La sécurité contre l'incendie est donc un sujet très vaste, qui
nécessite une préparation sérieuse, une étude minutieuse de la
règlementation émanant de tous les ministères, des connaissances
générales de physique, mécanique, chimie, technologie, hydraulique,
architecture, médecine, qui ne pouvant être acquises que par un travail
soutenu et le désir de se perfectionner.
L'officier de
sapeurs-pompiers est appelé à collaborer avec divers services qui font
également de la prévention et de la prévision : architecture, Génie
rural, Ponts-et-Chaussée, Eaux et Forêts, assurances, police, sécurité
sociale.
La police est chargée de faire respecter les
prescriptions des commissions de sécurité. Dans certains cas douteux,
elle enquête en vue de déterminer si la malveillance est en cause, à
cette défaillance de la moralité du sinistré.
La sécurité contre
l'incendie est financièrement payante. les compagnies d'assurance ont si
bien compris son intérêt qu'elles consentent, sur les primes, des
rabais appréciables, pouvant atteindre jusqu'à 50 % voire plus suivant
l'état du bâtiment, l'entretien des installations électriques et les
moyens de secours dont on dispose.
La prévention et la prévision
par les travaux, les servitudes qu'elles demandent aux exploitants, par
les dépenses apparemment improductives qu'elles occasionnent,
constituent une gène, une entrave, une atteinte à la liberté. C'est
ainsi que, dans les grands magasins, les indications "sortie" sont, pour
retenir la clientèle, rendues souvent peu apparentes et l'officier de
sapeurs-pompiers doit lutter contre cette fâcheuse tendance.
La
prévention ne coute rien quand on a su l'étudier à temps. C'est avant la
construction, au stade des plans, qu'elle est facile à établir et
vraiment peu onéreuse. Après la construction, il est plus difficile d'en
faire reconnaitre le bien-fondé et de convaincre qu'il est de sont
intérêt de se mettre en règle.
Quoi qu'on fasse, la prévention ne
sera le plus souvent qu'un compromis entre les exigences de la sécurité
et les possibilités de l'exploitation.
L'inspection du Travail et
l'officier de sapeurs-pompiers retiendront de la réglementation l'esprit
plutôt que la lettre. Sans se montrer tyranniques, ne sauront concilier
sécurité et besoin.
En évaluant un risque, ils feront la part des choses entre ce qu'il faut supprimer ou réduire et ce qu'il faut tolérer.
Chaque
incendie coûte, en fin de compte, beaucoup plus cher que l'ensemble des
dispositions ou des dispositifs qu'une prévoyance conduirait à mettre
en place et en œuvre.
Trop souvent, la sécurité contre l'incendie (qui est une forme d'assurance) n'est reconnue utile qu'après l'incendie.
L'activité
obscure et la vigilance de toute personne, responsable de la protection
contre l'incendie, trouvent leur récompense dans la satisfaction
d'épargner des ruines et de protéger la vie d'autrui.