Le Blogs de : Souleymane Thiam

Un épisode de l’émission Reporters de la télévision France 24 diffusé cette semaine crée l’émoi et la consternation. Le sujet porte sur des attouchements sexuels perpétrés par un membre de la Congrégation canadienne de Sacré-Cœur. Le religieux a 92 ans, une de ses victimes sénégalaises et d’autres, dans ce cas ou d’autres, sont appelés à briser le silence.

C’est d’ailleurs sur une note d’appel que le présentateur de l’émission a fermé son temps d’antenne, non sans préciser que la suite de cette série de témoignages accablants et désastreux est réalisée en collaboration avec le site internet Dakaractu.                                                                                       

La vingtaine de minutes que comprend cette première partie suffit pourtant à toucher du doigt une réalité que bien des gens soupçonnaient depuis des lustres. L’auteur du outing identifié sous le nom d’emprunt de Souleymane est installé en France. Elève dans les années 80 au célèbre Collège Pie XII de Kaolack, il révèle y avoir subi des attouchements sexuels de la part d’un membre du personnel enseignant. Lequel, nonagénaire aujourd’hui, reconnaît les faits, aussi bien au Sénégal qu’au Togo où continua sa mission. Le vieil homme se défend tout de même, comme au moment des actes, d’avoir voulu assurer à ses élèves « une éducation sexuelle », « de les aider à travailler leur organe génital ». Ce qui évidemment, selon Souleymane, fut un faux prétexte afin de les soumettre à un vagabondage sexuel fait de « mesure de la taille de leur sexe » et d’autres choses innommables. Dont la gravité se devine nettement par le qualificatif « criminel » utilisé par le Sénégalais pour nommer « leur bourreau ».

Et d’après lui, ils étaient nombreux à « être invités » à ces séances. Beaucoup d’interrogations se soulèvent dès lors. Quelle va être l’attitude des autres victimes ? L’administration du Collège était-elle au courant ? Si oui, quelle fut sa réaction ? Le religieux agissait-il seul ou en même temps que d’autres de ses collègues ? D’autres missions religieuses sénégalaises ont-elles connu des actes similaires ?

Il est évident que le reportage de France 24 ouvre une boîte de pandores. Il y a comme un appel à se libérer d’un fardeau, pour les victimes et/ou leurs proches. Surtout que le Pape François ne se montre point tendre contre les religieux reconnus coupables sous ce registre. L’Eglise au Sénégal connue pour son évolution sans bruit risque de vivre des soubresauts. Pour cause ? Bien des secrets enfouis dans des placards pourraient éclater au grand jour…