Le Blogs de : alassane kitane

Le Sénégal est devenu un pays extrêmement compliqué, et à tout point de vue. Dans ce pays, tout est merdique. Nager dans un fossé sceptique bouillant semble parfois moins souffrant que de vivre au Sénégal. Aujourd’hui, certains Sénégalais, inconscients et repus, d’autres fumistes de nature, s’accordent à s’étonner du fait que notre jeunesse se rue, la mort dans l’âme, vers des pirogues de fortune pour rallier l’Europe. Quiconque pense que cette jeunesse en partance dans les pirogues vers l’Occident n’est pas consciente du danger n’a absolument rien compris. Cette jeunesse est déjà morte! Elle n’a ni présent ni avenir encore moins ce minimum vital qu’on appelle l’Espoir. C’est le sauve-qui-peut! Par les airs, par la mer, par le désert et par tous les trous possibles, des familles entières cherchent à fuir le Sénégal à la recherche d’une patrie où il y aurait du sens d’y vivre…

Cette bande de terre qui s’appelle le Sénégal, qui est un conglomérat de gueux, de vipères et de crocodiles, et au milieu de laquelle sont coincés quelques honnêtes et valeureux citoyens, porte les oripeaux d’un pays, mais n’a rien de ce qui fait un pays, un vrai …

Un État sous commande qui vit une vassalité permanente vis-à-vis de la France, un semblant de pays dirigé par un roitelet sourd et muet devant les gémissements et les implorations de ses sujets, mais surtout incapable de comprendre les aspirations de son peuple qui suffoque par manque d’espoir et de perspective, des scélérats et des voyous, des sans desseins et des roturiers qui donnent le ton partout où se prennent les décisions les plus importantes de notre destinée collective : tel est le Sénégal des temps actuels.

Pour savoir jusqu’à quel point nous sommes à la fois empêtrés et englués dans la merde, il faut alors porter l’habit du citoyen lambda en quête de soins médicaux ou d’un quelconque document administratif dans les dédales de notre administration; vous y laisserez votre chemise à défaut de la peau des fesses. Ainsi pour avoir un acte de naissance, un casier judiciaire, ou un quelconque petit papier portant le sceau d’une entité de notre administration publique, il faut suer à grosses gouttes avant d’y arriver; il faut faire des allées et venues interminables… montrer patte blanche demeure cependant le meilleur raccourci pour obtenir ce qu’on cherche. C’est la norme au Sénégal.

Y a de quoi avoir marre …

Marre de ce torchon de pays où le maitre mot de l’écrasante majorité des agents de l’État qui rendent des services publics, c’est « encaisser d’abord pour soi, l’État attendra… »

Marre de voir que sur les routes du Sénégal, gendarmes et policiers sont tantôt des mendiants, tantôt des intimidateurs. Pour cette racaille en tenue, tout est prétexte de soutirer de l’argent aux automobilistes comme aux passants. Et si par malchance vous n’avez rien à donner, mais que vous avez une épouse moindrement belle, un juge ou un policier pourrait vous la voler facilement si jamais vous avez maille à partir avec la justice. Voilà le Sénégal! les moustiques pullulent partout, mais l’éthique vous ne le trouverez presque nulle part...

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Marre de cette prostituée qu’on appelle la Justice sénégalaise! En vérité, nos Palais de justice ne sont rien d’autre que des lieux infâmes de prostitution de tout ordre, où ni Dieu ni la bonne conscience n’ont pas de place. Des injustices y sont commises à répétition à longueur de journée par ceux-là mêmes qui ont la charge de rendre la justice.

Marre de cette machine malade qu’on appelle la Santé au Sénégal. Le secteur de la santé en soi est une plaie béante et nauséabonde; il serait donc beaucoup plus logique de la part de l’État de s’occuper d’abord de ce Gros patient avant même de songer à lui octroyer la noble et onéreuse mission de prendre en charge le bien-être des Sénégalais.

