On se croirait au Far-West: le jeu n'en vaut pas la chandelle.

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On se croirait au Far-West: le jeu n'en vaut pas la chandelle.

 

Les scènes de violence que j'ai vues et qui sont imputées aux militants adverses de Ziguinchor se réclamant des deux factions les plus en vue sur le landerneau politique local sont d'une rare atrocité. Je n'en croyais pas à mes yeux. Mon pathos a frémi et mon logos en a pâti.

 

Nous ne sommes pas à Jupiter, encore moins à Mars, mais sur terre, et en Afrique. Mais le plus grave est que nous sommes bien au Sénégal, pays, jadis, surnommé "pays de la Teranga", terre d'hospitalité. Que s'est-il passé aussi rapidement pour qu'on puisse passer de "terre de paix et d'hospitalité " à "terre de violence et de barbarie « ? Pourquoi en un temps record, nous avons pu en arriver là ? Qui sont les acteurs qui ont dû jouer ce rôle de pyromanes invétérés ? Qui sont ces gladiateurs tapis dans l'ombre ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?

 

Non, on aurait dû l'en épargner. Ziguinchor, en dépit de son riche potentiel économique grâce aux ressources énormes dont elle regorge, de sa cohésion sociale solidement appuyée sur un legs ancestral séculairement conservé, de son climat Clément et de son tourisme balnéaire attractif et compétitif, reste tout de même une poudrière qu'il ne faudrait sous aucun prétexte réveiller.

 

Les actes de sauvagerie et de banditisme auxquels nous avons assisté hier en terre casamançaise n'honorent pas la mémoire d'Aline Sitoé Diatta, ni celle d'Emile Badiane encore moins celle d'Abbé Diamacoune Senghor. Ils ont été commandités par des personnes dont la grandeur, la personnalité et la représentativité n'ont d'égales que leurs accointances avec un régime biscornu. Les fils légitimes de la Casamance, de quelques bords où ils se situent, devraient énergiquement refuser d'être instrumentalisés par des goujats arrivistes et séparatistes pour commettre des actes aux stigmates indélébiles balafrant honteusement la société casamançaise.

 

Nous qui nous battons aujourd'hui comme des lions qui convoitent une lionne, afin de faire plaisir à un particulier ou par un sentiment de devoir à accomplir parce que nous avons encaissé ses prébendes ou sinécures, hier, nous étions tous derrière notre équipe régionale "Casa-Sport" formant une foule bigarrée pour la pousser vers la victoire finale. Ainsi, grâce à notre solidarité agissante, grâce à notre attachement aux valeurs communes et sociétales transcendant les personnes de Doudou Ka et de Ousmane Sonko, nous avons galvanisé notre patrimoine commun et trôné au-dessus de toutes les autres équipes en lice. Toutes ces équipes malheureuses et derrière lesquelles il y avait beaucoup de supporters attristés par notre notre sacre nous regardent aujourd'hui avec un sentiment de bonheur pour les plus revanchards et un sentiment de pitié, de tristesse et de compassion pour les plus sages et les plus avertis. Cela dit, ce qui nous lie est plus fort que ce qui pourrait nous diviser. Je suis sénégalais en général, je ne me battrai plus jamais pour un homme politique, je suis Casaçais en particulier, je ne me livrerai plus jamais à des spectacles belliqueux pour Ousmane Sonko encore moins pour Doudou Ka. Ce que j'en gagnerai serait insignifiant par rapport à ce que j'en perdrai : le jeu n'en vaut pas la chandelle.

 

Mamadou Ciré Sy, professeur de philosophie au LCALD.


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