Macky est en fin de règne (Par Modou FALL)

Blogs
  • Article ajouté le : 03 Mardi, 2018 à 13h04
  • Author: Modou FALL

Macky est en fin de règne (Par Modou FALL)

Modou Fall , responsable politique à Diourbel, par ailleurs coordonnateur du Rassemblement Pour la Vérité  Degg Mo Woor et membre du Parti Démocratique Sénégalais où il est le Secrétaire adjoint chargé de l’éthique , de la bonne gouvernance  et de la société civile  au niveau de la fédération nationale des cadres libéraux, dans cet entretien, nous parle du parrainage qui crée la polémique actuellement. Il a soutenu que son rôle n’est pas d’éliminer les candidats fantaisistes mais plutôt de permettre le tri  et de choisir les candidats qu’on veut qu’ils participent aux élections indiquant que le régime de Macky ne compte que sur le parrainage pour passer au premier tour. Par ailleurs, il s’est plaint de la situation qui prévaut à Diourbel qu’il conçoit comme grave dans la mesure où toutes les promesses de Macky pour aider Diourbel n’ont pas été tenues. 

Le débat sur le parrainage pollue l’atmosphère, quelle appréciations en faites-vous ? 

J’ai toujours dit que le parrainage a toujours existé parce que si on regarde la Constitution et la loi qui régit le système électoral au Sénégal, c’est-à-dire le Code électoral, on constate qu’il y a des candidats qui peuvent être parrainés, le plus souvent des candidatures indépendantes, autrement dit des gens qui ne sont pas connus du milieu politique, des gens qui n’ont jamais fait la politique ou bien qui avaient laissé la politique depuis presque une période d’un an et qui sont considérés comme des candidats indépendants. Ces gens-là doivent recourir à un certain nombre  de signatures pour pouvoir  participer à une élection. Présentement si on regarde le Code électoral, le nombre de signatures demandées  c’est environ de 10.000 signatures, à raison de 500 signatures par région sur au moins 6 régions. Cela veut dire qu’actuellement la loi électorale autorise seulement  le parrainage de candidatures indépendantes. Par contre en ce qui concerne les partis politiques, il suffit juste de faire une attestation pour investir un individuel qui sera déclaré comme étant le candidat du parti ou de la coalition de parti.  Maintenant si aujourd’hui on veut élargir ce parrainage au niveau des candidats des partis politiques ou coalitions de partis politiques, cela veut dire que non seulement  les gens ont vu le parrainage comme un mécanisme non fiable qui permet de contrôler les candidatures parce qu’on peut créer des similitudes entre le parrainage et la rationalisation des candidatures. Il y en a qui disent que la rationalisation c’est plutôt l’élimination, la réduction des candidatures, alors que  d’autres pensent qu’elle doit se faire en amont même avant les élections. Cela veut dire qu’il est possible lors de la création d’un parti de demander à ce que le dossier soit corsé et qu’un certain nombre de signatures soit demandées.

N’est-ce pas là un moyen pour éliminer des candidats ? 

C’est ce que j’ai dit ; les gens ont voulu créer une confusion en disant que le parrainage c’est pour la rationalisation des candidatures alors que le parrainage élargi aux partis signifie que tout parti politique qui veut participer aux élections est obligé d’abonner des signatures pour son candidat. Alors que souvent les partis qui sont des organismes et personnes morales légalement constitués parce que disposant des récépissés, de même que les coalitions de partis légalement constitués, sont les principaux acteurs politiques, qui contribuent au débat politique et qui sont toujours impliqués dans les activités politiques.  Ils ont leurs sièges et leur personnels, ils peuvent aussi avoir un maillage au niveau national et au niveau international. Donc si on demande à ces partis qui sont les principaux acteurs de dégager des fonds pour faire le tour du Sénégal pour être parrainés ; en plus de dégager un  budget pour la compagne et de déposer une caution, cela veut dire qu’un trop leur est demandé. A cela s’ajoutent les charges qu’ils ont en tant qu’entités politiques parce que nous connaissons comment le système politique marche au Sénégal. Il y a aussi les militants, des gens qui sont à la base qui doivent être le plus souvent accompagnés, assistés pendant les événements religieux et autres ; c’est-à-dire que les acteurs politiques sont toujours sollicités par la population.

Donc nous assistons à une violation également de la Constitution ?

