Le Sénégal a changé, les Sénégalais avec

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  • Article ajouté le : 08 Vendredi, 2021 à 21h10
  • Author: Birame Ndiaye

Le Sénégal a changé, les Sénégalais avec

À tous les jeunes saturés d’enseignements et de préceptes conformistes, ne faut-il pas dire qu’il y a à peine 35 ans, dans l’espace restreint d’un quartier, comme à Gibraltar, le Sénégal en miniature s’était façonné et avait déjà prescrit d’autorité un contrat de continence? Ça se conjuguait en familles Thiam babél, Ndiaye diata, Diop Doff, Samoura et leurs ramifications à travers le Sénégal des profondeurs. Une fois à Dakar, qu’il soit de Dakar, de Louga ou d’ailleurs, le spécimen sénégalais était en mesure, soit directement, soit par personne interposée, de situer chaque Sénégalais grâce sa lignée ou par son voisinage.

La prédominance approche affective des familles et de leurs produits et les liaisons proches ou lointaines les uns des autres, voilà qui, autrefois, ratifiaient et régissaient les liens et interactions dans l’espace public et les interventions sur la place publique des acteurs et témoins sociaux. Dès lors, un tissu social fait de retenue et de pudeur enveloppait tout le domaine social, politique comme domestique. C’est ce qui, à la base, dictait la tempérance et la modération dans les jugements portés sur les autres.

Encore aujourd’hui, des caciques du moule ancien demeurent sous l’emprise de telles considérations. Ils jouent avec le feu ardent des appréciations modernes implacables et réductrices. Celles-ci veulent que tout jugement n’obéisse qu’au diktat de la raison pure, blanc ou noir. La fracture entre la génération des protocolaires et celle des conventionnels est née de ce gap. La première est réticente, mais la dernière est encline au rapport sec de citoyenneté tel que le veut la fraiche logique méthodique et pragmatique. Toutefois, cette approche reste caricaturale, parce que c’est moins une question de génération que de partisanerie. Il est des anciens qui, sans être connectés aux réalités de leur temps, se sont découverts en phase avec le mode froid d’adversité, imposant le rationnel sur le réel.

Quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils disent, jamais il ne pourra dire ouvertement du mal d’eux, voisins d’antan ou proches parents, fussent-t-ils des salauds. Parce qu’il les a connus jusque dans son intimité, parce que les mères ou les pères du brigand l’ont considéré comme leur propre fils, il ne doit pas violer le code de fidélité. Par conséquent, au moment où le déchainé séculier n’interroge que les principes de gouvernance, le médusé conservateur cède à un coutumier gentleman agrément. Après quoi, ils s’accusent d’hypocrites et de sauvageons, parce qu’ils n’ont pas conscience du sens de l’histoire. Chaque civilisation subit un choc dialectique avec son successeur.

Birame Waltako Ndiaye
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