Quelle éducation pour la jeunesse dans le contexte sénégalais des années 2020 ?

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Quelle éducation pour la jeunesse dans le contexte sénégalais des années 2020 ?

 

CONFERENCE ‘FAJ AAJO ‘’TP SOM HANN MARISTE DU 30 JUILLET 2022


Par Mamadou Mbodj


                                              INTRODUCION

Répondant à l’invitation de l’association FAJ AAJO, DONNER CONFIANCE A LA JEUNESE’’ pour introduire une conférence sur l’éducation, je me suis permis de reformuler le thème afin de prendre davantage  en compte les préoccupations ainsi formulées : «  la conférence a pour objectifs de sensibiliser  parents et enfants sur l’éducation comme moteur d’une vie sociale à la hanteur des espérances des populations Le conférencier abordera la question selon ses convictions et indiquera des mesures pratiques  pour l’action des acteurs dans le quotidien ».

Peut-être qu’il ne me sera pas possible d’indiquer des mesures pratiques de manière satisfaisante, , mais je vais, sur la base d’une définition de l’éducation montrer son importance déterminante dans la vie de l’espèce humaine, avant de mettre en relief les limites de la stratégie éducative qu’est l’école imposée au Sénégal au détriment d’autres modalités de formation des enfants et des adultes Nous insisterons enfin sur les obstacles à une éducation de qualité dans le contexte actuel d’une société mondialisée en ayant toujours à l’esprit que  «  L’éducation est l’arme la plus puissante que nous puissions utiliser pour changer le monde » selon le mot de NELSON MANDELA

I L’éducation : un besoin- un devoir et un droit pour tout homme

A la question de savoir qu’est-ce que l’éducation,  il est loisible de rappeler  que le mot à une double  origine latine pouvant signifier à la fois nourrir (educare)  et  élever, tirer hors de, conduire (educere). Nourrir l’enfant de connaissances, morales, intellectuelles et culturelles et le conduire à développer au maximum   ses potentialités, telle serait la vocation fondamentale de l’éducation.

En toute société et à n’importe quel moment de son évolution historique, l’homme a bénéficié d’une éducation en raison du fait  précisément que la condition humaine se donne à voir sous deux faces  dont l’une est la pré maturation et l’autre la sociabilité

En effet, « Naître,  c’est entrer dans cette condition humaine (…) c’est  être soumis  à l’obligation d’apprendre. Apprendre pour se construire dans un triple processus d’hominisation (devenir homme), de singularisation (devenir un exemplaire unique d’homme), de socialisation (devenir membre d’une communauté dont on partage les valeurs et où l’on occupe une place).» (Charlot, 1997, p.60)

Si la condition première de l’individu humain est de se trouver dans la nécessité d’apprendre,   on pourrait dire  que la nature a fait de l’éducation, un besoin aussi important que manger et  boire, dormir et respirer. Mais c’est aussi,  et  en conséquence, une obligation à laquelle aucun enfant ne saurait se soustraire, sous peine d’être inéligible au rang supérieur d’animal raisonnable. (on ne nait pas humain on le devient cf les enfants sauvages)

 Considérant que l’éducation est ‘’une condition indispensable, sinon suffisante, au développement de l’individu et de la société’’, les Institutions internationales affirment et rappellent  à juste titre que « l’éducation est  un droit fondamental pour tous, femmes et hommes, à tout âge et dans le monde entier. »[1]. 

Eduquer les enfants, c’est donc leur transmettre les valeurs et croyances, les rituels, les savoirs, les techniques, en un mot la culture, c'est-à-dire les productions spirituelles et matérielles indispensables à la pérennisation du groupe social. Pour A M MBOW  «  l’éducation doit transmettre l’héritage culturel… . sa vocation est  en tout premier lieu d’assurer à chaque société sa continuité par la transmission des acquis culturels »

En raison de son importance déterminante l’éducation est devenue un enjeu majeur avec  l’avènement de la globalisation économique et financière. En effet, depuis que les théories économiques ont démontré que les matières premières et la force de travail avaient cessé d’être la clé de la production de la valeur, le capital humain est considéré comme l’un des facteurs explicatifs à la fois de la production des richesses et de l’écart de croissance entre les différents pays du globe.
Les travaux menés par de nombreux économistes aussi bien dans l’approche microéconomique que dans celle macroéconomique ont établi une relation positive entre l’éducation et la productivité, la croissance et le développement économique, alimentant le discours dominant et constituant le fondement du consensus qui consacre l’éducation comme l’investissement principal des sociétés à la recherche de compétitivité.

