De ces législatives qui réhabilitent et qui imposent le statuquo

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  • Article ajouté le : 02 Mercredi, 2017 à 07h08
  • Author: Birame Ndiaye

De ces législatives qui réhabilitent et qui imposent le statuquo

Le PDS est le plus grand vainqueur des législatives de 2017. La défaite de Mankoo Taxawu Senegaal à Dakar est crève-cœur compte tenu des conditions politiciennes de détention de Khalifa Sall. À l’échelle du pays, le statuquo ou la non-percée d’une nouvelle élite renseigne du décalage dans la participation citoyenne entre le chaleureux activisme des élites et la densité acerbe des profondeurs. Il a suffit que le Pape du Sopi se morfonde, simple victime de n’importe quoi, pour mériter attirance, sympathie et concours. À Macky Sall, il lui fallait simplement user et abuser des moyens de l’État, de manigances et du mode de scrutin pour en imposer à ses vis-à-vis.

Wade et Macky doivent bien rire du peuple sénégalais. Au mois, les sénégalais rient avec eux. Ce peuple, qui avait récemment éconduit Wade, s'est attendri dans le maquis des tourments actuels. La bouillante masse des médias et des réseaux sociaux promettait désaveu et débâcle à Benno Book Yakaar. Il n’en est rien. Qu’on ne nous parle surtout pas de fines différences à relever entre législature et bilan présidentiel. Ce sont de telles considérations creuses qui ne cessent de perdre les sempiternels aspirants au changement. Abdoulaye Wade et Macky Sall l’ont bien compris. Ils survivent de leur prise et emprise sur l’entreprise de la misère des masses laborieuses et sur l’affligeant cynisme qui fige les électeurs.

Si c’était une élection présidentielle, Macky Sall aurait perdu, dit l’opposition et ses tentacules. Ridicule! Au Sénégal, toutes les élections sont présidentielles. Et c’est exactement ce que le patron de l’APR comprend de mieux au point de se plier en quatre à chaque fois qu’il est question de précision et d’efficacité électoralistes. Il sait s’adapter dans le seul but de surprendre et opérer à coup sûr. Il gagne à tous les coups, et ses détracteurs n’en tirent pas les exacts enseignements. Ousmane Sonko aurait pu bel et bien s’affirmer s’il s’était, à plusieurs reprises, acoquiner, fut-il de circonstance, avec des recyclés de l’establishment sous le prétexte de l’unité d’action. Ça aurait été plus difficile, mais il y va de la clarté du jeu politique et de son positionnement en véritable challenger.

Abdoulaye Wade, maître incontesté du maniement de la psychologie sénégalaise, sait amasser  et mobiliser les sensibilités et susceptibilités pour produire son détonateur de prédilection, le mécontentement populaire. Qu’à cela ne tienne! Des adeptes de course de chevaux le suivent et l’applaudissent. Leur addiction au petit jeu du plus rusé les obnubile jusqu’à effacer de leur mémoire les excès du régime passé-récent. « Gorgui dou sén morom », disent-ils comme pour magnifier ses qualités vaines et vagabondes de dresseur. C’est aussi ça le témoin et la manifestation de notre complicité aux abus et artifices de la classe politique.

Le prétexte de la conquête de libertés, l’argument de résistance à l’oppression, les tournures alambiquées sur l’éthique de conviction et de responsabilité sont servis dans les cercles des intellectuels, par les intellectuels et pour la galerie. Il faudra somme toute que notre conscience collective et nos actions adoptent conjointement une démarche pénétrante et inclusive. Malheureusement, il faudra attendre encore avant que l’espérance et le besoin de renouveau n’aient raison du paraitre et du particulier.

Birame Waltako Ndiaye

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