STOPPER le Développement du Sous-développement et Hâter la venue de l\'\"Afrotopos\".

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  • Article ajouté le : 16 Mercredi, 2017 à 15h08
  • Author: Usman TUREY

STOPPER le Développement du Sous-développement et Hâter la venue de l\'\"Afrotopos\".

Il m’est moralement obligatoire de partager quelques pièces commentés d’une extraordinaire auteure que j’ai découvert grâce au penseur panafricaniste et économiste le Dr Yves Ekoué Amaïzo à travers son site www.afrocentricity.info . Elle s’appelle Martine CAMACHO. Académiquement sociologue, elle recèle, en sus, en elle-même, une anthropologue, une économiste, une politologue, une pédagogue, une communicatrice, une animatrice, voire une humaniste aguerries. Elle manifeste un talent notoire d’observatrice pointue, pénétrante, objective, réaliste, honnête, généreuse. On dirait qu’elle est dotée d’une sorte de troisième œil qui lui permet de voir au fin fond des choses et des situations. (à lire dans les notes de lecture de Godwin Tété). Suivant les pas du Docteur Yves, je voudrais partager, ci-après, aux fins d’encourager quelque peu l’intéressé(e) ou les intéressés à se jeter à l’eau pour traverser le fleuve que constituent les 385 pages du livre sous rubrique, quelques commentaires y relatifs. Premier extrait « L’Afrique a à découvrir ses propres forces et poursuivre ses propres aspirations sans être absolument contrainte de suivre les sentiers battus des modèles économiques vieillissants qui montrent de plus en plus des signes de faiblesse et leurs limites. » (p. 358). Ce passage me replonge immédiatement dans « AFROTOPIA » du professeur Felwine SARR paru le 10/03/2016 aux editions Philippe Rey, et me fait incessamment naviguer entre ces lignes empreintes de conviction, de raison et d’humilité à savoir : « L’Afrique n’a personne à rattraper. Elle ne doit plus courir sur les sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi. Son statut de fille aînée de l’humanité requiert d’elle de s’extraire de la compétition, de cet âge infantile où les nations se toisent pour savoir qui a accumulé le plus de richesses, de cette course effrénée et irresponsable qui met en danger les conditions sociales et naturelles de la vie. Sa seule urgence est d’être à la hauteur de ses potentialités. » Evidemment, il est très aisé de noter la forte corrélation ainsi que l’interconnexion pénétrante entre les idéologies de ces deux auteurs qui semblent préoccupés par la même et unique nécessité d’entreprendre une « réflexion prospective » sur le devenir du continent afin de pouvoir « articuler une proposition africaine de civilisation en dehors d’une dialectique de la réaction et de l’affirmation, sur un mode créatif » pour parler comme Felwine Sarr. Deuxième extrait « L’Afrique du deuxième millénaire était malade, une bonne partie du reste de la planète l’est d’ailleurs également mais pas toujours de la même façon. La maladie des Afriques ? Une conjugaison morbide, une alchimie hautement négative entre de nombreux agents pathogènes. Une colonisation qui a laissé ses séquelles en encourageant une division sociale génératrice de frustrations, une décolonisation qui n’a pas renoncé à ses pratiques de prés carrés et qui entend expatrier ses modèles de démocratie tout en préservant les intérêts économiques de ses grands groupes: un grand écart qui demande un maniement affiné de la sémantique. Une intervention des gendarmes financiers internationaux malencontreuse, inadaptée et inefficace, une assistance au développement tout sauf cohérente, tenant davantage du saupoudrage de bonne conscience que du partenariat. Une classe dirigeante politique lamentable, avide, sans aucun respect de l’intérêt de la collectivité. Une fonction publique corrompue, paresseuse et pleine de morgue. Une corruption endémique, tentaculaire et acceptée, tels sont les ingrédients qui, conjugués, ont amené l’Afrique dans l’état de marasme aggravé dans lequel elle se débat depuis des indépendances leurres. Le troisième millénaire sera-t-il celui de la guérison ? La fin de ce livre tentera de répondre à cette question. Et pourtant cette Afrique malmenée, martyrisée, épuisée n’a pas mérité ses fossoyeurs et ses bourreaux. L’Afrique des villages, des quartiers populaires des villes, est une Afrique courageuse, inventive, tenace dans sa quête de survie. Une Afrique joyeuse, même dans ses pires malheurs. Debout et qui ne se décourage pas et qui mille fois sur le métier remet l’ouvrage. Au fond du Niger dans des hameaux écrasés par une chaleur inhumaine de 50° à l’ombre, j’ai vu des femmes au fin fond du département de Loga faire des kilomètres pour aller chercher le contenu d’un canari d’eau puisée si profondément qu’elles mettaient plus d’un quart d’heure à ressortir leur seau. Ces femmes à qui l’on acceptait de prêter une somme d’environ 50 euros se regroupaient pour faire l’élevage et la revente de moutons, d’autres un peu plus au sud avec un prêt encore plus modeste fabriquaient de l’huile avec leur arachide, d’autres encore, sur les îles au milieu du fleuve Niger, au nord de Niamey, décortiquaient le paddy et vendaient ainsi le riz. Partout, dans des conditions souvent infra humaines ces femmes trimaient sans relâche et remboursaient à 99 % les crédits octroyés. Un taux de remboursement digne de provoquer un orgasme pour n’importe quel économiste distingué de la Banque Mondiale ! Plus près de moi, un magnifique exemple de cette capacité de l’Afrique à résister à toutes les prédations, à tenir debout envers et contre tous les aléas, l’illustration la plus magnifiquement magistrale de la force des Africains à transcender cette « maladie » du continent: la Côte d’Ivoire qui, après des années de soubresauts, de massacres, de souffrances, de partition, continue de vivre, de travailler et de rire même si c’est sous le volcan. Un exemple aussi de ce que la manipulation de la haine peut faire d’un pays stable et prospère et d’une population hospitalière, éprise de paix et fondamentalement joyeuse et insouciante. » (pp. 180-181) De par ce passage, on y dénote l’évocation subtile « des chocs historiques exogènes » (esclavage, colonisation), ainsi que la « colonialité », qui ont produit des séquelles non négligeables sur les mentalités, cadres épistémiques et structures psychiques des africains. Mais on peut également y retrouver des éléments clés d’argumentation, notamment avec la bonne humeur, la joie de vivre et la sociabilité des africains, qui permettent de renforcer la vivacité des couleurs du postulat curieux du Professeur Felwine Sarr à savoir que « la vie ne se mesure pas à l’écuelle » car « elle est une expérience et non une performance » in Afrotopia P.19. Ainsi, il est également très naturel d’interpeller les élites africaines sur « leurs responsabilités devant leur conscience transgénérationnelle » quant à la nécessité de parvenir à une « absolue souveraineté intellectuelle » pour que l’Afrique puisse donner sa « proposition de la modernité » dans le cadre des « modernités alternatives », une formule de Felwine Sarr qui fait écho aux thèses de Dipesh Chakrabarty.?