 

II L’école, une stratégie éducative parmi d’autres

Analysant l’importance de l’éducation dans l’Afrique actuelle, PAUL FOKAM insiste particulièrement sur le fait que le savoir qu’elle permet d’acquérir est la  source de 60% des richesses matérielles et intellectuelles produites dans le monde devançant ainsi, dans ce domaine, le travail et la violence. Ce qui le conduit à préconiser une décolonisation de l’école dans ce, continent où il y a urgence de promouvoir une éducation d’excellence en vue de sa renaissance.

Convenons d’abord que les mécanismes  de transmission des savoirs, savoir-faire et savoir - être  sont  d’une infinie variété dans une même société et d’une société à une autre et l’école relève d’une stratégie spécifique d’éducation (de moins de deux cents ans)  d’origine européenne imposée au Sénégal et en Afrique.

Retenons ensuite que ce n’est pas en terrain vierge que l’école étrangère s’est installée, tant il est vrai que traditionnellement les populations locales ont disposé de cadres et de procédures d’éducation leur ayant permis, des siècles durant, de satisfaire la soif de prise en charge inhérente à toute progéniture humaine. Il y a eu en Afrique une civilisation prospère et pionnière (Egypte)  mais aussi des sociétés stables, secrétant de grands hommes qui ont inventé et développé  les sciences et les techniques  et qui ont créé de grands Etats et de grandes œuvres,  ( Pharaon THOUTMOSIS 1er, KANKA MOUSSA, SOUNDIATA KEITA ASKIA MOHAMED…)

Avant l’implantation de l’école coloniale et longtemps après, l’éducation des enfants était considérée comme une affaire de la société tout entière’’, revêtant un ‘’caractère global et collectif’’, se donnant partout, par tous et tout le temps , ‘’étroitement liée au milieu et directement axée aux besoins de la société’. Transmise oralement, pour l’essentiel, cette éducation empruntait aussi la forme et la démarche des rites initiatiques, à travers un discours ésotérique.. A la maison comme dans la rue ; ce sont les mêmes figures de la famille et du clan qui participaient à prodiguer et à réitérer les mêmes leçons de bonne conduite pour un vivre- ensemble harmonieux ( avec les autres et la nature) dans lequel le primat est accordé à la communauté sur l’individu. Atour du bol pendant les repas, autour des vieux conteurs la nuit, à l’occasion des manifestations collectives ou des travaux champêtres,  pendant le jeu entre jeunes ou adultes, des savoirs, savoirs -faire et savoirs vivre étaient dispensés sous la formes de proverbes, de contes, de devinettes , de maximes,  …… :’ lo  moomul ba la sant,’’ ‘’gor ca waxja’’, ‘’doole men degg xaye deggay muje’’ ‘’ nit dey nitté’’, nit nitay garabam’’ boolo  moy doole’’ wattt gall ak yeggo’.

 Il y a dans cette éducation des valeurs et préceptes encore en résurgence qu’il faut préserver et retrouver la partie la plus positive  de notre africanité. Ce qui revient à dire qu’on ferait l’impasse (ou alors o reconsidérera)  sur les pratiques avilissantes comme les bastonnades régulières et violentes, les injures, les maximes invitant à la paresse ou à  l’individualisme ‘’njerin lo fekke’’,’’sama bop pama la genel du demala la ban’’…..

Notre africanité, faut-il le préciser a  aussi subi  l’influence arabo -musulmane à partir du 11éme siècle qui a induit la présence de centres d’apprentissage du Coran et des sciences islamiques comme l’Université
de Pire(1603) et le Daara de Kokki (vers 1770) ains que la formation de grands chefs religieux (Cernoo suleyman BAL, El Oumar Tall, Maba Diakhou BA, Sheikh Sidial Mukhtar Al Kuntar, El hadj Malick SY, Cheikh ABamba Mbacke) dont le prosélytisme va conduire à la propagation de l’Islam, à l’éclosion de plusieurs confréries et à la multiplication d’écoles coraniques (daara) dans les villes et les campagnes.

