Gestion de crise oblige, la tauromachie gouvernementale opère

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  • Article ajouté le : 13 Dimanche, 2020 à 16h09
  • Author: Birame Ndiaye

Gestion de crise oblige, la tauromachie gouvernementale opère

Olé à droite, olé à gauche. Le peuple, taureau affaibli, suit le chiffon rouge brandi par le chef de l’État, toréro en chef. Fait de riz, de lait et de sucre, le chiffon attire et détourne le regard involontaire de la masse. Denrée alimentaire pour amortir l’impact de la crise sanitaire, la même recette a servi pour noyer la désespérance des inondés. Panacée prodigieuse, pis-aller permanent, le procédé a, en tous les cas, le mérite de calmer les angoisses. Il est dit qu’ «  un homme qui a faim n'examine pas la sauce ».

Surtout pas de blâme, pas d’invective, le gouvernement part de la réalité, celle d’un besoin de bouffe et de la nécessité de prévenir tout débordement. Il est dans son rôle. Quant aux sinistrés, ils n’ont que faire des soucis de planification et de responsabilité, ils sont en prise avec d’étourdissants réflexes de survie. C’est à se demander si la démocratie et la participation citoyenne optimale ne sont pas des produits de luxe. À moins qu’elle doive être envisagée variable en degrés, corrélée à différents niveaux de vie, la gouvernance du peuple, par le peuple et pour le peuple fluctue d’intensité selon le pouvoir économique des gens. En effet, le pouvoir politique des populations suit la courbe du pouvoir d’achat de celles-ci.

Le capitalisme a tellement bien compris l’imbrication que la promotion de la société de consommation lui permet d’asservir la classe moyenne des pays dits développés. L’endettement et le confort standard constituent les chaînes de fer destinées à entraver occidentaux. Il ne reste à ces derniers qu’à se contenter des illusions d’hommes et de femmes libres, mais tenaillés par des contraintes de consommation et de conformité à la pensée unifiée.

Sous les tropiques, la sophistication laisse la place à une manifestation brute du rapport de domination. Mais toujours est-il que le marché, troc tragique entre offres de compromission et demandes d’émolument, dicte toujours ses lois. « L’argent ne circule plus », avait-on l’habitude d’entendre tout au début du septennat de Macky Sall. « Si on vous donne de l’argent, prenez-le. Le jour du scrutin, travaillez pour le Sénégal », avait dit Madior Diouf, lors des élections présidentielles de 1993. Tristes tropiques aux postures brinquebalantes. « Quand on refuse, on dit non ». N’est-ce pas? Le oui-non n’a pas sa place en élection, encore moins en ce qui concerne une candidature pour un mandat de président de République démocratique, laïque, émergente, pacifique, moderne tout aussi perchée sur les rampes de lancement vers le développement durable.

Safourlay!

Birame Waltako Ndiaye


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