L'urbanisation est une opportunité pour le développement économique du Sénégal

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L'urbanisation est une opportunité pour le développement économique du Sénégal

Le 21é siècle consacre l’avènement d’une nouvelle ère urbaine marquée par une concentration de la moitié de l’humanité dans les zones urbaines. Désormais, depuis 2008 le nombre de citadins dépasse celui des habitants en milieu rural. Ce phénomène n’est pas singulier aux villes de l’Afrique de l’ouest qui concentrent prés 65% de la population sous-régionale, tandis qu’au Sénégal la population urbaine augmente de façon considérable et atteint prés 50% de la population nationale dont 25% sont concentrés à Dakar.

Cependant cette transition urbaine se déroule dans un contexte marquée par la complexité des enjeux urbains auxquels doivent faire face les villes africaines et leur Etats peu préparés à contenir les effets pervers la mondialisation.

 

Le contexte urbain sénégalais est marqué par de nombreux dysfonctionnements qu’il faille surmonter pour tirer meilleur profit de l’urbanisation. A l'instar des villes ouest-africaines, les villes sénégalaises ont enregistré une forte croissance urbaine. Cette tendance devrait se poursuivre car le potentiel d'urbanisation reste encore énorme. Les villes sénégalaises jouent un rôle clé dans la croissance économique nationale et constituent ainsi une opportunité pour le développement économique et social du pays. Cette croissance est mal gérée à cause des limites des politiques d’urbanisme.

 

 

Absence de cadre de référence, de dispositif de concertation et faible implication des acteurs non étatiques

On note une carence d’outils de planification et d’aide à la décision fixant sur le long terme les grandes orientations en matière d’urbanisme. Cependant depuis quelques années, une attention particulière est accordée aux grandes villes. Des documents de planification sont de plus en plus engagés afin de maitriser la croissance urbaine, mais leur démarche d’élaboration n’a pas associé les acteurs non étatiques (secteur privé et société civile). Ce qui illustre de la faiblesse de la démarche participative dans la mise en œuvre des politiques publiques. D’autre part, on note également un manque de concertation entre les services de l’administration, entre l’administration et les collectivités locales, entre les collectivités elles mêmes. Les populations, la société civile et du secteur privé participent peu à la gestion urbaine. Ce qui explique dans la plupart des cas, une faible appropriation des documents de planification et des incohérences dans la mise en œuvre des interventions publiques.

 

Incohérence des politiques publiques et programmes urbains

Beaucoup d’incohérence sont notées dans l’élaboration des documents de planification et également dans les interventions des pouvoirs publics. L’absence de cadre de planification concertée est à l’origine des différentes formes de conflits et des pratiques foncières.

On remarquera que les politiques urbaines s’articulent paradoxalement autour de la nécessité de désengorger Dakar. Ceci s’inscrit dans une dynamique de renforcer sa compétitivité territoriale par une amélioration de la mobilité et une facilitation d’accès au foncier aux investisseurs, et ce dans et autour de la capitale.

Ces initiatives entraineront inévitablement des bouleversements tant spatiaux qu’institutionnels qu’il faudrait appréhender en amont afin d’éclairer sur les enjeux et influer sur les orientations stratégiques.

L’absence d’outils d’aide à la décision et de cadre concerté entre les acteurs impliqués dans le développement urbain explique l’urgente nécessité de mettre en place un cadre d’échange et de discussion pour un débat d’idées autour des questions urbaines afin de réorienter les stratégies territoriales, d’alimenter et d’impulser de nouvelles les politiques publiques pour des villes durables.

 

Absence de débat d’idées sur la question urbaines

Depuis l’avènement de la décentralisation, l’urbain sénégalais est en pleine mutations et celles-ci sont accentuées par les facteurs exogènes au développement urbain. Parallèlement, aucune réflexion intellectuelle ou scientifique n’est engagée pour réfléchir sur le devenir des villes et analyser les impacts des mutations spatiales et institutionnelles. L’absence de forums d’échange et de discussion sur l’urbain combiné à l’absence de document de planification, illustrent de la complexité des enjeux difficilement surmontables par les collectivités locales parce que peu préparées.

 

Absence de vision stratégique

Pour que les villes soient les moteurs du développement et non les vecteurs de la pauvreté, il demeure important de les doter d’une vision stratégique qui suppose la mobilisation et l’implication de toutes les catégories d’acteurs afin de rechercher le consensus dans l’identification des enjeux prioritaires, de déterminer les tendances lourdes et de mettre en relief les leviers du développement. Il y a nécessité de formuler des visions partagées à long terme permettant de relever les défis futurs et de favoriser la mise en cohérence des différents politiques et programmes.

 

La complexité des enjeux et l’ampleur des défis liés au développement urbain, interpellent plusieurs disciplines intervenant dans le champ urbain. La ville étant un espace partagé entre plusieurs disciplines, la recherche de solutions aux problèmes urbains de plus en plus complexes et dépassant les sphères de l’urbanisme classique, exige la mobilisation d’un large éventail d’experts issus de divers horizons disciplinaires et professionnels afin d’engager une réflexion prospective sur l’évolution des villes sénégalaises.

 

Le champ urbain constitue un espace complexe, en perpétuelle mutation, mal compris parce que peu étudié. Rares sont les productions intellectuelles ou scientifiques qui s’intéressent aux enjeux fondamentaux de l’urbain sénégalais.

 

C’est face à ce constat, qu’émerge l’initiative du Club de Réflexion sur l’urbain  d’engager un débat d’idées sur la question urbaine au Sénégal.

 

Le Club de Réflexion sur l’Urbain (CRU) est un think-tank créé par des professionnels des métiers de la ville (urbanistes, aménagistes, environnementalistes, géographes, sociologues, économistes, ingénieurs, etc) en vue d’encourager une réflexion prospective sur l’avenir des agglomérations sénégalaises.

 

Alé Badara Sy

Géographe - urbaniste

Président du Club de Réflexion sur l’Urbain

[email protected]

Dakar, le 20 mars 2013


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