Au Sénégal et dans de nombreux pays d’Afrique de l’ouest l’école s’est donc implantée et développée en rupture avec un ordre et  à la faveur de l’autorité coloniale qui l’a placée dans une position dominante par  rapport aux autres stratégies  d’éducation quant à elles dévalorisées. Pourtant, les enseignements religieux qui établissent la transcendance d’un Dieu omnipotent et miséricordieux dont il faut respecter les prescriptions et craindre le jugement dernier sont encore d’une grande utilité. En son absence, le risque est grand de voir la liberté humaine , les désirs et les pulsions animales   prendre une extension permissive sans limite et non moins mortifère pour notre humanité

 En tout état de cause, il ne faut pas perdre de vue que la scolarisation   qui s’est imposée, à travers le monde (ordre scolaire mondial), comme une stratégie éducative privilégiée  a été instituée au Sénégal suivant des objectifs précis et exclusivement en fonction des intérêts des colonisateurs :

       « La colonisation utilisait l’école comme moyen de recrutement, de sélection et de formation d’une élite alliée qu'elle voulait porteuse de la pensée et de la culture du pays colonisateur. De ce
point de vue, la colonisation française est venue semer les fleurs de la civilisation française en Afrique. L’école en était le moyen principal. Il fallait étudier la langue française. Lire et écrire, c’était lire et écrire le français. Compter et calculer, c’était compter et calculer selon les besoins de la puissance coloniale. Les compétences à développer chez les élèves répondaient à des situations liées à la traite des produits agricoles (surfaces, quantité de récolte), aux transactions
commerciales (prix d'achat, prix de revient, prix de vente, bénéfices) et aux entreprises coloniales(capital, intérêts). Le programme de mathématiques était donc conçu en fonction des besoins
des maisons commerciales coloniales, notamment bordelaises et marseillaises. Plus tard, il fallait former et recruter des fonctionnaires auxiliaires dans l’administration coloniale. Les contenus étaient toujours en adéquation avec les finalités. »Ndoye, 2003, p.19.

Pour  le camerounais PAUL FOKAM comme pour les Assises de l’éducation (Sénégal 2014) il faut maintenant ou jamais refonder cette école  qui a été créée ‘’pour transformer le cerveau des africains en tonneau vide et non en trésor de richesses’’.

Cependant si une éducation d’excellence pour la renaissance de l’Afrique  est à la fois une urgence et une nécessité, il faut admettre que  des obstacles nombreux existent qui vont  rendre cette tâche difficile  et qu’il faut  identifier pour ne pas rater cette noble mission

 

 III Pièges et difficultés d’une éducation d’excellence dans le contexte actuel

   Les constats suivants sont à faire

1 Un monde nouveau (internet et loi du 1%) est né.  Nous sommes désormais immergés dans un monde complexe, dans un village planétaire   ou les autoroutes de la communication ont propulsé l’avènement  d’un citoyen connecté  à des millions de personnes avec un pouvoir inédit d’interaction source d’une vertigineuse  appartenance à une communauté virtuelle

Mais ce citoyen 2.0  est d’abord et avant tout celui de la mondialisation dont la visée essentielle est l’émergence d’un marché mondial, unique, intégré et autorégulateur, celui des méga profits et du  fétichisme de l’argent  sous-tendus par la prééminence de la pensée unique, de la manipulation et de la crétinisation des foules.

 II L’homme des années 2000 est surinformé mais in communicant. Dans cette société de consommation et de communication de masse circule une quantité incommensurable de messages et d’informations qui ont fait de l’homme contemporain à la fois un être surinformé mais – oh ! paradoxe-  in communicant ou, en tout cas, peu communicant. En effet, la lecture des journaux, le fonctionnement continu du téléviseur et depuis quelques années le partage interminable de messages dans les réseaux sociaux ont raréfié les échanges dans la famille, appauvri les communications interpersonnelles, isolé les individus et installé le silence dans les foyers Dans cette société du silence dit Alassane Kitane,’’ les familles sont devenues anormalement taciturnes, glaciales…. Nos appareils captent l’essentiel de notre attention et de notre temps’’