Bien-sûr ; en tout cas c’est pourquoi eux ils veulent proposer une révision de la Constitution et une révision du Code électoral parce qu’il n’est pas possible d’aller vers le parrainage sans ces modifications. Maintenant le parrainage est très complexe parce qu’il faut que selon la formule qu’on veut adopter que ce soit les électeurs c’est-à-dire les citoyens sénégalais qui parrainent les candidats comme ça se faisait avec les candidatures indépendantes. Nous avons déjà  vu qu’en 2012, il y avait trois candidats qui ont été écartés parce que tout simplement les dossiers qu’il avait fournis  comportaient des signatures erronées. Et quand on a retiré ces signatures, on a constaté qu’il y avait moins de 10.000 signatures. Il s’agit de Youssou Ndour, Kéba Keindé et d’Abdourahmane Sarr. Maintenant si on demande à d’autres personnes comme ceux-là d’avoir 10.000 signatures et qu’ils n’y arrivent pas à avoir 10.000 signatures authentifiées et correctes ; imaginez si on leur demande de trouver 65 000 ou 70 000 signatures ; c’est leur demander l’impossible alors que pourtant ils ont tous une certaine légitimité, ce sont des gens qui pourront avoir une certaine notoriété. Maintenant si l’Etat veut coûte que coûte modifier la Constitution et le Code électoral, c’est parce qu’il y a un  non-dit.

Vous pensez qu’il ne reste à Macky Sall  que cela pour pouvoir essayer de gagner l’élection ? 

Vous savez les signatures sont des éléments complexes. C’est très difficile d’identifier la signature de l’individuel parce que ce dernier même par volonté peut faire une signature différente de sa signature d’origine. C’est ce qu’on appelle une signature qui a évolué. Un individuel peut venir signer pour quelqu’un et donner une mauvaise signature, ce qu’on appelle scientifiquement  le faux par déguisement. Donc c’est une affaire très complexe parce qu’aujourd’hui, il y a des centaines de milliers de documents, des mémoires, des thèses  qui ont été réalisés, rédigés sur les signatures, ce qui veut dire que ce n’est pas un élément simple. Si une personne expérimentée en la matière comme El Hadji Issa Sall du PUR dit qu’il a eu à participer à une commission pour vérifier des signatures et lui, en âme et conscience, il sait qu’il est impossible de faire les vérifications alors qu’à l’époque c’était  10.000 signatures. Maintenant imaginez si on veut passer à 70 000 signatures pour  10 candidats. Cela veut dire qu’il faut passer des journées et des journées à vérifier si on veut vérifier sérieusement parce que vérifier une signature veut dire qu’il faut se connecter sur la base de données. Et en se connectant sur cette base, les signatures sont en images c’est à dire des fichiers qui sont volumineux et difficiles à transférer. Ce qui fait que le chargement de l’image peut être problématique. Maintenant  s’il faut charger l’image et la signature de chaque individuel  qui a eu à parrainer un candidat, imaginez ce que cela va prendre comme temps. Pour d’autres le fait d’accéder à la base de données pour contrôler les signatures n’est pas très sécurisant.  Normalement si on voulait instaurer les signatures, ce qu’on devait faire c’est créer une application qui va permettre aux membres du comité ou de la commission qui seront chargés de faire la vérification d’avoir un accès limité  à la base de données du fichier électoral où il n’y aura que quelques éléments tels que le numéro d’identification nationale, celui de la carte d’électeur, le prénom, le nom ,les filiations et puis éventuellement la signature sans charger les autres données comme les données biométriques et autres parce que tout simplement on veut avoir un accès allégé   et un accès simple pour pouvoir vérifier autant de signatures en un temps record.

Donc cette volonté du Président de pouvoir passer et gagner l’élection ne passera pas ?

Normalement cela ne doit pas passer parce que si l’opposition se tait sur cette histoire de signatures, cela veut dire que c’est fini pour elle. Comme je l’ai dit dernièrement le parrainage souvent on le regarde sous l’angle d’éliminer les candidatures, mais cela va au-delà même de cette élimination. Parce qu’on peut aussi choisir ses propres candidats, autrement dit le régime en place aura la possibilité de choisir   ses propres candidats et de les parrainer. Finalement je pense qu’en prétextant que c’est pour éliminer les candidatures fantaisistes, je pense que c’est plutôt le contraire parce que l’utilisation du parrainage élargi aux partis  va donner la possibilité au pouvoir non seulement d’écarter des candidatures sérieuses, mais aussi le pouvoir aura la possibilité de créer des candidats fantaisistes pour accompagner le régime afin d’organiser un simulacre d’élection. Cela veut dire qu’on  avait parlé de la non élection au niveau du PDS et au niveau de la Coalition Wattu Sénégal lors des législatives de 2017. Mais si on ne fait pas attention avec le parrainage, ce sera pire encore 2019 parce que non seulement il y aura beaucoup de candidats mais aussi des candidats qui sont des non candidats et cela va donner une élection qui sera aussi une non élection.  Moi je pense que cette histoire est tellement sérieuse et aujourd’hui l’heure est à la mobilisation.  Je lance un appel à tous les citoyens sénégalais, à tous les partis politiques de l’opposition et à tous les Sénégalais qui veulent être candidats, parce qu’il ne faut pas oublier même dans  la proposition de la majorité lors des travaux de concertation, eux ils avaient proposé 0,5 % pour les partis et 1% pour les candidatures indépendantes. Cela veut dire que ce ne sera plus 10.000 signatures. Donc tout individuel qui veut actuellement déposer pour être candidat  doit aussi se dire que le nombre de signatures va augmenter. Ce ne sera plus 10.000 mais 1% parce que même si c’est élargi à 1% pour tout le monde, cela veut dire que même eux la majorité BBY, ce qu’ils avaient proposé lors des travaux de concertation a été modifié. Finalement nous, acteurs du cadre de concertation sur le processus électoral, serons dans la même situation, ce n’est pas sérieux.