Marre de cette fofolle qui s’appelle le système éducatif sénégalais. L’éducation sénégalaise est un vaudeville, une tragi-comédie et un désastre à la fois. Difficile d’évoquer ses maux et ses tares sans être animé par la colère ou la tristesse quand on est humaniste.

Marre des médias sénégalais où de pseudos journalistes font du gangstérisme au quotidien, armés de leurs plumes sales et toxiques. Les plateaux de télévision de ce pays sont des écoles d’abrutissement, des vitrines de débauches pour la jeunesse, mais aussi de hauts lieux de pèlerinage pour les grandes gueules et les menteurs dont ce pays regorge à foison. Tout compte fait, les médias au Sénégal sont des nids où la fumisterie sénégalaise est en ponte sans arrêt. Ce pays est juste incroyable!

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Marre du laxisme qui est partout. La corruption est devenue le moteur à injection de ce fichu pays! On parle souvent des policiers et des gendarmes, mais on oublie que si ce pays n’a plus d’arbres, c’est parce que les agents des Eaux et forêts ont une part belle dans le désastre. Que si la malpropreté est devenue le dénominateur commun des villes sénégalaises, c’est parce que la plupart des clowns qu’on appelle des agents des services d’hygiène ne servent à rien. Que si à Dakar circulent des voitures qui datent du siècle passé et qui sèment par leur présence sur nos routes la pollution et notamment la mort par des accidents spectaculaires, c’est parce que la Douane sénégalaise est corrompue jusqu’à l’os.

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Marre de ce pays rigolo et dangereux. Un pays où Dieu est sur toutes les lèvres, mais personne n’a confiance en sa protection; la plupart des Sénégalais sont des pseudo-croyants qui demeurent persuadés qu’il est plus sûr et bien plus malin de trouver refuge dans les gris-gris, les amulettes, les onctions mystiques de toutes sortes que de s’abandonner dans les bras d’un protecteur invisible.

Marre des marabouts, des charlatans et des sorciers qui sont devenus la charpente de ce pays… Marre de voir et de comprendre que le Mystique est le levier de nuisance le plus utilisé dans ce pays. Marre de l’emprise du mystique sur le souffle du Peuple sénégalais. Le charlatanisme est au cœur de la République. Au cœur des familles. Au cœur des relations interpersonnelles.

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Marre des innombrables fêtes qui se succèdent sans arrêt et qui laissent très peu de place au travail. Magal, Maouloud, Tabaski, Korité Noël, jour de l’an, fête de l’indépendance, fête de ceci, fête de cela…ça ne finit plus. Quand une fête se meurt, sur ses cendres encore chaudes se prépare immédiatement une autre. Le cycle de la vie au Sénégal est un cycle de fêtes et d’évènements festifs. Sans compter la pluie, la chaleur et tous ces autres petits irritants qui sont mille et un prétextes pour les gens de ne pas travailler. Le travail est la dernière des priorités des gens de ce pays.

Marre d’une société naine qui se réfugie constamment dans les habits amples du paraitre. Être au Sénégal, c’est paraitre. Faire, c’est faire semblant de faire. En d’autres mots, seules les apparences comptent : les décomptes se feront plus tard, peu importe le trou où ça pourrait mener! Telle est la mentalité sénégalaise : tout est juste du toc et de la frime! Quel pays!

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Marre de nos tares qui sont innombrables. De toute évidence, si le mensonge, la calomnie et la grande gueule étaient des disciplines associées aux arts martiaux, je ne vois pas de peuple au monde qui pourrait battre les Sénégalais! Le Sénégalais est capable de tout balayer avec sa langue pendue, de construire et de déconstruire l’univers avec sa bouche si spéciale.

Particulièrement marre de la surenchère qui est partout et dans tout. En effet, ce pays est assis sur la cupidité, le manque d’humanisme. Les gens s’étonnent que tout y soit cher sans comprendre que la cause profonde de l’inflation émane de l’esprit tordu des Sénégalais et non des denrées en soi ou des services. D’ailleurs, si c’était possible de commercialiser l’air du Seigneur que nous inspirons à volonté, personne ne respirerait gratuitement dans ce pays. Et la surenchère tuerait tout le monde.

