POURQUOI ESPÉRER EN ÉDUCATION??

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POURQUOI ESPÉRER EN ÉDUCATION??

Faut-il espérer ou désespérer en éducation? Telles sont vos questions. L’analyse que je vous ai soumise précédemment vous amène à me retourner cette question, tellement la pente que nous avons à gravir reste énorme.

 

Tout d’abord, sachez qu’un peuple, quelle que soit l’ampleur de ses défis, ne doit jamais désespérer. Si on avait montré à Macky Sall, malgré ses matraques, ses chars d’assaut et sa répression sanglante qu’on n’avait aucun espoir de le vaincre : on n’en serait pas là aujourd’hui. Le PASTEF est venu au pouvoir pour changer les choses. Et contre vents et marées, le Sénégal va changer.

 

Tous les gouvernements précédents ont été dans le clientélisme politique. On nommait naguère des gens qui n’avaient pas le profil de l’emploi à des postes stratégiques. Et c’est particulièrement Me Abdoulaye Wade qui était passé maitre dans ce jeu. Avec lui, même un palefrenier pouvait s'attendre à être ministre. À la tête du ministère de l’Éducation, il nous avait imposé à un moment donné un homme qui était plus un affairiste qu’autre chose : un soi-disant économiste qui n’était intéressé que par son statut de ministre. Les autres, n’en parlons même pas.

 

En 2024, le premier acte posé par Diomaye et Sonko a été de mettre en place un gouvernement dont la constitution ressemblait à un concours de compétences. Tellement le casting était exquis dans l’ensemble. Personnellement, en ce qui me concerne, je ne connais pas toutes les individualités qui composent le nouveau gouvernement, mais j’en ai pratiqué quelques-uns tout de même. Et sur cette base, je puis vous assurer que ceux que je connais personnellement dans le Gouvernement formé par Ousmane Sonko sont véritablement à leur place. Seuls les méchants et les jaloux diront le contraire. J’ai eu la chance de pratiquer directement des amis comme Balla Moussa Fofana, Mabouba Diagne et Abdourahame Diouf. Mais restons dans le domaine de l’éducation objet de notre propos.

 

Malgré les défis énormes qui attendent nos ministres, il faut avoir une belle espérance : la moisson risque d’être belle. D’abord, parce que Dieu est avec le Peuple (la nomination de Diomaye relève du divin), ensuite le Peuple est derrière Ousmane et Diomaye, et enfin dans le milieu éducatif les ressources humaines capables d’accompagner le Gouvernement et de virer la machine éducative dans la bonne direction existent bel et bien dans ce pays.

 

Dans l’ensemble, nous devons donc faire confiance à ceux qui ont été choisis par Ousmane Sonko. Pour quelle raison faudrait-il compter avec Abdourahmane Diouf? Personnellement, je suis en mesure d’apporter des témoignages directs sur l’homme pour l’avoir côtoyé, un peu, de près à un moment donné. En effet, nous sommes de la même promotion de l’UGB, Sanar 1. Nous avions des amis communs, on se côtoyait de loin et parfois par personnes interposées. Toutefois, un jour, l’UGB avait organisé une sortie en terre gambienne pour les étudiants de l’époque que nous étions. Et c’est à cette occasion que nous avions appris à mieux nous connaitre, à nous accepter en amitié et à nous fréquenter. Notre première nuit en Gambie, j’avais dormi à côté d’Abdourahmane dit Ass Diouf. Les matelas au sol, nous étions alors plus d’une quinzaine d’étudiants dans une grande pièce qui nous servait de résidence le temps de notre séjour. Durant cette première nuit, sous nos yeux, on avait assisté à des comportements de certains d’entre nous qui ne correspondaient ni à ses valeurs ni aux miennes. Le lendemain, Ass me dit : « mon cher Bamba, on bouge de là ! » Nous avons alors changé de place, et nous sommes partis tous les deux dormir dans une autre pièce où nous avions passé nos nuits à discuter de tout et de rien des heures durant. De là, j’ai découvert un homme d’un commerce agréable et d’une finesse d’esprit saisissante. Un homme courtois, doté de très belles valeurs humaines. Ses qualités ont contribué à beaucoup nous rapprocher. Ce n’est que plus tard, après quatre ans passés ensemble à l’UGB, que je l’ai perdu de vue: nos études respectives vers l’étranger nous ayant poussés vers des horizons différents, le Canada et la Suisse.

 

Abdourahmane Diouf était déjà à l’époque un intellectuel accompli. Talentueux, et vif d’esprit. Depuis lors, il a fait du chemin, se bonifiant davantage : il a fait de hautes études, il a fait le tour du monde et il a exercé des responsabilités administratives de haut niveau. Tel que je le connais, il n’aura pas besoin de beaucoup de temps au ministère de l’Enseignement supérieur pour bien le piloter et imprimer sa marque. Même si on lui confiait le ministère de la Culture qui est bien loin de son domaine, je pense sans réserve qu’il pourrait y réussir. Son parcours universitaire et professionnel le prédispose significativement à pouvoir diriger sans ambages le ministère de l’Enseignement supérieur. Venu de loin, il a les coudées franches pour briser les travers des sous-cultures organisationnelles qui pourraient empêcher la machine de tourner en rond quand on est un nouveau venu.