Et le projet est déjà sur la table de l’Assemblée nationale…

Apparemment parce que le temps joue contre eux. Ils sont obligés de faire passer cela rapidement et avec ce forcing pousser les gens à aller chercher des signatures. Les gens  pensent que c’est pour éliminer les candidats fantaisistes alors que c’est le contraire. Moi je pense que maintenant, les candidats sérieux qui seront en mesure de remplacer le Président Macky Sall au soir du 24 février 2019 peuvent être écartés. Et là même s’il y a une commission derrière pour contrôler ou s’il y a des représentants des candidats qui ont déposé, là aussi matériellement, il n’y aura pas assez de temps non seulement pour faire sérieusement ce travail mais aussi, une fois que les résultats seront publiés, de faire des recours, de prendre le temps nécessaire pour pouvoir revérifier tout cela ; franchement, matériellement on n’aura pas tout ce temps.

Est-ce que les signes d’une fin de règne n’expliquent pas cette précipitation ? 

Mais bien sûr ; j’ai écrit un papier ou j’avais expliqué que  présentement, le régime de Macky ne compte que sur le parrainage pour passer au premier tour parce qu’il sait que l’heure est grave. Du point de vue de l’économie, les signaux sont au rouge : les pauvres ont augmenté ; du point de vue de l’emploi des jeunes, les problèmes demeurent toujours ; du point de vue de la famine, nous voyons que le nombre de personnes victimes de l’insécurité alimentaire a augmenté : cela est passé de 350000 à 500000. Dernièrement, un quotidien de la place avait titré à la Une de son journal : le triangle de la famine. Entre Ranérou, Kanel et Matam. L’Agriculture est là, les gens ont leurs arachides et n’arrive pas à les vendre. Maintenant qu’est ce qui se passe, certains cherchent même des acheteurs pour vendre à crédit. Il y a d’autres aussi qui font ce que l’on appelle le « mbappat » : ils louent des voitures pour amener l’arachide au niveau des marchés hebdomadaires entre Colobane, Mbar, Mboss, Mbosseleul et autres pour essayer de vendre l’arachide à bas prix. Il y a même des agriculteurs qui vendent leur arachide à moins de deux cent francs. Moi, j’ai un de mes amis qui habite au niveau de Saloum qui m’a dit dernièrement qu’il a vu des cultivateurs vendre leur arachide à cent soixante-quinze francs. Donc, cela veut dire que la situation est grave. Maintenant, l’Education n’en parlons pas, la Santé n’en parlons pas. Il y a un autre élément sur lequel je veux insister, c’est sur la Bourse de Sécurité Familiale. Encore une fois, là aussi il y a de l’arnaque, de la politique politicienne derrière. Parce que si normalement, la Bourse de Sécurité Familiale permet de diminuer la pauvreté on n’allait pas voir d’année en année le nombre de pauvres augmenter. D’autant plus que si on regarde les paramètres de base de la Bourse de Sécurité Familiale, on constate que les 25 000 par trimestre normalement c’est sur une période de cinq ans. Cela veut dire que ceux qui ont eu la Bourse en 2013 devaient être retirés du registre national unique. Le registre national unique, c’est là où on enrôle les personnes vulnérables qui doivent bénéficier de la Bourse. Si aujourd’hui on maintient ces 50 000 familles de plus, cela veut dire que non seulement le problème n’est pas résolu, mais le nombre de pauvres a augmenté. C’est extrêmement grave. Comment peut-on écrire sur un document de projet que les bourses sont attribuées pour une durée de cinq ans et que les gens en bénéficient pour plus de cinq ans parce que tout simplement la pauvreté a augmenté.

