Du marché de la corruption et du laisser-aller au Sénégal

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  • Article ajouté le : 26 Mardi, 2024 à 12h03
  • Author: Birame Ndiaye

Du marché de la corruption et du laisser-aller au Sénégal

La corruption est une chose assez importante pour être laissée aux seules mains des moralistes. Elle alimente des familles entières et fait fonctionner des commerces et des entreprises. Bref, elle fait vivre beaucoup de personnes au Sénégal et fait tourner l’économie en grande partie. Dès lors, il s’impose de prévoir, concomitamment à la lutte contre la corruption, une série de mesures d’accompagnement ou de suivi des licenciements massifs, des précarités induites et des faillites d’entreprises que le marché de la corruption graissait onctueusement.

À court terme, l’économie sénégalaise souffrira d’un vrai manque à gagner, en raison d’opportunités manquées en affaires et en consommation directe de biens et services. La corruption n’est pas uniquement motivée par un besoin d’enrichissement personnel, elle répond également, si répréhensible soit elle, à une pression sociale, notamment familiale, de pourvoir aux besoins inconsidérés des siens. Disons la vérité. Qui parmi nous ne bénéficie pas directement ou indirectement de fonds provenant de sources douteuses ? C’est pour s’apercevoir que la destination partiellement redistributive des fonds dérobés remplissait également un rôle éminemment économique de financement participatif.

Loin de moi l’idée de justifier cette pratique illégale et immorale. Cependant, on ne gère pas un État comme on peut gérer une mosquée ou une église. La corruption est devenue un élément structurant de notre Économie. Pour beaucoup de boutiques de luxe, la plupart de la clientèle vit d’argent illicite. Il y a de la même manière des emplois souvent non-qualifiés qui sont créés dans le moule d’un enrichissement indu. Passage obligé, diront certains, il faudra s’attendre à une nette détérioration des conditions générales de vie. À titre d’exemple, des préposés à la vérification de conformité sur divers domaines seront privés subitement de pouvoirs d’achat et d’assistance.

Par ailleurs, la politique économique de maîtrise ou de réduction des dépenses publiques conduira inéluctablement à dissoudre des agences et, par ricochet, à supprimer des emplois. De la même manière, les recrutements massifs, parfois de complaisance, dans les ministères et autres structures publiques appellent à une réduction drastique des effectifs. En cas d’application d'une politique d’austérité, les pouvoirs publics misent habituellement sur la croissance des emplois dans le secteur privé. Comme indiqué plus haut, des emplois y seront, bien au contraire, perdus.

Au demeurant, les Sénégalais doivent s’attendre à payer le prix d’une refondation du pays. Nous venons de loin, compte tenu des objectifs affichés par la nouvelle mouvance présidentielle. En tout état de cause, une excellente communication de masse doit être engagée pour que l’opinion publique se prépare et accepte les termes de rigueur du redressement. Pour faire passer la pilule, il faudra surtout que les citoyens se rendent compte que les mêmes rigueurs et austérités s’appliquent au sommet de l’État et à ses démembrements.

Birame Waltako Ndiaye
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