Le Blogs de : Souleymane Thiam

Alors que le débat fait rage depuis quelques semaines autour de l'arrêt du fonctionnement de la machine de radiothérapie de l'hôpital Le Dantec, la ministre de la Santé et de l'Action Sociale est récompensée du Prix du Meilleur ministre de la Santé du monde. Sérieusement...

La précision a été faite, de façon on ne peut plus nette, sur le motif principal du choix de Mme Eva Marie Coll Seck pour cette distinction. C’est son « rôle dans la lutte contre Ebola à travers des programmes de prévention et de sensibilisation ». On se satisfait particulièrement du fait qu'il n'y ait eu qu'un cas au Sénégal, importé d’ailleurs de Guinée, pays voisin d'où était partie la maladie avant de faire quelque 11300 victimes.

Le World Government summit de Dubaï a été l'occasion pour la ministre de recevoir ce prix pour lequel le bon sens recommandait que l'on fit le moins de bruit possible. Car aujourd'hui, bien moins qu'une gloriole, on devrait s’offusquer qu’on nous fasse cette moquerie. Parce que ce prix est tout sauf opportun. Comment un système qui néglige une machine si importante déjà vieille de trente ans, hoquetant très souvent peut être le meilleur au monde. A moins de considérer d’un côté Eva Marie Coll et de l’autre le système qu’elle gère.

Et puis, si la gestion d'Ebola fut probante, il faut reconnaitre que c'est le fruit d'une expertise sénégalaise avérée sur les maladies infectieuses. S'y ajoute que, apprécier le travail d'un ministre c'est un tout, et non pas de partir d'une particularité pour généraliser.

Et l'obligation sentie par le président de la République toujours dans ce rendez-vous dubaïote de monter au créneau, le ton dur, en marge d'une rencontre avec des Sénégalais de la diaspora, atteste d'un problème profond. Autrement, le ministre aurait pu expliquer et convaincre, d'autant plus qu'elle est la « meilleure ».

La réalité est que, l'affaire de la radiothérapie est comme l'arbre qui cache la forêt dans laquelle la situation décrite laisse froid dans le dos. Entre des chiffres gonflés dans certains programmes, des nominations à des postes de gens qui n’en ont pas le profil ou l’expérience exigée, des ruptures de médicaments depuis un an pour le traitement de l’épilepsie dans un des grands hôpitaux de Dakar, il y a suffisamment de quoi s’inquiéter pour la santé au Sénégal. Des professionnels sont à deux doigts de jurer qu’il y a un vrai pilotage à vue.

Etant donné que cette façon de faire s’apparente à une grosse tromperie et la révélation de la situation exacte fera beaucoup de vagues et de surprises. On aura tout, sauf des raisons de se réjouir d’une récompense…