De l’analyse politique à l’appréciation: ce qui est, ce qui aurait dû être

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  • Article ajouté le : 20 Vendredi, 2020 à 23h11
  • Author: Birame Ndiaye

De l’analyse politique à l’appréciation: ce qui est, ce qui aurait dû être

Pour le moment, le CESE, les ministères, les directions générales, etc. sont les mannes de sous et de jobs qui attirent les faiseurs de roi. Les prêcheurs et les objecteurs de conscience diront : Quels maudits politiciens! Les politiciens diront : Nos respects messieurs et mesdames les vénérables! Les citoyens ou bon nombre d’entre eux feront fi de croire aux uns et aux autres. Eux, ils font plus qu’analyser et apprécier, ils cheminent, ils cherchent à tirer leurs épingles du jeu. C’est ça l’individualisme qui nait de la pauvreté. Il se distingue de l’autre que connaissent les occidentaux et qui est le produit de la société de consommation.

Deux postures utiles, deux approches pertinentes, deux perspectives différentes, l’analyse a une prise sur le réel alors que l’appréciation relève souvent de considérations morales. La politique se fait à partir de la réalité des conditions et des aspirations du peuple. Pour convaincre, les références moralistes sont très payantes. Pour mobiliser l’opinion représentative, par contre, il faut nécessairement faire corps avec l’intérêt du public. Rien à voir avec l’intérêt général. L’intérêt du public au Sénégal, c’est l’enrichissement illico presto, n’en déplaise aux puritains dresseurs d’humanité inaltérable, immobile et idyllique.

Quand est-ce que les bienpensants se rendront compte que le Sénégal dont ils parlent, en se référant aux illustres devanciers et aux saints, a laissé place à un tout autre? Certes, il est important de promouvoir des valeurs pour préserver des facettes identitaires surtout lorsqu’il est question d’assainir l’espace public. Néanmoins, le véritable instrument de ratification sociale des règles du jeu, notamment politiques, demeure la masse. C’est elle qui en fait des exigences et des mesures de choix des élus et des pratiques. Rien d’autre.

En attendant que le discours et les appels à l’orthodoxie correspondent aux préoccupations populaires les plus répandues, les politiciens, majoritairement, miseront sur l’intérêt du public pour conquérir et conserver le pouvoir. Tant que la confusion de rôles entre politique et société civile perdurera et que la volonté d’insuffler, abracadabra, des âmes neuves sera à l’affiche, au portail de la cité, rien ne changera, tout se fera comme si…

Nous ne voulons, peut-être, pas l’admettre, mais l’argent fait l’honneur des personnalités publiques. Il fait le plaisir des votants et des foules. Un Homme politique nouveau peut amorcer un renversement de tendance, mais ce sera non pas pour avoir convaincu et incorporer la majorité, mais pour avoir fait naître et grandir un vaste mouvement. Faudra que celui-ci finisse par faire tache d’huile jusqu’à devenir principal producteur de critères d’exigence et d’accessibilité aux pouvoirs.

Birame Waltako Ndiaye 
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