Non Bamba, Abdoulaye Wade n’est pas Nelson Mandela

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  • Article ajouté le : 22 Lundi, 2017 à 02h05
  • Author: Birame Ndiaye

Non Bamba, Abdoulaye Wade n’est pas Nelson Mandela

Gorgui Wade est celui en qui nous avions cru jusqu’à ce qu’il révèle à la face des gorgorlu sa volonté de faire mieux qu’Ayadéma et tous les autres, ordinaires oppresseurs, qui ont voulu mettre en avant leur fils ou filleuls. Abdoulaye Wade, c’est celui qui pouvait, comme ce ne sera plus permis, mettre en œuvre toute sorte de réforme courageuse sans risquer le moindre soulèvement populaire. Oui, son aura, son charisme, l’espoir et l’attente des sénégalais étaient tellement grands que tout lui était permis, tout le monde était disposé à lui accorder grâce et garantie. Bamba Fall a tort de l’assimiler, sous le coup des aveuglants ressentiments et de la conquête de contenance,  au champion du désintéressement, Rolihlahla Mandela dit Madiba.

Le pape du Sopi  avait déclaré à brûle-pourpoint, relativement aux coupures d’électricité, que les sénégalais devaient recourir aux bougies pour l’éclairage des foyers. Abdoulaye Wade, c’est celui qui avait fini par perdre de vue le principe élémentaire de cohérence des actes de puissance publique. Adepte de la réalpolitik, désorienté par des innombrables effets d'annonce, sa légitimité charismatique a finalement subi les contrecoups de l'indignation populaire. Les populations n’en pouvaient plus des abus et excès de ses protégés et de ses compagnons affranchis, promus et insolent. Ça ne fait pas longtemps. Il y a de cela 5 ans, à peine.

Abdouaye Wade, c’est celui qui a également malmené la presse. Les médias ont contribué à l’émergence d’une conscience citoyenne et ont joué un rôle déterminant dans la transparence du scrutin de 2000, contribuant ainsi à sa victoire. Puis,  une longue suite de conflits entre les journalistes et son régime a entaché sa popularité. Un déferlement médiatique, justifié somme toute, a entrainé sa cuisante défaite aux élections de 2012.

Abdoulaye Wade doit bien rire du peuple et de ses leaders lunatiques. Ce peuple, quelques uns de ses anciens adversaires et ses ex fils putatifs frustrés qui l'avaient repoussé lui tressent aujourd’hui des lauriers. Wade, l'amour déchu, a déjà abusé de nous. Il revient encore une fois, porté par son éternel dessus sur le mécontentement sénégalais et sur le désespoir des âmes meurtries, pour s'abreuver et s’emparer des émotions, comme d'habitude. Il connait très bien le Sénégal, il sait que les sénégalais n'aiment que pour combattre et désavouer, jamais par et pour eux-mêmes.

Déjà enfant, nous lui étions dévoués jusqu’à nous entasser, nous écraser et nous asphyxier, montés, nourris et noircis de fumée lacrymogène. C’était en 1988. Ça n’avait même pas suffi à le hisser en haut d’en haut. Il a fallu du temps et encore et encore. Il avait pourtant sollicité notre intelligence émotionnelle et alimenté notre foi inconditionnelle en lui, messie pour le renouveau devant l’éternité. Il nous avait encouragés et réconfortés jusque dans l’intimité de sa résidence du point E. Il fallait brasser la cage du régime socialiste alors que son fils, futur ex plus intelligent des sénégalais, s’instruisait dans les universités françaises, Fara wade ndiack dara wade ndiack. Nous avons vénéré Wade-père, subjugués par ses tours de passe-passe. Il nous a malheureusement éprouvés d’expériences douloureuses et décevantes.

S’il le faut, nous réprimerons cette tendance généreuse et bien sénégalaise à réhabiliter si vite. Il n’est plus question, pour nous enrôler, de se morfondre en  simple victime ou en repenti dans le but de capitaliser compassion, sympathie et concours. Abdoulaye Wade a déjà eu sa chance et il a joué sa partition. Ses notes retentissent encore dans les coins et recoins de la comptabilité publique. Certes, son successeur n’a toujours pas opéré les ruptures tant attendues. Pour autant,  Abdoulaye Wade n’est pas Madiba, loin s’en faut.

 

Birame Waltako Ndiaye

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Alsam - #1

Très Bien Les Sénégalais Oublient Bien Vite Nous Avons Bavé Avec Ce Vieux...très Pertinent Votre Analyse

le Jeudi 25 Mai, 2017 à 11:05:22RépondreAlerter

Anonyme - #2

J'adore Cette Analyse. Wadd, Ce N'etait Qu'un Leurre, Un Opportuniste Qui A Voulu Jouer Avec Les Emotions D'un Peuple Senegalais Affamé, Abusé, Malmené, Grugé Par Quarante Années De Corruption, D'autoritarisme, D'arrogance, De Détournements Impunis, De Népotisme Du Régime Ups/ps Senghor-diouf, Pour Venir Piller Nos Richesses Et Nous Imposer Son Fils, Beaucoup Moins Méritant Que Beaucoup De Citoyens De Notre Pays, Qui Non Seulement Sont Plus Intelligents, Mieux éduqués Que Lui, Mais Qui Ont Contribué Au Combat Contre Le Régime Socialiste Néfaste, Corrompu, Et Franchement Nul De Diouf. Plus Jamais Wadd, Sa Famille Française (qui Vit En France, Pas Au Senegal); Plus Jamais Le Pds, Parti De Prédateurs Des Ressources Publiques, Comme Jamais On N'en Avait Vus Auparavant. Le Senegal A Besoin De Dirigeants Réellement Intègres, Aux Compétences Avérées, Prêts à Relever Les Défis De Développement Du Pays. Nous N'avons Pas Besoin De Charlatans, De Types Malhonnêtes, Prompts à Se Servir Et Servir Ses Proches Au Lieu De Se Mettre Au Service De La Nation. Ce Type De Dirigeants, On En Cherche Encore!

le Samedi 27 Mai, 2017 à 07:22:44RépondreAlerter

Anonyme - #3

Merci , Cher Compatriote.

le Mardi 30 Mai, 2017 à 08:45:14RépondreAlerter

Anonyme - #4

Très Bien Dit Wade N Est Pas Mandella

le Mardi 30 Mai, 2017 à 09:36:58RépondreAlerter

Anonyme - #5

Biensur Que Wade Ne Peut Etre Au Meme Rang Que Mandela Si Ce N'est A Cause De Ce Q'il A Commis En Juin 2011. Mais Il Reste Qan Meme Le Plus Grand Travailleur-batisseur Du Senegal Post-independant. Le Regime Actuel Et Son President Peut Faire 30 Ans Au Pouvoir Sans Jamais Realise La Moitier De Maitre Wade, Car Pour Ce Regime Le Plus Important C'est Les Reglements De Compts Et Le Partage Du Butin Entre Membres Du Clan!!

le Mardi 30 Mai, 2017 à 21:47:59RépondreAlerter

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