Dit autrement, des objets techniques nouveaux deviennent les supports et mécanismes privilégies pour transmettre ce qu’il faut savoir, ce qui vaut la peine d’été imité(bien) autant que ce qu’il convient de penser et de faire ; l’école et la famille sont progressivement supplantées, reléguées au second plan en termes de temps et d’impact dans l’éducation des enfants et des adultes. Jusque dans les rues les autres et même les véhicules sont à peine remarqués (écouteurs, casquettes).  Les parents, pris au piège des mutations supersoniques, ne savent plus s’y prendre pour conduire des enfants subitement propulsés au carrefour de chemins nombreux, tortueux et mal éclairés En déréliction et poreux aux messages adressés à leurs émotions et diffusés de près ou de très loin, les enfants portent la vulnérabilité en bandoulière et s’invitent innocents et joyeux au banquet de la funeste propagande des experts et mercenaires du numérique.

 

  III  le citoyen contemporain est victime de crétinisation et de manipulation

 

En effet, depuis le milieu du 20 éme siècle  au moins, une  politique de ‘’crétinisation’’ des hommes  a été initiée qui  a préjudicié la qualité de l’éducation, mutilé la faculté de réflexion et  restreint les canaux  d’acquisition du savoir

Les oligarchies dominantes en occident (avec l’appui de leurs relais à travers le monde), dépositaires du pouvoir politique ou riches propriétaires d’entreprises industrielles ou de négoce, ont mobilisé des moyens financiers et technologiques colossaux pour imposer leurs vues. Considérant que la prévalence de leurs intérêts et la permanence de leurs profits devaient passer avant tout, ils se sont approprié l’essentiel des médias, tenté de monopoliser la parole dans l’espace public qu’ils ont inondé de messages en adéquation avec leur domination. Ils ont mobilisé les universitaires, acheté experts et journalistes pour valider leurs versions souvent tronquées et mensongères de la réalité.

Pour la ploutocratie boulimique et kleptocrate, la démocratie est le mode de gouvernance le plus favorable pour faire plier les volontés des masses aux desseins des élites dirigeantes, sans violence, avec leur consentement. C’est ainsi qu’est née une industrie des relations publiques fondée sur l’idée que l’opinion publique devait être ‘’scientifiquement’’ fabriquée à partir d’en haut, de manière à assurer le contrôle de la dangereuse populace’’.

Pour les théoriciens du libéralisme triomphant du début du vingtième siècle, le peuple est une ‘’bête hagarde’, ‘un intrus ignorant’’ qui veut se mêler de tout, mais qu’il faut dompter, tenir à l’écart des affaires publiques, reléguer au rang, de spectateur.

Pour parvenir à manipuler l’opinion à des fins politiques ou publicitaires des outils et méthodes efficaces ont été créés, destinés exclusivement à fabriquer le consentement du peuple. Ils parviendront, méticuleusement et sournoisement, à créer le besoin, à susciter le désir et l’engouement (pour leurs produits industrielles),l’adhésion (à leurs idées), mais aussi le dégout ou la haine(de leurs adversaires) ; à distraire, brouiller et détourner l’attention ( faits et informations qui leur sont défavorables), à orienter vers le divertissement (musique, sport, cinéma théâtre…) , vers la jouissance libre, pleine et entière, vers la satisfaction des plaisirs du corps, donc à la consommation massive (alcool, drogue, sexe, vêtements, voitures…). Bref, la promotion de l’homme unidimensionnel vise à mutiler chez le citoyen la capacité de réflexion critique afin de le réduire en  un simple producteur consentant librement à consommer des prêts  à porter et des prets à penser

 A titre illustratif, il faut rappeler que par  des moyens sophistiqués, insidieux et  souvent cyniques (mensonges, fabrication ou  présentation partisane  des faits…..) :

 A1 Le célèbre propagandiste Edward Bernays (1891-1995) est parvenu à faire fumer les femmes américaines sur commandes des industries de cigarettes :

   «    Au début des année 20, donc, la cigarette est passée de « tabac pour             mauviettes » à « symbole de l’Amérique fraternelle et virile » dénigrée au profit du cigare ou de la chique jugés plus « virils

