(EVENEMENT, POLEMIQUE) La République du divertissement

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(EVENEMENT, POLEMIQUE) La République du divertissement

La fin de l’année 2016 n’échappe pas à cette tradition sénégalaise qui veut que ce soit une période de manifestations en tous genres, beaucoup visant les enfants, dont les parents devront toutefois débourser fort. Entre Arbre de Noël, Petit Bal, Sen P’tit Gallé, les événements font foison et ont fini d’irriter des associations qui y voient une « honteuse exploitation » et une « crétinisation » des enfants. Une association a même porté plainte pour l’arrêt de Sen P’tit Gallé. Avec aussi l’espoir de créer une jurisprudence dans ce tout divertissement, qu’on n’arrêtera pas facilement, il faut en convenir.

Il faut revoir les images du monde fou rassemblé à l’Esplanade du Grand Théâtre, ce dimanche 25 décembre, et des heures durant, pour la finale de Sen P’tit Gallé All Stars, afin de s’en convaincre. Le public s’étalait à perte de vu, digne des concerts des plus grands artistes. Il est vrai qu’outre les jeunes candidats au concours de chants, le public avait à apprécier les prestations de Youssou Ndour, Pape Diouf, Viviane, Pape Birahim, Alioune Mbaye Nder, Abiba, entre autres célébrités musicales.

Un plateau fort relevé donc, pour mobiliser donc forcément. Ce à quoi, les pourfendeurs peuvent prétendre dans leur combat. S’y ajoute, pour ne vraiment pas leur faciliter la tâche, le fait que la société sénégalaise soit comme subitement prise par le tout divertissement. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à être plus certains de se réaliser par la musique ou la lutte que de brillantes études. D’autant plus que Youssou Ndour leur a apporté la preuve qu’un artiste peut se retrouver à la table du conseil des ministres, parler d’égal à égal avec ces derniers, être leur collègue. Se voir même accorder plus d’attention à certaines occasions, comme lors de la visite du président américain Barak Obama au Sénégal.

A une autre époque, un chef d’Etat étranger séjournant au Sénégal aurait vu la crème intellectuelle lui être présentée. Fièrement. Ça, c’était avant, il y a longtemps. Le Sénégal a changé, ses identifiants surtout. Le divertissement peut mener plus facilement à deux objectifs que beaucoup veulent atteindre pour une vie épanouie : la célébrité et l’avoir.

Pour preuves, la gagnante de Sen P’tit Gallé, Mame Diarra, repart avec 5 millions Cfa, un terrain…Ce que d’éminents intellectuels peuvent ne pas avoir au terme de leur carrière, la jeune fille l’emporte en quelques heures. Sa carrière à peine entamée, Abiba, jeune chanteuse montante, a été choisie pour se produire à l’ouverture de la prochaine Can en janvier 2017 au Gabon. Elle peut ne pas trop espérer de ses études, quoique ses parents, professionnels de l’enseignement, fassent preuve d’intransigeance pour le respect de ses cours.

Pendant ce temps, peu savent qu’un écrivain sénégalais, professeur d’économie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis est un des brillants Africains que les médias internationaux s’arrachent. Felwine Sarr en l’occurrence est de la race des grands intellectuels qui faisaient la fierté du Sénégal dans le monde. Son nom a laissé d’aucun le prendre pour une…femme. Parce que l’effort n’est pas fait pour le connaître, ses pairs et leurs travaux encore moins.

Le divertissement a pris le dessus sur tout. Aidé en cela par les turpitudes du quotidien qui obligent bien des gens à chercher le moyen de s’évader, de noyer les soucis.

Des promoteurs ont fini de le comprendre et y vont à fond la caisse. Que pour le divertissement !   


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Anonyme - #1

Merci Pour Cet Article.

le Mardi 27 Décembre, 2016 à 12:45:16RépondreAlerter

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