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Marre de la Religion et de la façon dont elle est rondement menée dans ce pays pour des intérêts claniques ou personnels. Les confréries religieuses constituent des fonds de commerce pour la classe maraboutique, pour les politiques et les richissimes voleurs en quête perpétuelle de paratonnerre contre les foudres d’une Justice téléguidée.

Marre de la plupart des porte-voix de ce pays : prêcheurs le jour, hyènes le soir, tel est le double visage des empêcheurs de tourner en rond qui nous pompent l’air avec leur vision étriquée de la religion.

Marre des centaines de milliers de muezzins que compte ce pays. Marre de leurs voix qui détonnent à l’aube comme des moteurs de voitures qui peinent à démarrer : ces crieurs publics meuglent jour et nuit, imposent leurs litanies douloureuses et agressives aux malades, aux insomniaques, aux non religieux et personne n’ose en parler de peur de mal paraitre ou d’être mal jugé.

Dieu est torture dans ce pays aussi bien pour les athées que pour les croyants eux-mêmes.

La Religion est le condiment de la vie sociétale sénégalaise. Elle est faussement partout : dans tout ce qu’on fait, dans tout ce qu’on dit et dans tout ce qu’on vit. Dieu au Sénégal est à fois ingrédient et couteau à dépecer. Il est malaxé au social, mixé à toutes les sauces vertigineuses et coupé avec toutes les liqueurs imaginables. On soûle tout le monde avec Allah. Le plus clair du temps, quand on l’invoque, c’est pour endormir les gens, ou les culpabiliser; pour enfariner les naïfs, ou fermer la gueule de ceux voudraient objecter. Dieu est parfois un suppositoire qu’on enfile aux récalcitrants en vue de mieux légitimer bien des forfaits. En vérité, la religion est la pire farce de ce pays!

Au demeurant, le véritable dieu qui rallie tout le monde, le Seigneur que tous vénèrent sans fausse sincérité, c’est l’argent. En effet, l’argent est le lubrifiant qui fait bouger tout dans ce pays, même les causes perdues d’avance. Chaque fois que vous perdez une bataille, allez chercher de l’argent en renfort, vous allez vaincre sans combattre. Le juge vous donnera raison sans connaitre le fond de votre dossier. Vous ne serez nulle part en retard, on reculera les trains déjà en route pour qu’ils reviennent à votre horaire de corrupteur. Vous ne faites nulle part la queue. Les portes hermétiquement closes coulissent comme par magie pour vous laisser passer. Si vous sollicitez des marchés publics, vous êtes sûrs de les gagner. Vous pouvez emmerder qui vous voulez sans conséquence. Ce pays est vraiment incroyable!

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Marre de tous réseaux sociaux où les Sénégalais sont présents en nombre! J’en ai personnellement marre de me voir ajouté à des groupes WhatsApp dont je ne suis en rien demandeur! Marre de tous ces forums où je vois des sollicitations du genre : « connaissez-vous quelqu’un qui travaille au bureau des passeports qui pourrait m’aider à accélérer un dossier? Ces genres de demandes récurrentes dans certains forums me donnent la nausée. Pourtant, ceux qui font de telles demandes d’une main dénoncent de l’autre à tout va ce qui ne fonctionne pas dans ce pays! Sommes-nous vraiment conséquents avec nous-mêmes et nos propres combats. Les tares que nous dénonçons ne semblent être graves que lorsque ça vient d’ailleurs. Cependant, si nous sommes concernés alors il n’y a rien de mal à cela. Un pays normal ne fonctionne pas comme le Sénégal où pour avoir un service public efficace il faut absolument passer par des recommandations! Au fond, c’est à croire que c’est l’ADN de ce pays qui est pourri. D’autres me diront que le mal du Sénégal, ce sont les politiciens.