-         les cigaretiers veulent que les femmes fument. Ils confient donc la mission à Bernays. Ce dernier analyse la situation, soumet ses observations à un psychiatre de New York qui confirme ses soupçons : la cigarette constitue pour les femmes un symbole phallique qui représente le pouvoir de l’homme. Pour faire fumer les femmes il faut d’abord leur faire conquérir de manière symbolique des positions occupées par la gent masculine. Bernays vient de trouver ses leaders d’opinion et il orchestre un des grands coups de marketing de l’histoire en détournant une marche catholique (la procession de Pâques) pour en faire un événement politique au profit des suffragettes. Une dizaine de jeunes premières, invitées par lui et soigneusement instruites du plan de bataille, se présentent au-devant de la procession, exhibent leurs cigarettes, et s’allument devant les photographes des journaux. Bernays lance le slogan aux journalistes présents : « elles allument des flambeaux pour la liberté ».

A2

-         Le FLUOR... c’est bon pour les dents..... Le mythe des bienfaits du fluorure pour la dentition est né aux États-Unis en 1939. Pourquoi ? La Compagnie d’aluminium ALCOA, qui faisait l’objet de poursuites pour déversement toxique de... fluorure, commanda, sur les conseils de qui vous savez, à des scientifiques dépéchés par qui vous savez, une étude faisant l’éloge de ce déchet industriel dérivé de la production de l’aluminium, des fabriques de munitions (et plus tard des centrales nucléaires). L’étude allait jusqu’à proposer qu’on ajoute la substance à l’eau des villes. En 1947, ALCOA, réussit à placer un de ses propres avocats à la tête de l’Agence fédérale de sécurité, ce qui lui donnait ainsi le contrôle des Services de santé publique. Sous la gouverne de celui-ci, 87 villes américaines établirent un programme de fluoridation de l’eau, c’est-à-dire que les fonds publics servaient (et servent encore) à ACHETER un déchet toxique dont l’élimination était très coûteuse et à l’inclure dans l’eau potable consommée par la population. Combien de municipalité encore aujourd’hui pratiquent encore cette méthode de fluoration de l’eau, y compris en France ? Je n’ose faire des recherches tellement je crains les résultats.

( Guerre d GOLFE, assassinats de présidents (KHADAFI) parfois démocratiquement ALLENDE) élus sur la base de mensonges et de manipulation des masses pour des intérêts mesquins inavoués)

 

 

Enfin,  Les manipulateurs installent le chaos dans le champ social, parasitent et perturbent l’éducation des citoyens      

L’introduction d’internet dans l'écosystème numérique mondial à la fin du siècle précédent et la prolifération subséquente des réseaux sociaux ont bouleversé le système de communication et, incidemment, le système d’éducation des citoyens.

Alors que les médias publics et privés, radios, télé, et journaux étaient quasiment tous sous la coupe réglée de la ploutocratie qui s’autorisaient sans limite la manipulation des opinions, la création de FACEBOOK, TWITER, WHATSAPP et autres va impulser une dynamique nouvelle à la communication et surtout à la propagande.

Grace aux réseaux sociaux les citoyens du monde entier peuvent s’interpeller et se répondre instantanément, partager des informations et des images, s’influencer mutuellement avec peu de moyens. Si de nombreux médias traditionnels sont   discrédités ou délaissés à leur profit, il n’en reste pas moins que les réseaux qui présentent certes des aspects positifs (le savoir devient gratuit et partageable à souhait) sont perçus et se révèlent de plus en plus comme une menace à la paix civile, une arme dangereuse qui permet la circulation rapide d’informations non vérifiées, parfois totalement fausses ou fabriquées à dessein pour induire en erreur et manipuler les usagers. C’est l’ère de la désinformation numérique, l’époque de la post- vérité ou les as du big data usent et abusent du marketing one to one, du ciblage et de l’analyse des sentiments, pour identifier les citoyens, les sujets sur lesquels ils surfent, connaitre leurs penchants et jouer sur leurs émotions pour les manipuler (WHATSAPP pour JAIR BOLONERO au Brésil (2028),  FACEBOOK pour NARENDA MODI en INDE (2014), TWITTER  pour DONALD TRUMP aux USA (2017).

