Le couple émigré à l’épreuve des difficultés d’acclimatation

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  • Article ajouté le : 19 Dimanche, 2021 à 19h09
  • Author: Birame Ndiaye

Le couple émigré à l’épreuve des difficultés d’acclimatation

Alors qu’ils s’attendaient à reproduire les modèles connus de vie en couple, deux africains unis par les liens du mariage se retrouvent dans un Bantoustan de pays riche, en pleine crise de transmutation culturelle. Et pour cause, point de répit, aucune faveur, même pas passe-temps, rien que des contrecoups du mode de vie nouveau, choc violent qui s’abat sur le couple africain de souche. Les conjoints se découvrent changeants du jour au lendemain. Ils commencent par s’accuser mutuellement, puis s’emballent à qui mieux mieux dans des reproches mutuels pour étouffer maladroitement leurs inconforts.

Elle a carrément changé. A-t-on l’habitude d’entendre s’agissant des femmes émigrée. Ce procès expéditif est pourtant mal engagé. Ce sont les conditions et les modes de vie qui changent et qui exigent des partenaires qu’ils s’adaptent. Dans les rapports de l’un envers l’autre et vis-à-vis des enfants, rien ne peut résister aux besoins d’accommodement raisonnables. À la base, c’est notre habituelle conception statique et intransigeante des valeurs qui déteint sur les relations de couple et les fige désespérément. L’environnement, le contexte et surtout les contraintes socioprofessionnelles doivent dicter les comportements des conjoints. En terre étrangère, vouloir vivre en couple comme à Thiaroye, ça ne peut se faire qu’au détriment d’un des partenaires.

Insensé que d’évoluer ailleurs que chez soi, là où les conditions de vie et les moyens à disposition n’ont rien à voir avec les facilités du milieu d’origine, et vouloir conserver ses façons de faire sans heurt. Impossible pour la femme émigrée de recourir aux services d’une « bonne » ou bénéficier de l’aide de la famille. Dans ces conditions, l’épouse a du mal à concilier travail au dehors et tempérament traditionnel dans le foyer. Souvent, c’est l’homme qui s’arcboute sur ses dispenses de corvées et ses privilèges de chef servi alors que le tout nouveau décor ne s’y prête plus. S’ensuivent de la lassitude, de la culpabilité, des critiques et des crises récurrentes dans le couple.

Il s’agit du syndrome de l’immigrant qui clame à tue-tête ses prérogatives aux allures prétendument immuables. Il se manifeste par une mésentente dans le couple du fait des résistances aux exigences d’adaptation. Mariés en Afrique puis déménagés en France ou quelque part d’autre en occident, les conjoints se retrouvent acculés par un nouveau rythme de vie. Dans d’autres cas, ils se rencontrent et se marient sur place, mais à l’africaine avec l’espoir d’incarner des rôles fixés définitivement aux traditions. En tous les cas, à moins que les mariés remodèlent leurs charges de tenue et des tâches domestiques, ils connaitront des difficultés à coup sûr. En réalité, c’est faute de s’être accordé au cadre nouveau et aux routines inédites, engoncé dans des considérations d’un temps et d’un lieu ancien que l’époux ou l’épouse se goure fanatiquement.

Birame Waltako Ndiaye
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