Entre administration et politique, la République discrimine

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  • Article ajouté le : 17 Dimanche, 2021 à 00h01
  • Author: Birame Ndiaye

Entre administration et politique, la République discrimine

La République, ce n’est pas que la laïcité. Ce sont également l’État de droit et la souveraineté populaire. Le policier radié pour servilité manifeste à un marabout a fauté pour avoir rompu le pacte républicain. Sans uniforme, en privé, il serait libre de se livrer pieds et mains liées au guide confessionnel de son choix. Mais, dans le cas d’espèce, il compromet, en état de service, le liant devoir de neutralité et de réserve. Pourtant, de cette obligation de détachement qui incombe notamment aux forces de sécurité et de défense, dépend l’égalité de tous les citoyens devant la loi et les services publics.

 Sanction disproportionnée ! Peut-être bien. Cependant, sans une connaissance exacte du dossier, il est difficile d’apprécier la portée et la mesure de la sentence. En tous les cas, la collecte de fonds en faveur du policier constitue un précédent très chargé de défiance et de concurrence à l’ordre républicain.

Selon qu’il s’agit des élus ou des agents de l’État, la gravité des peines encourues ne suivent pas le niveau de responsabilité des torts infligés à la bonne représentation des valeurs républicaines. Il faut croire que cela tient davantage aux caractères abstraits et aléatoires des principes ou, à tout le moins, des manifestations de la République.

Certes, les hommes et femmes politiques, instrumentalisant sans cesse et à outrance les sensibilités confessionnelles des citoyens-électeurs, sont responsables du délitement persistant des valeurs républicaines. Dans l'affaire du policier radié, il y a lieu de distinguer, d’une part, la responsabilité de la classe politique et la culpabilité fonctionnelle des agents de l’État. D’autre part, la distinction des sanctions encourues par les uns et par les autres s’impose. À tort, certains font croire que le policier-disciple peut se prévaloir de la turpitude des politiciens.

En vérité, la sanction opposable aux gouvernants n'est que politique, précisément électorale. Par contre, l'administration, les préposés aux services publics et, en particulier, les forces de sécurité et de défense, subissant les distorsions et errements des élus, sont exposés paradoxalement à des sanctions administratives beaucoup plus dommageables.

La République, diversement appréciée et déclinée à travers le monde, postule toutefois la nécessité d’un consensus et celle de s'y tenir. Aux États-Unis, la Bible constitue le support du serment de tout président nouvellement élu. Au Québec, le crucifix qui était suspendu depuis 1936 au centre de la salle des débats parlementaires a été décroché, conformément à la loi sur la laïcité de l’État.

Birame Waltako Ndiaye


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