Que faire dans ce monde où le savoir est minimisé, la bêtise glorifiée et la vérité en danger ? Comment éduquer lorsqu’il est plus aisé à votre enfant d’être influencé, radicalisé ou détourné par des personnes géographiquement fort distantes, culturellement différentes et aux convictions idéologiques mal maitrisées ?

Pour nous et pour ne pas perdre pied dans l’éducation des enfants, il ne faut jamais perdre de vue qu’il n’y a d’éducation véritable que par l’exemple donné. Il faut focaliser sur l’amour et la crainte de Dieu qui est miséricorde, sur le devoir de servir les autres et sa partie. Motiver l’enfant à aimer le savoir comme le bien le plus précieux accordé à la race des mortels. Il nous faut accompagner les enfants dans l’utilisation utile et modérée des écrans ( à l’exclusion de toute addiction) afin qu’ils ne soient pas  victimes de la propagande malsaine qui assure la promotion de l’homosexualité, de la violence gratuite et attise la convoitise vers une vie de luxe et la fortune immense qui restent, pour l’essentiel, le monopole    d’ une poignée d’hommes sans foi ni loi . Cultivons chez nos enfants, le gout  du travail bien fait, le mérite et le démérite, le respect, la solidarité et l’intégrité, le ‘’jom’’, le ‘’doylu’’ et le ‘’ngor.’’

Entrainons les à parler plusieurs langues, encourageons les à beaucoup lire,  y compris gratuitement dans Internet, à cultiver l’esprit critique, le sens  de la vérification, du doute et de  l’enquête. Enfin, évitons de les choyer outre mesure en les laissant agir selon leurs désirs et fantasmes au risque de les laisser s’installer dans un mimétisme stérile qui enlisera l’Afrique à la périphérie de la société de consommation

Conclusion

La nouvelle société mondialisée est celle de la course aux savoirs ; une compétition inégale qui exacerbe la concurrence entre les individus et les peuples, créant un nouvel ordre où règne en permanence une atmosphère de  ‘’guerre’’  de  chacun contre chacun. À  ce titre, il nous faut prêter une oreille attentive au Pape François qui condamne sans rémission la société néolibérale mondialisée qui, imposant et perpétuant la concurrence dans l’adversité, propage l’inégalité, exclut les démunis et condamne les plus faibles à se voir légalement écrasés par les puissants.

Contre la loi des 1% et contre la longue et désastreuse domination d’une oligarchie mondiale qui propage le mal et la mort, le libertinage et la déchéance humaine, il faut suivre les leçons de CHEIKH ANTA DIOP , de KWAME NKRUMAH et des afro centristes, proposer une nouvelle stratégie d’éducation  à même de  doter les jeunes  africains de compétences scientifiques et techniques , de patriotisme et d’éthique afin de les mettre à même d’assumer leur mission avec courage, foi et dignité au lieu de la trahir.

Dans une séquence temporelle courte (2035-2050)le Sénégal et l’Afrique peuvent, bénéficiant du dividende démographique et tirant profit des immenses richesses dont le Bon Dieu  les a dotés, tracer dans le grand arc des possibles une voie nouvelle   vers une prospérité partagée

 

Je vous remercie de votre attention..

 

NB

Concernant la manière de traiter l’histoire et, en particulier, de la place à réserver aux épisodes étrangers (occidentaux et musulmans), Kwame Nkrumah(1970) attirait beaucoup l’attention sur la nécessité d’éviter à l’Afrique d’être rongée par ‘’ la plus maligne des schizophrénies’’consécutivement à l’érection des occurrences extérieures en socles de l’histoire du continent. Pour l’écrivain et homme politique, si l’on veut se faire une opinion correcte, les fractions musulmanes et euro-chrétienne (occidentale)  ne doivent être considérées que comme des expériences de la société traditionnelle, comme des épisodes de l’histoire de l’Afrique. Le souci  est donc de résoudre le problème de la cohabitation des trois fractions de la société africaine , à savoir la société traditionnelle garante de l’originalité de l’Afrique et les fractions musulmane et euro-chrétienne



Mamadou Mbodj, professeur de philosophie à la retraite

 

 

 

 

 

 

 

 

 


[1] Déclaration mondiale sur l'Éducation pour tous .Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux


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