que j’aurais posée au conseiller juridique de Macky Sall ? Est-ce à dire que quand la vacance du pouvoir sera constatée, au-delà du 02 avril, le président de l'Assemblée nationale sera investi et se chargera d’organiser les prochaines élections ? Qui va constater la vacance du pouvoir ?

 

Alassane K. KITANE


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *