La baisse de la TVA et l’augmentation de l’offre de logement ne viendront pas au bout de la crise

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  • Article ajouté le : 16 Mardi, 2024 à 23h04
  • Author: Birame Ndiaye

La baisse de la TVA et l’augmentation de l’offre de logement ne viendront pas au bout de la crise

Le nouveau secrétaire d'État à l'Urbanisme et au Logement, Momath Talla Ndao, compte alléger le fardeau fiscal et augmenter l’offre de logement pour en faire baisser le coût. Il passera à côté tant que la politique du logement, notamment à Dakar, n’aura pas comme leitmotiv de faire baisser la demande plutôt que l’offre. Il y va de même pour les efforts de renouvellement du parc automobile de transport public. Ces politiques de renforcement de l’existant constituent des pompes aspirantes qui, au lieu de régler le problème du déficit, génèrent des besoins sans cesse grandissants.

Le problème du logement à Dakar relève davantage d’une spéculation que d’un manque. Pour faire péter la bulle, il faudra plutôt que les prix réels permettent un rythme d’amortissement financier adéquat et génèrent un gain raisonnable au profit des investisseurs. L’option agissante sera de mener des politiques qui auront pour objectif de fixer les populations hors de Dakar. C’est en cela que la vision, qui sous-tend les projets de ports secs, de la nouvelle ville de Diamniadio, de l’aéroport de Diass et des universités régionales, doivent être comprise, améliorée et mieux intégrée dans toutes les politiques publiques.

Fondé sur la promotion de l’accession à la propriété privée grâce au crédit hypothécaire et aux subventions publiques, le modèle classique d’augmentation de l’offre de logement a atteint ses limites. À effet domino, cette façon de faire suscite fatalement un étalement urbain et entraine toujours de nouveaux besoins de services, notamment de mobilité et de sécurité publique. Avec le risque d’un écroulement du système de crédit puis d’une crise bancaire, les logements sociaux reposent forcément sur plus un grand accès au crédit dans un marché immobilier marqué par une paupérisation croissante des ménages. Enfin, les offres de logement suivront difficilement le rythme de croissance annuelle de la demande et, de ce fait, s’avéreront inefficaces, malgré les actes posés.

N'occupant que 0,28 % du territoire national, la région de Dakar regroupe 20 % de la population et concentre plus de 75 % des activités économiques du pays. Dès lors, aussi bien dans le secteur du transport public que dans celui du logement, l’ingéniosité des autorités est à trouver dans les projets de territorialisation des politiques publiques et de désengorgement de la capitale au profit de l’intérieur du pays. La mise en place d’incitatifs économiques, comme la baisse du coût de l’électricité dans les capitales régionales les moins habitées, pourra fructueusement opérer en la matière.

Au demeurant, la résorption des bidonvilles et les projets d’assainissement  ne s’en trouveront que plus faisables. À Dakar, la forte pression démographique annihile les effets découlant de quelques projets y afférents. D’ailleurs, l’initiative de l'État, sous Macky Sall, d’éradiquer les bidonvilles à l'horizon 2035 est voué à l’échec. Les 100 000 logements sociaux prévus sur cinq ans seront encore inaccessibles aux ménages à revenus faibles.

Birame Waltako Ndiaye
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