Ethnie ou ethnicisme, média ou médecine

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  • Article ajouté le : 04 Dimanche, 2021 à 21h04
  • Author: Birame Ndiaye

Ethnie ou ethnicisme, média ou médecine

Un journalisme ne peut répondre des charges de maniement et d’équilibrage dans la marre des susceptibilités relatives aux ethnies, aux confréries et autres sensibilités des gouvernants. À moins que de s’autocensurer, il lui est loisible de piper mot sur tout, pourvu qu’il dise vrai et vérifiable. Madiambal et Mamadou Ibra Kane sont cloués au pilori pour avoir dit, sous forme d’éditoriale et de chronique, ce qu’ils pensent perceptible et prouvé. Mal leur en a pris, non pas parce qu’ils ont fauté, mais parce que notre opinion publique en vitrine taille ses manifestes et ses moqueries sur mesure, à la queue leu leu.

M'en fiche! Rien de plus fou que de penser que Mamadou toucouleur a voulu donner une leçon au digne Khalife des mourides. Bien au contraire, il s’est voulu moyen et intermédiaire d’un message qui souligne les quelques jeux subtils qui s’opèrent autour des leaders religieux. Ce sont ces mêmes opérations de charme et d’hostilité qui font que tels repris de justice et autres insulteurs publics soient reçus sans que le marabout, sage et soigné, ne perçoive l’enjeu et la portée. Faut-il le dire ou le couver? Si oui, pour quelle raison?

Quoi de plus normal que Madiambal, soi-disant propriétaire terrien sorti de nulle part, questionne les dessous d’une affinité supposément tissée aux cordes des seuls lignages claniques? Peut-on parler dorénavant dans ce pays d’ethnie sans que ce soit assimilé à de l’ethnicisme? Faut-il le préciser : un journaliste n’endosse pas la responsabilité, connue des acteurs politiques, de rectitude et de retenue. Le premier dénonce la réalité à poil, l’autre la dénonce en tenue de soirée.

En vérité, les réactions de désapprobation et d’indignation qui font suite aux sorties des journalistes, Mamadou le toucouleur et Madiambal l’impie, confirment bel et bien cette tendance bien sénégalaise à toujours vouloir noyer le poisson dans l’eau. Mieux vaut occulter tout ce qui dérange, disent certains. Il y en a aussi qui se limitent à caractériser superficiellement certains propos de dangereux sans jamais remettre en cause leur véracité. Comme d’habitude, ils préfèrent qu’on se sauve la face plutôt que d’affronter la réalité pour mieux prévenir les risques d’explosion.

On n’en est là, à aménager un espace de cohabitation entre la liberté d’expression et les débiles dérobades. Le journaliste en fait les frais. Politiquement incorrect, il dit ce qui fait en sorte qu’il ne gobe pas les insulteurs et les coupables de crime dans les instances bénies. Fallait-il qu’il ménage la susceptibilité, non pas des fidèles, mais des soupçonneux? Malheureusement, les politiciens, opposition comme profiteurs, semblent s’aligner sur le courant des porteurs improvisés de vacarme et des vociférations. Même Macky, le « président politicien », s’en est mêlé insidieusement lors de son discours du 3 avril. Pourtant, la teneur des propos de son piètre ministre de la Justice n’a rien à voir avec celle d’un journaliste libéré du reste des connivences et complaisances du pouvoir et de son exercice.

On est fait comme tel : peuls, manjaques, wolofs, diolas et crétins. La manière optimale d’exorciser les démons de la division et des folles velléités d’affrontement, c’est de crever répétitivement l’abcès et de titiller les réflexes communautaristes, n’en déplaise aux frileux. Heureusement qu’il y a les pouvoirs publics pour réguler, pour ramener chaque fois à l’essentiel. Ainsi, les journalistes sont dans leur rôle : se départir des dérisoires excitabilités pour ne retenir que des faits, sans faire cas des pudibonds et des madeleines.

Activiste, je te somme de sortir du corps de CORED afin qu’il retrouve son rôle de défense des droits du journaliste.

Birame Waltako Ndiaye
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