Saint Valentin : du succès de l’amour magique

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  • Article ajouté le : 13 Jeudi, 2020 à 23h02
  • Author: Birame Ndiaye

Saint Valentin : du succès de l’amour magique

Rabat-joie comme un imam, badiane voit vrai quant aux finalités, aujourd’hui négligées, des unions de cœur. « Comme en amitié, la vie de couple est affaire de bohèmes intrépides raccordant et rabibochant sans cesse leurs violons ». S’aimer pour le meilleur et pour le pire requiert davantage de renoncements, ruines des fusions-acquisitions, que la fausse flamme, fantasme côté à la bourse de New York. L’amour cinématographique, narcissisme promu et assumé, fait pleurer de culpabilité et fait frémir par compulsion et par répétition.  

Ne sommes-nous pas appelés à évoluer puis à vouloir refaire notre vie pour recréer, à chaque fois, l’amour ensorceleur ? Voilà où mène l’obsession du sentiment fulgurant de dépendance affective.  À force d’éprouver notre commune propension au bornage, des cassures surviennent, des reproches s’intensifient et le couple bascule. Ce n’est pas tant la faute de l’un ou de l’autre que l’écart dans les efforts contreproductifs de conformisme au modèle rose qui enquiquine et braque les tourtereaux en chiens de faïence. L’usure et la désillusion, deux démons destructeurs des délires romantiques, auront déjà produit désolation. Néanmoins, le message subliminal continuera de retentir telle une cloche d’église : «  Impossible que le modèle cupidon partout présenté ne soit que simple camouflage, donc impossible à dupliquer. Sa réalité hollywoodienne, nollywoodienne et wiri-wirienne en atteste. »

En réalité, homme et femme en couple se découvrent au fur et à mesure de leur initiation à la vie à deux. Il leur faut non pas s’accorder ou se désunir à chaque fois que leurs égos se cognent, mais maintenir à toute force le cap. Dans les termes de référence de l’amour-saint valentin, s’engager conjointement au don de soi parait rustique, barbare à la limite. Il lui est de loin préférable de vivoter, en cas de crise, par les recettes de conseillers matrimoniaux, trousses de premiers soins des accidentés du ménage. Il arrive que l’un ou l’autre des amoureux, devenus associés au fil du temps, change de priorités ou de bien-aimé. Le cas échéant, pas de fautifs, point de culpabilité, la mise en garde figurait en petits caractère dans le mode d’emploi. C’est que la garantie des engagements pour le bon et pour le meilleur est arrivée à expiration.

S’unir d’éclat ou pour donner sens à la vie, voilà ce qui distingue Jojo de badiane, authentique trouble-fête et non moins coquine. Cette dernière a compris que la vie de couple n’est point consécration habituelle d’une flamme, il est union sacrée de deux créatures appelées à s’honorer. Le désir partagé et protégé de fonder une famille, de la fortifier et de s’y fondre ensemble lui paraît, après tout, en être l’ultime et raisonnable mobile. Jojo aura finalement compris la liberté de Badiane face à l’imposture de l’attachement conditionnel à l’immuabilité du doux regard. Trop tard! Il est déjà embourbé dans la boue des fantaisies, captif de son imagination bonbon fondant.

Dans « Roméo et Juliette », il est question d’envie et d’enivrement, jamais de choc, jamais de regret, pas même de privation. