De la démocratie au pouvoir de la rue

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  • Article ajouté le : 25 Mardi, 2021 à 23h05
  • Author: Birame Ndiaye

De la démocratie au pouvoir de la rue

Ce qui est appelé effervescence sociale et politique est le corollaire, non pas seulement d'un accroissement de la participation citoyenne, mais surtout d'un malaise né des limites à comprendre les techniques de gouvernance et à se situer dans les enjeux du moment. Les opinions publiques actuelles tout comme celles d'avant s'intéressent particulièrement aux choses publiques. Cependant, c'est dans les objets de l'intérêt porté que le basculement est intervenu.

Dorénavant, l'attention citoyenne est dirigée sur les actes et les orientations de l'action  publique. Fini le temps où qu'importe les moyens mis en œuvre, seul le jugement rendu sur des choses particulières et tangibles faisait la différence. La construction d'une mosquée, une petite marque de respect ou un inné lien de parenté suffisait à faire adhérer. Mais malgré  tout ce changement de paradigme, le fossé entre acteurs politiques et les populations ne cesse de s'agrandir.

D'un besoin d'identification à l'élu, un besoin plus complexe d'homologation des actes de puissance publique a vu le jour. Malheureusement, n'ayant pas souvent les moyens de parfaite maitrise et de contrôle à la mesure de ses ambitions, l'opinion à tendance à s'en tenir à ce qui est à sa portée. Certains appellent cet état de fait le règne du populisme. D'autres disent qu'il s'agit de maturité agissante, confondant bruit et musique.

Voilà où on en est. L'agitation a pris le dessus sur l'action et, pire encore, sur les structures de la pensée. L'opinion s'abreuve souvent de clichés et de slogans véhiculés par les mêmes bienpensants, à la seule fin de vaincre. Convaincre devient un exercice fastidieux qui abime et la fierté et l'intégrité et le désir de densité dans les idées.

Le besoin de simplicité des masses suit la courbe de la complexité des affaires publiques et du niveau d'effectivité de la participation citoyenne. Tant que les questions relevant de l'État étaient réservées pour l'essentiel à l'establishment, seuls acteurs réels de la vie politique, il n’y avait pas une nécessité forte de se justifier et de renseigner à la lettre.

Maintenant que le besoin populaire de compréhension et de ratification a pénétré les masses dont les niveaux d'instruction et de spécialisation sont sans commune mesure avec la complexité du domaine ni avec l'expertise des technocrates, le lien des échanges puis de la confiance s'est rompu. La consécration du marketing politique s'en est suivie portant au-devant de la scène les procédés opérationnels de la démagogie et du sensationnalisme.

Birame waltako ndiaye
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