Voile : piété, coquetterie, tartuferie ?

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Voile : piété, coquetterie, tartuferie ?

Comme l’ont dit et répété à satiété, sociologues et autres chercheurs en sciences sociales, il n’y a aucune société au monde qui soit totalement figée. Tout bouge et le monde avec !

Ce souffle de rénovation qui parcourt le monde, amplifié par des moyens et des  techniques de communication chaque jour plus sophistiqués, induisent dans toutes les sociétés humaines de nouvelles façons de voir, de nouvelles façons de faire. Aucune société n’y échappe !

A titre illustratif, le style d’habillement de nos mamans est fondamentalement différent de celui de nos jeunes filles d’aujourd’hui. Tout change et à une allure vertigineuse ! Aucun domaine de l’existence humaine n’est épargné par cette lame de fond qui déferle sur la société ! C’est pourquoi la compréhension et l’intelligence  fines d’un phénomène, quel qu’il soit, deviennent  de plus en plus difficile ! Difficile pour la bonne et simple raison que les changements sont si rapides que les gens n’ont pas toujours le temps nécessaire de prendre du recul afin  de camper dans toutes ses facettes la nouvelle donne sociale.

S’y ajoute que sur le marché des idées, il y a une concurrence folle qui ne dit pas toujours son nom. Chacun veut vendre son produit  et au plus vite afin d’occuper une place de choix sur les plus hautes marches du podium. Dans ces conditions là, il devient de plus en plus délicat de cerner avec le maximum d’objectivité les phénomènes de société.

Au demeurant, cette société de l’instantanéité et du flot d’informations continues, ne laisse pas toujours  de place à une analyse lucide et froide des événements. Nous sommes tous embarqués dans un mouvement qui surfe sous bien des rapports sur la « folie », d’où la difficulté de bien appréhender les choses. Les rares chercheurs qui aujourd’hui font dans la rigueur scientifique, ne trouvent pas toujours grâce au sein du grand public qui juge leurs  productions hermétiques, destinées à un cercle fermé de lecteurs.

Toutes ces précisions faites, m’amènent à dire que je n’ai pas la prétention de cerner le sujet dans toutes ces dimensions. Je cherche tout juste à comprendre, d’où le titre que j’ai choisi pour ce présent article , Voile : piété, coquetterie, tartuferie ?

Et comme je l’ai dit tantôt, je ne porterai pas de jugement de valeur. Je me contenterai seulement d’agiter certaines idées, de convoquer certaines réflexions jugées intéressantes sur la question.

Dans cet ordre d’idées, j’ai demandé au jeune sociologue, Yaya Sylla en formation à l’ENTSS ( second cycle) si le port des ces tenues  que je qualifierais d’ « occidentalo-islamiques », traduit quelque part un regain de religiosité chez la population féminine. Écoutons la réponse fournie par YS : « La modernisation des tenues religieuses ou des tenues dites religieuses matérialise le renouvellement de la perception que l’on a de la religion. L’évolution de nos sociétés est observable dans nos manières d’appréhender la religion, l’orthodoxie n’est plus d’actualité, ce conservatisme est aujourd’hui une forme de « déviance ». On parle de « dinné ak diamono » en ces temps modernes. Ainsi, nos pratiques et nos croyances sont harmonisées avec la modernisation. Et souvent c’est loin des recommandations et préceptes de l’islam. »

La réflexion de Yaya Sylla(YS) indique que les filles veulent coller à la modernité, d’où leur propension à vouloir créer un type de style vestimentaire à cheval entre deux civilisations.

De son côté, le philosophe, Alassane  Kitane (AK) pense que cette forme d’habillement n’est pas la traduction d’une conviction religieuse profonde. Il assène : « . Je ne pense pas que le port du voile traduise une quelconque piété ou religiosité. La religiosité ne se mesure pas par un port vestimentaire. La foi se pratique d’abord par une conviction intérieure, ensuite par un culte qui se vit par des rites et enfin une conduite morale. Je ne suis pas sûr que les filles prient davantage aujourd’hui que ne le faisaient leurs mamans. Sur la plan moral également je ne vois pourquoi ni comment on pourrait soupçonner un mieux être éthique des filles d’aujourd’hui. »

Cet enseignant, fin observateur de la société sénégalaise et qui a la chance de pouvoir examiner les comportements et attitudes des jeunes filles parce que les côtoyant tous les jours dans les salles de classes, sait de quoi il parle.

Tout compte fait, on peut dire qu’au-delà de ces analyses qu’il va être difficile à une société comme la nôtre de produire en ces temps qui courent  des hommes de qualité, imbues des valeurs morales et éthiques les plus élevées en ce sens que quand une société est malade, profondément malade comme la nôtre, il est difficile voire impossible qu’un groupe social, échappe à la gangrène cancéreuse qui ronge le tissu social dans tous ses compartiments. Et pour dire vrai, le mal qui dénature et corrompt notre  sociétés est abyssal !

Quand une société en arrive à cette sorte de dégénérescence morale, la superficialité en tout s’impose et dicte sa loi aux mœurs. Faites attention aux comportements et attitudes des sénégalais dans les cérémonies familiales et autres manifestations publiques et vous comprendrez parfaitement ce que je dis. Tout est occasion pour un  grand nombre de sénégalais  de taper dans l’œil des gens.

Fort de cette vérité, j’ai posé la question suivante à YS : Ces tenues "occidentalo-islamiques" : effet de mode  ou tendance lourde? Voici la réponse qu’il m’a fournie : « Les deux en même temps, dernièrement nous avons assisté à des prestations de musiciens ou de danseuses avec des foulards sur scène. La mode c’est le port du foulard même chez la population non musulmane surtout en cette période événements religieux, le voile conjoncturel est courant. Cela reste une tendance dans la mesure où le foulard est moins cher et remplit les mêmes fonctions esthétiques que la perruque, les greffages ou d’autres coiffures. »

A la suite du sociologue, YS, le professeur, AK nous a servi cette réponse : « . Apparemment j’ai dès le début réglé ce problème en parlant de mode vestimentaire chez les filles. Est-ce que la tendance est lourde, je ne saurais le dire car les filles changent en fonction de leur âge : il y en a dès qu’elles trouvent un mari enlèvent le voile tandis que d’autres le mettent une fois mariée. »

A suivre

tmadi [email protected]

 

 


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