 

À propos de monsieur Guirassy, nous ne le connaissons pas personnellement pour pouvoir parler de l’homme. Voici une personne dont j’ignore tout de lui. Qui est-il ? Quelles ont été ses fonctions de jadis dans le pays? J’ignore tout de lui. Plus opaque encore pour moi, je ne connais même pas quelqu’un qui le connait. Il nous serait donc difficile de parler de la personne avec certitude. Toutefois, il existe deux raisons fondamentales qui nous poussent à être optimiste avec à son sujet, à propos de la mission qui lui a été confiée. D’abord, nous n’avons jamais entendu quelque chose de mauvais le concernant dans un pays où les gens sont des champions dans le colportage de rumeurs loufoques et de ragots de toutes sortes. Au Sénégal, mentir sur les gens est le métier le plus répandu. Alors, c’est donc étonnant que nous n’ayons jamais rien entendu de négatif le concernant. Dans ce pays, les langues se délient vite. L’autre aspect important qui représente un atout pour ce monsieur vient du fait qu’il dirige, dit-on, depuis presque une trentaine d’années une des plus grandes institutions d’enseignement privé du pays. Cette charge, à elle seule, suffirait à constituer un CV. En effet, quand on passe autant de temps dans un domaine, on finit par y être expert même sans formation ou diplôme. Donc ce parcours pourrait à la fois suffire et justifier à le plébisciter à la tête du ministère qu’il dirige.

 

Au demeurant, nous avons tendance à oublier monsieur Mary Teuw Niane qui est lui aussi concerné indirectement par le secteur de l’éducation en sa qualité de directeur de Cabinet et conseillé spécial du Président de la République. L’homme même si nous le trouvons comptable en bonne partie du bilan de Macky Sall a une expertise avérée en éducation qu’on ne présente plus.

 

Tout ce beau monde réuni ensemble a de quoi faire bouger l’éducation au Sénégal. La question fondamentale qui reste à être posée demeure la suivante : « auront-ils le courage que requiert leur mission? ». La question subsidiaire étant : « les laisseront-ils faire ? ». Nous n’avons aucun doute que certaines personnes, en ce moment, fourbissent des armes dans l’ombre et piaffent d’impatience de pouvoir ouvrir le feu des critiques sur le nouveau gouvernement... Ceux qui ont perdu le pouvoir nourrissent secrètement dans leur for intérieur l’idée de ne rien faciliter à leur tombeur dans la gouverne de ce pays. D’autant plus que ce sont des gens qui n’ont jamais eu à cœur le Sénégal. Fort heureusement, que notre jeune frère Dame Mbodji est du côté du peuple; il constitue un antidote pour cette légion de pestiférés qui ne manqueront pas de chercher à saboter notre éducation. Dame Mbodji a les oreilles longues et il a son réseau dans le monde enseignant. Tout complot que les ennemis de la République ourdiront, sous le couvert d’une lutte syndicale, il l’éventrera. Voilà ce qui nous rassure un peu de ce côté-là, quand bien même que les attaques et les tentatives de déstabilisations ne manqueraient pas...

 

En définitive, chez lecteurs assidus de mes textes qui me suivent avec passion et fidélité, je vous prie de rester optimiste en ce qui concerne notre éducation malgré les difficultés que j’ai mises en exergue dans mon texte intitulé : osons l’éducation. Mon propos n’était qu’un préliminaire. D’autres textes du spécialiste en éducation que je suis, et qui cumule au moins trente ans d’expérience dans le domaine, entre le Québec et le Sénégal, suivront. Ils seront pointus et contribueront sans nul doute à aider ceux qui vont diriger notre système éducatif. 

 

Piloter un système éducatif n’est jamais chose aisée. Il ne suffit pas d’avoir simplement de bonnes idées pour conduire la grosse machine éducative. Il va falloir avoir du tact, le sens de l’écoute, et une vision claire de ce qu’on aspire à mettre en place. Évidemment, nous parlons ici de qualités humaines indispensables à nos dirigeants pour réussir leur mission, au-delà même de la mise en place d’une politique sectorielle de valeur constitutive d’un tableau de bord clair et cohérent. Les enseignants du Sénégal sont prêts à travailler, ils ont été de tous les combats pour l’avancement du Sénégal; ils ne nous manquent dans ce pays que de bons capitaines qui montrent le chemin. Ce pays n’a pas de problèmes de ressources humaines de qualités, ce sont des leaders qualifiés et honnêtes et intègres qui nous font défaut.

 

MAMADOOU BAMBA TALL

Ancien étudiant de l’Université Gaston Berger, Sanar 1.

Ancien boursier de la Fondation Ford pour un PH.D en éducation

(Université Laval), département Fondement de l’éducation

Consultant international en éducation,

Conseiller au ministère de l’Éducation du Québec (MEQ)

[email protected]   WhatsApp Tel 514-604-2253


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