Macky Sall n’a pas pardonné, il a largué Assane Diouf au milieu de nulle part

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  • Article ajouté le : 06 Mercredi, 2017 à 02h09
  • Author: Birame Ndiaye

Macky Sall n’a pas pardonné, il a largué Assane Diouf au milieu de nulle part

Le populisme d’Assane Diouf ne se nourrit pas de la peur et du repli sur soi comme ailleurs. Il s’alimente actuellement d’un grand ras-le-bol, à la faveur des prodigalités indues et de la domestication des pouvoirs de l’Etat. C’est moins sa personne que l’esprit de révolte dont il fait montre et qui est largement partagé qui doit interpeller plus qu’il ne choque. Confusément mais très sincèrement, beaucoup de sénégalais protestent contre l’ordre établi et ses prétextes choquants et préjudiciables. Ils sont poussés par un fort sentiment d’injustice. Ainsi, lorsqu’un vrai leader s’accaparera et de ce type de discours et de cet élan de révolte, pour ne viser, fut-il en apparence, que la fin d’une oppression ou d’une servitude, les calculs politiciens du maître de céans n’y feront plus rien du tout.

Le président Macky Sall n’a pas pardonné. Il n’est pas même pas dans une logique de tolérance des faits, gestes et propos déplacés qui lui sont destinés. En vérité, il diffère sa repartie parce qu’il veut réserver ses cartouches à ceux et à celles capables, en toute civilité, de sillonner les sentiers battus qui mènent au palais de la république. Pour cause, Assane Diouf ne convainc pas, il s’associe vigoureusement au mécontentement populaire déjà existant. Il ne séduit pas, il intéresse les sans-voix devant l’immensité des dégâts et des manquements. Ce qu’il a dit jusque-là a été dit maintes fois par plusieurs personnes sans jamais susciter autant d’attention. La touche qui excite et fait la différence, c’est l’insolence avec laquelle il surprend et dépayse ceux qui étaient façonnés à faire toujours pattes de velours devant l’adversité.

Assane Diouf est populaire, mais il n’est pas un leader, faiseur d’opinion et commandant en chef. De ceux qui suivent avec enthousiasme ses sorties médiatiques et de ceux qui les cautionnent ouvertement, il y’en a très peu qui voteraient pour lui à des élections. Sa force de frappe, il l’a tire essentiellement de sa capacité ou, plus exactement, de sa propension naturelle à rejoindre la colère et l’agressivité sans cesse étouffées de bon nombre de citoyens. En outre, le niveau du débat public promeut ce type de discours qui cible essentiellement des individualités et en fait des souffre-douleurs. Les détracteurs anonymes et les dépités connus s'y identifient très aisément ; les victimes du mackyland y trouvent désespérément leur compte. Dès lors, le danger qui guète le pouvoir ne pourra venir que de la récupération politique et du souffle que M. Diouf pourra apporter à l’opposition, adversaire mutilé.

Par l’intermédiaire de Serigne Assane Mbacké, Abdoulaye Wade lui aurait demandé de l’accompagner à la mosquée, pour la prière de la tabaski. Il lui aurait demandé par ailleurs d’arrêter les insultes. Deux actes, deux messages ; Me Wade est prêt à en faire un collaborateur à la condition qu’il devienne correct et fréquentable. C’est un couteau à double tranchant. Sans la marque d’insolence il y a peu de chance que « l’insulteur public » fasse mieux que ceux qui s’investissent contre le pouvoir en place par le canal des réseaux sociaux, et qu’il continue de leur ravir la vedette. Sous ce rapport, l’avoir à ses côtés ne sert plus à grand-chose. Au mieux, ça peut confirmer le leadership d’une formation politique comme le PDS, mais il ne servira certainement pas à renforcer ses troupes ou à rallonger ses pelotons en ordre de bataille.

Birame Waltako Ndiaye

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