Quand les actionnaires de la violence procèdent au partage des dividendes

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Quand les actionnaires de la violence procèdent au partage des dividendes

                   DIALOGUE POLITIQUE ET DECRISPATION 

 

Dans sa Critique de la raison dialectique, Sartre affirme que « La violence se donne toujours pour une contre-violence, c’est-à-dire pour une riposte à la violence de l’Autre. » (De la « praxis » individuelle au pratico-inerte). On prétend toujours rendre la violence parce qu’on en a pâti ; jamais on n’admet en être le promoteur, l’origine. Les forces de l’ordre (justifient sémantiquement l’usage de la force par leur nom même) : prétendent que sans l’usage de la force, l’ordre (la loi et l’harmonie qu’elle garantit rendant possible l’expression de la liberté) est inexistant. Le gouvernement trouvera toujours un argument pour justifier la force : nécessité de protéger les institutions et la paix civile contre la violence des insurgés. Les manifestants violents argueront à leur tour qu’ils ripostent ; qu’ils agissent au nom de la résistance (ces gens prétendent résister contre l’arbitraire alors qu’ils n’ont pas encore réussi résister à leurs désirs) ; que la liberté ne se donne pas, qu’elle s’arrache, et autres formules qui enjolivent plus qu’elles ne décrivent des faits.

 

L’autre est donc toujours le diable, celui par qui la violence a commencé : la question de la proportionnalité de la violence est dès lors évacuée d’office. Quelles que soient sa férocité et son ampleur, la violence est légitime dès lors qu’on l’utilise contre l’autre. Chacun étant juge de l’étendue ou de l’ampleur de la violence qu’il est droit d’utiliser contre l’autre, toutes cruautés sont permises : aussi loin qu’on remonte dans l’histoire, les guerres ont commencé de cette façon. « Ils ont tué un des nôtres, nous avons tué deux des leurs » ; « ils ont volé notre troupeau, on les a tués » ; « ils ont insulté notre guide, on les a battus à mort ». Or la loi du talion n’admet pas de compensation pour les condamnés par erreur, car on n’a jamais deux vies, ni même deux fois la même main, le même œil ou la même dent.

 

La scène politique sénégalaise est congénitalement formée à partir de la violence, et pourtant on dit que ce sont des personnes instruites, des leaders ! Le paradoxe est que ce sont les hommes politiques qui, non seulement emploient le plus souvent la violence, mais l’utilisent outrageusement avec les conséquences les plus désastreuses. Ils ont compris depuis longtemps que la rançon de la violence politique, aussi paradoxal que cela puisse paraître, est la promotion et l’impunité. Plus on est fou furieux, davantage on passe pour être « xeex kat », « guerrier », etc. Tout commence par la rivalité en termes d’injures et de discours incendiaires dont raffolent les media dépourvus de créativité, ces media qui n’ont que la politique comme programme amplifient tout et deviennent ouvertement les suppôts des diables politiques. Faire tuer les enfants d’autrui est un moyen de mesurer sa force politique, c’est tout !

 

La spirale de mensonge et de violence enclenchée depuis 2021 dans ce pays n’a rien à voir avec l’intérêt des Sénégalais, et pourtant elle n’est que la reproduction exagérée de la politique de l’insurrection devenue culturelle avec la génération d’insulteurs publics qui a fait son irruption sur la scène politique dans les années 2010. La violence, qu’elle soit verbale, morale ou physique a, entre eux avantages, celui d’égaliser les consciences et les positions politiques. Quand la violence devient l’argument politique par excellence, point besoin d’avoir une science ou une quelconque qualification pour prétendre jouer les premiers rôles. Quand on réussit à se faire élire maire sur la seule base de l’insolence, on tuera pour devenir président de la république. Un autre avantage de la violence, c’est qu’elle suscite une psychose telle que les pires combines politiques qui seront entreprises au nom de la paix passeront, certes comme une pilule amère, mais acceptées par les citoyens.

 

Quand un politicien a envie de se tirer d’affaire, c’est-à-dire de se sortir d’une situation inconfortable, il n’hésite jamais à alimenter le feu de l’insurrection pour se fortifier (au sens architectural du terme). Le discours violent et stéréotypé permet également de dresser (et non d’éduquer) ses partisans pour combler le vide des idées généreuses que les citoyens attendent des hommes politiques. Quand le logos fait défaut, c’est le pathos qui est mis en selle avec ses vociférations et autres extravagances. S’il est vrai, comme le pense Jacques Attali, que « la création est le seul substitut raisonnable à la violence », ceux qui n’ont aucun génie créateur maintiendront la violence sur la scène politique comme leur ultime raison de vivre. Macky Sall va bientôt amnistier des crimes et des criminels ; demain le peuple crédule chantera leur héroïsme factice, et nos problèmes demeureront irrésolus. L’amnistie n’est nullement un outil de cohésion sociale, elle n’est que la rançon du rite sacrificiel de nos enfants par nos politiques. Tant qu’on n’est pas adhérent à cette lugubre initiation, on n’est pas encore un grand homme politique dans ce pays.

 

La programmation de la mort de la pensée dans les partis politiques est perceptible dans l’endoctrinement de leur membre par des crédos simples, vides de sens et grandiloquents : au nom d'une doctrine généralement factice, on annihile toute possibilité de dissonance. Cette violence ou coercition qu’on exerce sur les consciences est le plus grand tort fait à la paix civile. Lorsqu’on transforme des innocents en combustible incandescent pour alimenter la locomotive qu’est la carrière politique d’un homme, on a acquiert le droit de s’asseoir à la table du partage du butin. Plus on investit dans la violence, plus on est politiquement majoritaire, et davantage on méritera des prébendes. Les hommes politiques sénégalais sont les principaux actionnaires de la violence dans ce pays, c’est eux qui en tirent les dividendes et se le partagent à travers des histoires loufoques d’amnistie, de grâce, etc.

 

Alassane K. KITANE

 

 

 


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