En attendant d’autres cas d’école Yavuz Selim

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  • Article ajouté le : 18 Mercredi, 2017 à 10h10
  • Author: Birame Ndiaye

En attendant d’autres cas d’école Yavuz Selim

Le Sénégal est un pays de lobbying qui ne dit pas son nom. Pas de réserve, aucune tenue, aucune modération, même pas d’humilité ! C’est à la faveur du besoin particulier de s’imposer ainsi que des exigences collectivement admises d’occuper le terrain de la contestation sinon de la propagande qu’on s’exécute. Dans l’affaire Yavuz Selim, il s’est agi d’un classique affrontement entre responsabilité des convictions partisanes et réflexe des contraintes payantes. Et pourtant, des lobbyistes sont parvenus à faire croire que l’école sénégalaise et la souveraineté nationale étaient menacées. Heureusement que cette fois-ci, la France n’y est pas partie prenante. Sinon, ce serait le néocolonialisme ou l’esclavage moderne qui serait brandi en instrument idéologique d’édification d’une façade dissuasive ou d’un front ensorceleur.

Ne jamais se compromettre tant que ce n’est pas nécessaire. Tant qu’à faire, raisonnons ouvertement, cette fois-ci, contrairement aux obligés discrets décideurs. Tout cela porte à le croire, la fermeture des écoles Yavuz Selim crée moins de préjudices qu’elle ne peut générer d’avantages. Les élèves seront transférés, les enseignants seront certainement relocalisés. De surcroit, cela évite un manque à gagner en investissement et en opportunité d’affaire. La férocité des nations les plus nantis recommande que les plus petites se soumettent au diktat de sa majesté le Capital. Heureusement, que les bourreaux sont également soumis à la force des détenteurs de capitaux, liés, eux aussi, par leurs propres cyniques convenances. Puff! Aussi bien le patriotisme économique que la souveraineté nationale sont devenus simples mythes. Ils ont été apprivoisés puis asphyxiés par le capitalisme triomphant qui est parvenu à tasser valeur et orgueil nationalistes au profit de l’appât du gain.

Le génie de la démocratie libérale consiste à faire croire que l’ordre ne tient qu’à l’engagement, aux renoncements et à la volonté de la patrie et de ses quidams. Théoriquement, la promotion du travail est faite urbi et orbi. Mais pourtant le Capital et les boursicoteurs sont consacrés pratiquement en maîtres et possesseurs des plus faibles. Pour, ne serait-ce que vivre et faire vivre, les pays n’ont pas le choix que de se livrer plus ou moins à la Finance internationale. Il faut se demander pourquoi la Corée du nord, fait du bruit de temps en temps pour s’attirer des rentrées de devise. Le beurre et l’argent du beurre, veulent tous ceux-là qui réclament confusément liberté, secours et assistance. Voilà ce qui nous accule répétitivement à la cacophonie que nous appelons débat public dans un élan d’honneur et d’enthousiasme.

Soit! Pour parler en connaissance de cause dans l’affaire Yavuz Selim, il faut réellement savoir ce qu’il en est de l’offre et des éventuelles représailles de l’État turc. Il est illusoire de penser que le président de la République, si rétif à s’ouvrir gratis à ses concitoyens, offrira une quelconque hospitalité dans son domaine réservé. On a tout faux quand on envisage les relations diplomatiques sous l'angle des secs principes du droit international. L'enjeu, ce n'est pas de résister manifestement contre les méchants oppresseurs. Il s’agit de contourner, par des instruments d’intelligence économique, les chartes et chantages imposants qu’impliquent les investissements directs étrangers et qui exposent à l’indignité.

Le rapport de force, enrobé des mécanismes de coopération et de commerce international, fait marcher le monde. C'est sous ce prisme que le combat contre l'oppression doit être mené. Il nous faut trouver les moyens permettant de dire non sans craindre et risquer le chaos. Faute de quoi, tels des guignols, nous sautillerons, nous tonnerons, nous nous morfondrons, mais les injonctions facturées et les soumissions imposées nous accableront, encore et encore. En désespoir de cause, il ne nous restera, comme d’habitude, qu’à révérer et à regretter des résistants tels que Mamadou Dia et Thomas Sankara.

Birame Waltako Ndiaye

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