Repenser les Phares

Blogs

Repenser les Phares

L’éducation nationale est au centre du développement. C’est pourquoi les Etats en font une priorité. Eduquer, c’est installer des attitudes et des aptitudes, Le but consiste à former de jeunes gens à la citoyenneté. Depuis des décennies, l’école sénégalaise traverse une crise fondamentale liée à plusieurs facteurs. Une crise dont les responsabilités sont partagées entre l’Etat, les enseignants, les élèves et la société. C’est en réaction à la crise scolaire dans les secteurs moyen et secondaire que l’Etat du Sénégal a fait des PHARES (Progressions harmonisées et évaluations à épreuves standardisées) une exigence. Comme indiqué dans le dispositif de mise en œuvre, les PHARES s’inscrivent dans le sens de l’amélioration de la performance des élèves et des pratiques des enseignants tout en contribuant à l’équité et à l’égalité des chances. Cependant, n’est-il pas urgent d’évaluer les phares sous la lumière de la réalité des classes ?

Le premier problème des phares est lié à sa conception. Il suffit de parcourir la liste des rédacteurs pours se rendre compte qu’il s’agit d’un travail de bureau. Comment peut-on faire un tel travail sans impliquer aucun enseignant craie en main d’autant plus qu’ils sont eux aussi visés. Il faut le dire, le but des PHARES est de corriger les différences dans la progression suite au constat de lenteur chez certains professeurs. Ainsi les Phares doivent dans le principe contribuer « au respect des programmes ». De plus dans le souci d’égalité des chances, les évaluations se font en cellules mixte, départementale et régionale. Du coup, les enseignants sont tenaillés entre le respect du programme qu’il faut terminer et les exigences de l’évaluation et de la remédiation sans tenir en compte les types d’élèves, le niveau de compréhension rapide ou lente, le nombre d’élèves par classe, le niveau de langue considérablement en baisse…

Rousseau nous apprenait bien que le professeur doit savoir perdre du temps. Il le disait dans le sens de prévenir contre toute précipitation synonyme d’échec. Sauf qu’avec les phares on ne sait plus vraiment quoi faire, sommes-nous vraiment obligés de les suivre mécaniquement même si on sait que sa mise en œuvre est entrain de happer la dimension pédagogique ? Prenons l’exemple de la philosophie. Les PHARES sont pensées de sortes qu’à chaque semaine sont dévolues des taches précises et une progression sur chrono. C’est là qu’on voit que le souci premier est la progression. Sur le temps, le domaine 1 doit être terminé en décembre ainsi que les méthodologies et les travaux de remédiation. Le professeur, lui, dans sa pratique se retrouve dans une situation où il est amené à faire un choix. Soit on préfère la progression, le souci d’avancer ; soit la compréhension, la pédagogie et les phares nous dépassent. Le problème est qu’il ne faut pas oublier que les élèves découvrent la philosophie. Cela oblige le professeur à y aller doucement., pour ne laisser aucun élève en rade. Mais en voulant le faire les phares lui rappellent qu’il n’a pas ce temps. Cela, parce qu’on programme obèse l’attend. Il insiste sur les contenus indicatifs du programme pour avancer vite, les sujets à l’examen lui montre qu’il a tort comme le prouve certains sujets de fond sur la solitude ou sur les objets matériels au baccalauréat. Ce problème est beaucoup plus grave en série S ou avec trois (3) heures on est sommé de faire le même programme qu’en série L.

Dans la mise en œuvre des PHARES, il existe bien une gestion en cas de situations pouvant influer sur la progression. Cette gestion incite à tenir compte de ce fait en cas d’évaluation. Même si des commissions sont mises en place pour superviser le déroulement des épreuves et l’assurance que tous les élèves composent avec les mêmes sujets, il faut soutenir que cela n’apporte rien si les sujets ne sont pas en relation avec ce qui est déjà fait en classe, Je préfère bien le mot anglais de test. Ce mot montre bien qu’il s’agit d’évaluer des compétences déjà installées. Du coup l’objectif est dévoyé surtout dans son souci d’équité ou d’égalité.  En de pareils situation je pense qu’il ne serait utile de s’en tenir aux PHARES. Il s’agit de façon particulière chercher à comprendre la cause et d’agir en vue de solution quitte à sanctionner s’il s’agit d’un professeur. Les élèves n’ayant rien fait ne méritent pas une telle sanction, Dans ces cas on remarque le plus souvent qu’ils rendent des feuilles vierges ou fassent de faibles productions fondées sur l’alibi : « on ne l’a pas vu ». Est-ce la réussite qu’on vise vraiment ?

Il ne s’agit pas d’un laisser-aller que nous défendons. Nous pensons qu’on ne peut penser le système éducatif sans les enseignants. On nous pousse à devenir de simples sujets mécaniques dans nos classes. Avec ce qu’ils appellent la pédagogie de la réussite, le professeur perd de plus en plus sa place. La pédagogie est un art avant tout. Elle suppose la liberté une marge de liberté, une capacité créatrice. Penser les PHARES devient une urgence. 


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *