Des lébous aux mairies de Dakar

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  • Article ajouté le : 16 Mercredi, 2021 à 12h06
  • Author: Birame Ndiaye

Des lébous aux mairies de Dakar

À Dakar, seul un maire lébou peut régler les problèmes de foncier, d’accès à l’eau, de sécurité, etc. C’est l’idée du Grand Serigne de ladite ville. À tout le moins, il a tenté de normaliser son idée en accordant l’approche ethniciste à la République et à ses dérivations égalitaristes. L’imam de la grande mosquée, quant à lui, ne s’est pas encombré de telles précautions. En réalité, la préférence clanique est monnaie courante au Sénégal; les lébous n’en ont pas le monopole. C’est aussi ce qui se pratique à Linguère, au Fouta, à Touba et ailleurs.

Si les « Dakarois de souche » en sont arrivés à le dire au lieu de se contenter de la faire, c’est qu’ils ont perdu, avant tous les autres, le contrôle. L’institutionnalisation des rapports civiques est beaucoup plus poussée à Dakar. L'anonymat y a beaucoup réduit les connivences et les conformismes. Ce qui n’est pas encore le cas dans le reste du pays où la démocratie s’accommode tant bien que mal des coutumes et des solidarités claniques.

Cependant, la levée de bouclier contre la déclaration des dignitaires lébous est tout aussi utile. Elle participe à accélérer le processus d’institutionnalisation, témoignant de la nécessité de ne se référer qu’à la validation constitutionnelle. Jusque-là, les exigences sèches de légalité ne rendent pas compte des réflexes traditionalistes. L’expression de malaise notée à Dakar constitue une étape dans le processus vers la dissociation du pouvoir des individus qui l’exercent.

Birame Waltako Ndiaye
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