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Marre de ces tordus politiciens! Mais particulièrement marre de nos fantoches de Présidents… De Leopold Sédar Senghor à monsieur Macky Sall, la ligne de l’égoïsme est le tracé qui a conduit jusqu’ici tous les projets politiques des chefs d’état qui se sont succédé à la tête de ce pays. Avoir des pouvoirs infinis, ne pas les partager avec personne et se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible a toujours été et continue d’ailleurs d’être la seule préoccupation de nos dirigeants. Senghor, le plus traitre de tous les Présidents, avait vendu les Sénégalais à la France pieds et mains liés. Abdou Diouf, le somnambule sans vision ni inspiration, a dormi tout son magistère. Voici quelqu’un dont le passage à la tête de ce pays a été non seulement insipide, mais aussi des plus inutiles. Quant à Abdoulaye Wade, quel gâchis! Tous nos malheurs actuels viennent de lui. Il fut un véritable pesticide sur la culture sénégalaise; il a déstructuré le tissu social sénégalais, prostitué les valeurs, tué la méritocratie et laissé le pays à Macky Sall de qui on espérait une profonde rupture. Ce dernier, lui, c’est un phénomène bien spécial sorti directement des sécrétions de Machiavel. Il est un névrosé politique qui sera sans aucun doute un naufragé de l’histoire.

Y a de quoi avoir marre de ce pays …

Moi, Tall Boubou Khary Tall, j’en ai marre : marre d’avoir marre de ce pays! Marre de monologuer devant un Peuple dont la surdité est lourde et profonde. Je dois alors conclure. Mais pour dire quoi qui n’a pas déjà été dit! Le Sénégal est assis sur un amas de bombes à retardement et les politiciens jouent à la belote avec un peuple passif, versatile et sanguinaire. Inutile de dire que le réveil de ce pays risque d’être brutal.

Une chose est certaine : ce pays a besoin d’être déparasité. Les cœurs sont malades. La méchanceté, la jalousie et l’hypocrite constituent un triangle de feu qui ceinture le Peuple sénégalais. Un périmètre à l’intérieur duquel des amitiés se noient, des familles s’entredéchirent…

Que les jeunes partent s’ils veulent sauver leur peau et leur famille. Il n’y a rien à faire dans un pays où l’on ne peut pas changer l’ordre de choses. Un pays où l’on ne peut ni travailler, ni boire, ni manger à sa faim. Pas même se soigner!

Colonisés, nous avions l’air d’avoir un pays. Libres, nous avons l’air d’un pays ivre : nous ne savons plus sur quel pied nous tenir ni dans quelle direction aller.

Sénégal! Sénégal! Quel improbable pays! Et pourtant nous existons : nous en sommes là. Si les autres pays de ce monde ont des États palpables, nous, nous ne savons plus ce ne que nous sommes ni même ce à quoi nous aspirons véritablement: tellement tout est compliqué. C’est le matériau qui doit servir à construire ce pays qui ne semble pas être le bon…

Sénégalais, sénégalaises, allez chercher Sonko, Bongo, Mongo où je ne sais qui, amenez l’architecte que vous voulez, fût-il le Dieu des architectes, construire ce pays est perdu d’avance.

À ceux qui rêvent de voir le Sénégal se développer, continuez de ronfler dans votre sommeil. Il fera jour et le développement ne sera pas là! Il est impossible de demander à une personne de conjuguer le verbe « se développer » en lui imposant comme contrainte de n’utiliser aucune des dix lettres qui composent le verbe. Certes, il y a beaucoup trop de magiciens au Sénégal, beaucoup trop de mystificateurs aux boubous amples et aux chapelets kilométriques : j’attends de voir cette ultime prouesse de nos demi-dieux de développer ce pays en mettant de côté tous les fondamentaux du développement.

J’ai parlé à nouveau!

Par Mamadou Bamba Tall,

Ancien étudiant de l’Université Gaston Berger,

Ancien boursier de la Fondation Ford (Université Laval),

Consultant international en éducation,

Conseiller au ministère de l’éducation du Québec (MEQ)

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