Enfant noir veut comprendre pourquoi transhumance et pourquoi corruption

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  • Article ajouté le : 30 Dimanche, 2017 à 23h04
  • Author: Birame Ndiaye

Enfant noir veut comprendre pourquoi transhumance et pourquoi corruption

Hommes politiques, intellectuels et opinion sénégalaise sollicitent de nouvelles institutions pour lutter contre transhumance. Pêle-mêle, ils réclament modernisation de l’État, éthique politique et sacrée parole d’homme. De ce que j’ai compris du débat, avec l’aide du dictionnaire, les institutions sont l’ensemble des règles régies par le droit et établies en vue de la satisfaction de l’intérêt collectif. Elles ne sont pas en cause, ce sont les hommes et les femmes censés les respecter, les protéger et les répandre qui s’en détournent habilement, par faiblesse ou par lâcheté. Et ça, aucune constitution ne peut le prévenir efficacement.

Moi, petit pasteur du Ferlo, j’ai du mal à comprendre comment une nouvelle architecture institutionnelle peut faire la différence. L’important n’est pas le cadre formel, mais bien la propension des acteurs à s’identifier aux codes et symboles du dispositif légal et réglementaire. Je milite pour une nouvelle culture politique, croyance sociale et processus de dissociation entre les individus et les pouvoirs publics. Dans ma petite tête résonnent sans cesse ces mots-clés : prescriptions et modes éthiques en vigueur. Voilà les instruments par lesquels les acteurs politiques et les travailleurs adhèrent au cadre institutionnel et à l’esprit des lois.

Malheureusement, ce sont les animateurs des institutions qui, ancrés dans le moule social de la promotion individualiste, utilisent la zone grise des feuilles législatives pour se servir avant tout. Toutes les institutions recèlent immanquablement des échappatoires qui ne sont obstruées qu’à la mesure du niveau d’organisation politique. Dès lors, les manquements ne peuvent pas être imputables à la nature ou à la qualité des institutions. Celles-ci ne peuvent s’illustrer performantes que lorsqu’une culture politique, basée sur l’éthique, s’empare durablement des citoyens.

La faisabilité d’un tel environnement, fortifiant et rentable, dépend en grande partie de la force de l’opinion et, surtout de ses critères de choix électoral. S’il est quasiment impossible que des pratiques telle que la transhumance puissent exister aux USA ou ailleurs, c’est parce qu’elles seraient systématiquement suivies de sanctions politiques. Or, sous les tropiques elles ne mobilisent et n’indignent que l’élite manifeste, mais marginale. Après tout, ce sont les composantes de cette même caste qui se livrent aux mêmes faits électroniquement décriés dans l’intimité des bars et basses-cours.

Si de tels gestes prospèrent, c’est faute d’avoir une opinion inclusive, avisée et opérante. Aussi bien ceux qui se réclament de la société civile que ceux qui se font passer pour l’opinion publique ne forment qu’une catégorie organisée d’intellectualistes activistes, tout au plus. Les débatteurs cravatés cherchent-ils dénouement et justice ou trouvent-ils dans la saga institutionnaliste le moyen de faire plus malin que malin?

Rien à faire des régimes parlementaire et présidentiel pourvu que celui adopté réunisse les conditions d’adhésion et d’approbation, c’est-à-dire coïncide avec des comportements majoritairement promus. En réalité, les mentalités connaissent des mutations au fur et à mesure que les comportements dictent des réflexes nouveaux. Qu’importe! Maintenant, même dictature je prends, à la seule condition que gouvernement soit par le peuple éclairé.

Nous avons gobé communisme sans force ouvrière, capitalisme sans bourgeoisie, alter-mondialisme nationaliste et écologisme libéral. Nous ne sommes pas fous, nous sommes traumatisés. Depuis toujours, des moyens de rattrapage offerts en catalogue nous mobilisent au détriment de l’ultime finalité de réconciliation avec nous-mêmes.

Birame Waltako Ndiaye

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