Du zemmourisme sénégalais

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  • Article ajouté le : 16 Samedi, 2021 à 02h10
  • Author: Birame Ndiaye

Du zemmourisme sénégalais

Nationalisme signifie aussi, sous les cieux sénégalais, préférence nationale. C’est ce que défend Zemmour. Pourtant, ceux-là qui s’en réclament ici et maintenant lui opposent modernité et droit positif, sans toutefois se l’appliquer en temps et lieu. Quand on s’en prend aux Français ou aux Guinéens pour une raison ou pour une autre, n’est-ce pas au nom d’un impératif de conservation identitaire?

Quand tout porte à croire que la ligne noble et patriote est celle qui porte l’étendard du conservatisme culturel, on ne doit pas la refuser aux autres d’ailleurs qui pensent pour eux la même chose. La différence en l’espèce est que le fait générateur du repli sur soi est expression d’une minorité gueularde en France, et diktat d’une affluence encombrante au Sénégal.

Quoi de plus normal que de s’ériger en porte-étendard d’un système de valeurs propres à son terroir et de s’engager pour sa promotion? Pourtant, c’est exactement ce que font les africains réactionnaires et activistes. C’est ce qui les fait passer pour dignes petits-fils des Almory. Zemmour le dit très clairement : « J’aime mieux mon prochain que mon lointain ». Ses adversaires qui prétendent apporter leur aide à l’Afrique miséreuse nous trompent. Ils disent vouloir nous sortir du gouffre. Ils nous mentent et nous manquent surtout de respect.

Avec ses positions tranchantes, Zemmour est le portrait typique du patriote qui, transposé dans le contexte africain, aurait l’avantage d’insuffler la fierté nationaliste et la détermination à l’action immédiate pour relever les défis d’une revanche. Son anticonformisme à la pensée unique de la nomenklatura française nous interpelle à plus d’un titre.

L’Afrique n’a pas à céder à la facilité du recours à la « rente mémorielle ». Par ailleurs, elle gagnerait à reconnaitre aux autres le droit à l’indignation qu’elle semble s’approprier à tout jamais. Le combat des expatriés répond à une logique de survie et ne devrait guère confondre l’urgence d’une Afrique debout.

Ce qui se passe en France dans le but de préserver inlassablement une identité démodée, c’est exactement ce que les africains font essentialisant les marxisants modèles et moyens de lutte pour l’indépendance postcoloniale. La différence entre eux et nous, c’est que pour nous, la résistance au changement se traduit en simples consignes totalitaristes, alors que pour eux, elle parait comme une simple sensibilité.

Birame Waltako Ndiaye
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