Dernièrement, lors du Forum Economique et Social, le Professeur Ablaye Diagne, l’ancien directeur du Centre de Recherche en Economie Appliquée de l’Ucad, avait fait une déclaration au mois d’avril sur la pauvreté au Sénégal. Il avait clairement expliqué que : le nombre de pauvres au Sénégal a augmenté parce qu’on est passé de 6 300 000 à 6 800 000. Cela veut dire aussi qu’il y a 500 000 pauvres qui se sont ajoutés sur le nombre initial. Le pourcentage aussi qui était de 42 % est passé à 46,7 %. Donc cela veut dire qu’encore une fois, le pays va mal et ils le savent. Ils savent très bien que les clignotants sont au rouge. Et comme ils le savent et qu’ils ont besoin d’un deuxième mandat, donc ils ont essayé de mettre en place des mécanismes qui vont leur permettre tout simplement de gagner l’élection présidentielle de 2019 dès le premier tour parce que nous savons que le deuxième tour n’est pas favorable au candidat actuel. Donc, s’ils veulent passer, ils doivent passer au premier tour. Maintenant, ils ont tout fait, ils ont tout regardé, ils ont tout vérifié et ils savent qu’il n’y a que le parrainage qui peut leur permettre de trier et de choisir les candidats qui vont participer aux élections. Ainsi, ils vont en profiter pour créer des candidats fantaisistes dont les signatures seront validées ou même les militants et les militantes de BBY vont valider et vont signer pour ces personnes. Mais aussi, les candidats valables qui auront la possibilité de gagner et qui ont assez d’arguments avec une certaine légitimité et soutenus par des partis forts ou des coalitions fortes, vont se retrouver demain avec des difficultés, parce qu’il y aura des problèmes de contrôle de signatures. Parce qu’en termes de signatures scientifiquement il y a ce que l’on appelle le faux par déguisement et il faudra faire très attention par rapport à cela.

Que pensez-vous de Karim Wade? 

C’est un candidat sérieux, il a été investi par le Pds, le parti le plus fort et le plus représentatif au Sénégal. Il est très attendu par les jeunes, les femmes bref tous les Sénégalais.C’est le seul candidat qui puisse remplacer Macky Sall car il a les aptitudes nécessaires. Il connait la diplomatie et l’économie comme il connait le système sénégalais. Ce qui fait qu’il n’aura pas de problèmes pour redresser le pays, renforcer les conditions d’existence des étudiants, financer les femmes et trouver des emplois pour les jeunes. En tout cas je le soutiendrai avec  force et je battrai campagne pour lui.

Et pour la situation de Diourbel, votre fief…

 C’est vraiment regrettable que pour quelques kilomètres de routes et une pose de première pierre pour la réhabilitation du marché  les gens disent du bien du Président de la République. En vérité, Diourbel est une localité où il y a la pauvreté. Les gens n’ont pas d’économie financière, le cadre de vie est très difficile, les denrées de première nécessité coûtent cher, il y a des problèmes d’approvisionnement, des problèmes de santé. L’hôpital de Diourbel n’est pas bien outillé parce que quand on vient avec des malades qui sont hospitalisés, les accompagnants ont du mal à se mettre quelque part. Parce que tout simplement, les chambres sont étroites. Du point de vue économique, ce qu’on nous avait promis en 2012, c’est-à-dire une usine de  défluorisation, par le Président Macky Sall, parce que nous savons que la qualité de l’eau à Diourbel est très mauvaise, jusqu’à présent il ne l’a pas encore fait. Macky nous avait promis un grand centre de formation départementale pour une meilleure formation des jeunes, mais il ne l’a pas encore fait. Il nous avait promis une Université dédié à Diourbel et toujours rien. Il nous avait promis de redimensionner la Sonacos et là aussi il tourne toujours en rond.

Est-ce que les responsables de l’Apr qui bombent le torse n’ont pas échoué ? 

Non, c’est qu’en fait, ce qui les intéresse c’est regrouper les femmes pour distribuer des financements et cela n’est pas de la politique. Nous devons être plus ambitieux que cela, plus visionnaire que cela. Nous devons penser à transformer l’économie de Diourbel ; nous devons penser à créer des mécanismes, des situations pour que le systéme économique de Diourbel puisse revivre. Et encore une fois, je rappelle qu’il y a eu un incendie avec mort d’homme ; il n’y a pas eu d’enquête, c’est qui est très regrettable. Moi j’avais écrit un papier dire que je ne peux pas comprendre qu’il y ait un incendie pareil et que il n’y a pas eu d’enquête. Il y a eu un décès et on a parlé d’erreur de coupure d’électricité occasionnant la mort d’un sapeur et rien n’est toujours pas mis au clair ; ce qui montre le manque de sérieux.

Recueillis par Sadio FATY et Abdourahmane SY                                  


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *