Pour la démocratie, parlons de la posture politico-religieuse de serigne Moustapha Sy

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  • Article ajouté le : 18 Samedi, 2017 à 04h03
  • Author: Birame Ndiaye

Pour la démocratie, parlons de la posture politico-religieuse de serigne Moustapha Sy

À peine s’en est allé le remarquable khalife général des tidianes que son fils s’illustre fin politicien jusqu’à préparer l’opinion à son rapprochement au régime du président Macky Sall. « Sans intermédiaire ni commentateur, le rapprochement est envisageable », dit-il. Pas plus tard qu’une semaine, lui-même avisait l’opinion de suivre le maire de Dakar en prison si jamais advenait une manigance politique qui l’y précipiterait. C’en est assez de ces jeux de dupes où s’entremêlent, comme à l’accoutumée, attraction religieuse et aboutissement politicienne. Y’en a marre, enfin.

Le guide, le grand érudit est parti vers les cieux. Nous lui témoignons respect, admiration et reconnaissance pour tout ce qu’il a apporté aux adeptes du théologisme et aux scientifiques. Pour autant, nous ne saurons épargner sa descendance des apports lumineux de ses préceptes de probité intellectuelle. Comment serigne Moustapha Sy, deux jours après le décès de son illustre père, a pu songer politiser ou prolonger l’approche tactique de  l’affluence des pouvoirs politiques?

Nous ne pouvons pas, à tout bout de champs, décrier la tendance clientéliste et opportuniste des citoyens ordinaires et passer sous silence cette flagrante transgression aux traditionnels rituels post-funéraires. Faut-il éluder la révélation du nouveau khalife, Abdoul Aziz sy, que le frère du vénéré disparu, n’avait pas le numéro de téléphone de serigne Moustapha, pour lui annoncer le décès? Ce serait ni honnête ni équitable que de faire semblant, de se conformer à l’autocensure pour ne pas choquer, pour ne pas s’attirer le mécontentement des disciples de bonne foi.

Les nombreux tabous entretenus autour des questions d’ordre religieux ne doivent pas nous acculer à un traitement inéquitable de l’actualité. La réticence des journalistes explique souvent des atteintes au droit du public à l’information. Des actes similaires se sont déjà produits. Les professionnels de la presse ont été tenus en respect à la suite de l’agression sur le journaliste Pape Cheikh Fall par des disciples du marabout Cheikh Béthio Thioune. Pour avoir remis en cause les propos du marabout quant à l'ampleur du soutien apporté à Abdoulaye Wade, candidat à l’élection présidentielle, le journaliste a été attaqué en mai 2006 par sept hommes armés.

La société sénégalaise soumet les médias à une exigence qui entraine une autocensure de fait. Les journalistes s’emploient à respecter un « code tacite de conformisme social » au mépris des règles déontologiques et des libertés démocratiques. Il s’agit de la difficulté à soulever les questions qui traitent de l’islam et plus particulièrement des familles religieuses. Il suffit de donner une connotation religieuse notamment confrérique à une activité  politique pour dresser le bouclier contre d’éventuelles critiques de la part des professionnels de la presse.

Sidy Lamine Niass a bien compris ce manège. Quand ses dettes fiscales ou ses redevances ne sont pas acquittées, il crie du haut de sa télé, à tout rompre: « Allahou Akoubar ». Il le sait, ça ameute, ça mobilise les plus sensibles d’entre-nous, le plus grand nombre. Encore là, il est difficile de distinguer s’il agit en politique, en professionnel de la presse, en entrepreneur ou en guide religieux. C’est ça le Sénégal : du tout et son contraire, à la fois et en même temps.

Birame Waltako Ndiaye

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