Distingués sénégalais, ils regrettent Obama et pleurent Castro

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  • Article ajouté le : 27 Dimanche, 2016 à 05h11
  • Author: Birame Ndiaye

Distingués sénégalais, ils regrettent Obama et pleurent Castro

Adulé, applaudi et louangé, Barack Obama, réussissant le pari du premier noir président des yankees, inspire fierté et réparation à l’Afrique paumée et désemparée. Actuellement que Fidel, résistant au modèle impérialiste, a tiré sa révérence, nous voilà encore en contemplation des contestataires. Obama, impérialiste américain, et Castro, rebelle gauchiste, défendent des idéologies opposées mais mobilisent tout de même l’admiration des sénégalais. Cette admiration trouve son inspiration dans le romantisme des références du refus et dans la mystification des héros d’adoption.

Castro s’est d’abord battu pour libérer son peuple ; il s’est ensuite battu contre une partie de son peuple, collabo de ses propres ennemis. Finalement, sa lutte a été de soutenir toute autre réplique de son engagement afin de justifier ses exactions. Pour parer aux manigances et coups bas des impérialistes, sa réponse a été de réprimer, jusqu’au sacrifice suprême, les dissidents téléguidés depuis l’occident boursicoteur. C’est la même chose qui est arrivé à Sékou Touré, adepte de l’idéologie communiste et qui a fait l’objet de nombreuses tentatives de complots et de déstabilisation orchestrées depuis Paris et racontées dans les Mémoires de Messmer et Foccart. Il est devenu par la suite un tyran sanguinaire, paranoïaque et affilié à Moscou.

« Fidel Castro, c’est également un régime monopartite, parti-État. Pas d’opposition tolérée et pas de liberté d’expression. Ce sont plus de 8000 prisonniers politiques pour l’année 2015 ainsi qu’un million et demi de Cubains exilés, victimes de la répression castriste. L’embargo américain et l’isolement des capitalistes ont certes éprouvé la résilience du peuple cubain. Néanmoins, « les Cubains - comme nous autres Africains - réclament plus que jamais l’accès à des droits fondamentaux comme la liberté d’association, de penser et d’expression. Nous ne pouvons pas, par romantisme révolutionnaire, dire qu’il s’agit là de droits occidentaux. Autrement, arrêtons de nous plaindre des autocraties en Afrique », a dit Abdou Khadre Lô, docteur es sciences politiques.

Qu’importe si El commandante était athée, si Castro était totalitariste, si Fidel a procédé à une dévolution patrimoniale du pouvoir! Ceux qui, au Sénégal, le regrettent semblent dire : « dès lors qu’il s’est opposé à l’Occident et contre les oppresseurs, Fidel, excommunié par l’Église et internationaliste socialiste, est un ami ». Tant qu’à faire, élisons un communiste et le tour sera joué! Non, nous voulons le beurre et l’argent du beurre. La démocratie que nous proclamons en modèle de communion et d’idéal s’éloigne pourtant des références retenues du maquis castriste où la liquidation physique est cotée mode patent de promotion du mutisme.

Quand Barack Obama, l’américain, avait foulé la terre sénégalaise et avait porté les intérêts économiques exclusifs de ses concitoyens, nous avions occulté sa motivation pour ne retenir que sa couleur de peau, masque improvisé de sa majesté le Capital. Pourtant, hormis l’habituel sentimentalisme banania, le bon sens voudrait qu’on se mobilise davantage pour des offres économiques convenables et susceptibles d’impulser et de soutenir un véritable développement humain. Des masses populaires de chez nous, vivement qu’émerge enfin un projet nationaliste d’autodétermination libre d’ascendance et de surcharge étrangères.

Obama et Castro, deux figures naïvement plébiscitées, ont été porteurs d’idéologies, messagères de l’endoctrinement des africains aux idéaux des pensées unifiées. Ils galvanisent et gonflent l’égo des sans-voix, des sans-grades au concert des nations. Le Président Ahmed Sékou Touré, indépendantiste affirmé, s’est rendu coupable de la mort ou de la disparition de quelques 50 000 personnes alors que Houphouët-Boigny, néo-colonialiste, incarne néanmoins un passé glorieux d’infrastructures innovantes. Comme quoi, il nous reste encore du chemin à faire dans la quête d’originalité et de capacité de discernement au contact de tous les autres.

Birame Waltako Ndiaye

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