Le Blogs de : Birame Ndiaye

Il n'est pas question de dénier à quiconque une quelconque posture de citoyen engagé ou de leader d’envergure, mais force est de reconnaitre que celui qui gère le mécontentement populaire dictera la recevabilité sociale plus ou moins grande de la loi d’amnistie. Si Macky Sall s’assure qu’Ousmane Sonko n’opposera pas son véto à sa feuille législative, rien ni personne ne sera en mesure de l’empêcher à le faire voter. Les simplistes diront qu’il a déjà la possibilité de dérouler en toute tranquillité dans la mesure où il a réussi à ferrer son principal challenger. Les timbrés tiendront compte de la capacité encore indemne de Sonko à calmer ses alliés et à mobiliser ses inconditionnels d’un claquement de doigts.

Pour ou contre la loi d’amnistie? La réponse ne devrait pas dépendre de la nécessité d’enquête ou d’approfondissement. L’amnistie pousse au pardon et au dépassement et, de ce point de vue, ne peut s’assujettir raisonnablement à un jugement ou un verdict préalable. L’initiative relève naturellement des autorités. Dès lors, elle ne s’apprécie qu’au constat unique de l’opportunité et de la nécessité de ressouder les liens civiques. Pour autant, les Sénégalais ne perdront pas de vue les responsabilités qui incombent à Macky Sall ou à l’opposition dans la situation délétère à l’origine. Sous ce rapport, il ne peut être question d’impunité totale parce que des sanctions politiques sortiront inéluctablement des urnes.

Pour ou contre la loi d’amnistie? Reste à savoir si les objectifs de pacification de l’espace politique seront atteints au vu des positions tranchées des acteurs et des citoyens. Alors que les détracteurs soulignent la nécessité de rendre justice aux victimes, morts, blessés et spoliés, les partisans de l’amnistie insistent sur la portée conciliatrice de la loi. Autrement dit, le débat s’articule autour de la question de l’acceptation sociale de la rémission en bloc. Cependant, il s’agira moins de convaincre que d’engager militants et sympathisants dans la voie tracée par les deux principaux leaders en chef. C’est de ce point de vue que Macky Sall et Ousmane Sonko sont, en réalité, les seuls maitres à bord.

Intérêt supérieur de la nation. Mon œil! Le président Macky Sall avait créé la surprise en demandant au garde des Sceaux, lors du conseil des ministres du 29 septembre 2022, d'examiner les possibilités et le schéma adéquat d'amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote, sans citer de noms. Mais, il ne faisait aucun doute qu’il visait Khalifa Sall et Karim Wade. En tout état de cause, ceux qui, récemment, soupçonnaient une intention du chef de l’État de se blanchir essentiellement l’ont eu faux. Pour contre, le patron de l’APR trouve bel et bien un intérêt politique dans la loi de neutralisation.