Le Blogs de : Birame Ndiaye

Jamra est dans son rôle tout comme une autre association de défense des droits de quelques minorités l'aurait fait, si tant est qu'on soit en démocratie. Le problème, c'est plutôt que Jamra s'arroge d'autorité le droit de parler au nom du peuple, d'une part. D'autre part, que les intérêts concurrents du point de vue valeurs et principes à défendre soient étouffés au nom d'un ordre culturel figé que Jamra et ses comparses font passer pour sénégalais à jamais.

L’État de droit accorde à Jamra l'intérêt, la cause et la base légale d'ester en justice. Pourquoi bouderait-il son plaisir? Dès lors, il revient à l'État où à ses démembrements de le confiner dans l'espace de ses propres droits, à la limite de ceux des autres. Ça, c'est l'exigence démocratique la plus aisément accomplissable.

Parce que les valeurs de liberté et d'égalité ne sont toujours pas admises par la société que Jamra n'en fait qu'à sa tête. Que ceux qui pensent autrement sont des laissés-pour-compte. Jamra rassure. Il fait penser que nous pouvons collectivement nous racheter, rejoignant ainsi notre déni démentiel d'être passés à autre chose qu'écrire des lettres d'amour et de promesses de bonne tenue.

Jamra, courant de censure, occupe tout l'espace sociétal parce qu'aucune autre pensée en opposition n'a légitimité sociale. Il est à peu près permis à tout sénégalais, lui est accepté à tout le moins, de dévier, pour autant que l'image d'une société certifiée des bonnes vies et mœurs n'en soit pas atteinte publiquement. L'enjeu consiste à préserver l'idée qu'on veut se faire de nous-mêmes.

Une panoplie de référentiels statiques islamicotraditionnels est érigée maître et régente des apparences. Les pouvoirs publics jouent le jeu. Les médias sont tenus en laisse. En vérité, Il pleut; tout est inondé. Mais l'important, c’est de croire et faire croire que le ciel est encore bleu et dégagé.