Pape Diop et l’engrenage de soumission aux bailleurs

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  • Article ajouté le : 16 Mardi, 2022 à 16h08
  • Author: Birame Ndiaye

Pape Diop et l’engrenage de soumission aux bailleurs

« A la place du Président Macky Sall, j'aurais choisi Aminata Niane comme Premier ministre. C'est une technocrate qui connaît bien les institutions financières. Les bailleurs de fonds font confiance à cette dame », a dit Pape Diop. Cela renseigne sur une forme de fatalité qui s’est emparée des leaders africains et qui plombe les efforts d’émancipation économique. La bureaucratie multilatéraliste, notamment celle des deux sœurs de Breton Woods, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, a taillé une camisole de force pour les pays africains. L’aberration est qu’une bonne partie de l’élite africaine n’arrive toujours pas à s’imaginer libre une fois dévêtue de cette camisole.

Ce que les instruments idéologiques appelés bailleurs de fonds ont réussi le mieux, c’est d’installer et d’intégrer la pensée unique dans les rouages de la haute administration du continent noir. Attention ! il ne s’agira pas de tourner le dos au multilatéralisme comme le suggèrent les radicaux. Il doit être question de sortir de la logique de dépendance en privilégiant la diversité et en se départant des complexes insufflés. Pour ce faire, il faudra à coup sûr explorer la voie des économies d’échelle et ne plus se cantonner dans des grandeurs macroéconomiques. Le piège de l’endettement, spirale sans fin, ainsi que la quête de croissance non inclusive, indicateur dérisoire, ont montré leur limite.

Le récent revirement du Ghana, qui avait théorisé la fin de la dépendance à l’aide internationale, nous renseigne sur la nécessité d’une intelligence d’approche et de mise en œuvre des plans de redressement économique, d’équilibre idéologique et de coopération internationale. Avec une inflation à 27% et une dette dépassant les 80% du PIB, le président Nana Akufo-Addo a dû solliciter de nouveau l’aide financière du FMI, quelques jours après des manifestations organisées à Accra contre la vie chère. Pourtant, il avait juré de ne plus recourir au FMI.

C’est dire que les extrémismes mènent dans le mur. Pour sortir de l’engrenage, il ne suffira pas de se braquer ni de collaborer pour passer bon élève. L’une comme l’autre posture nous maintient engourdis dans la précarité en nous fixant inconfortablement sur la défensive. Proactif est la dynamique qui convient à l’exigence de ruse et de créativité. L’essentiel est d’identifier les failles et de les exploiter au mieux. La condition d’un avenir radieux et durable n’est nulle autre que notre capacité à nous défaire des aigreurs et des œillères en même temps. L’intelligence économique combinée au fonctionnalisme, approche pragmatique, est la voie de l’émergence.

Birame Waltako Ndiaye
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