Qu’il me soit alors permis, après lecture des ouvrages de ces deux auteurs (Fewine Sarr et Martine CAMACHO), d’affirmer sans ambages qu’il s’agit dans le fondement de leurs pensées en rapport avec le continent africain, d’arriver à « oser réinventer l’avenir du continent » en « habitant notre demeure » et en réalisant une « appréhension de soi par soi » (self-apprehension), qui est un concept que Felwine Sarr a emprunté à l’écrivain Wole Soyinka.

Il faut hâter la venue de l’AFROTOPOS où l’Afrique explore tous les possibles non ou sous exploités sur le continent. Un autre passage du livre de Martine dans lequel elle entrevoie l’avenir avec optimisme m’aidera à clore en beauté et sous un ton prospectif ce billet : « Alors malgré ses faiblesses, ses petites et grandes misères, son développement qui hoquette, ses fils qui se cherchent, moi j’y crois et je lui fais confiance à ce continent dont le nom phonétique est si peu approprié : à fric. Une Afrique sans fric justement mais cependant porteuse d’espoir, qu’il faut laisser mûrir et non mourir, qu’il faut aimer et non seulement aider, qu’il faut accompagner, et non précéder, qu’il faut respecter et non violenter. » (p. 347).

#Deugrek #Le_Combat_Continue…

Très forte exhortation à lire:

- Martine CAMACHO (2013). LES AFRIQUES COBAYES – 40 ans de développement du sous-développement“. Edition Mon Petit Editeur: Paris.

- Felwine SARR (2016). Afrotopia, Philippe Rey

 


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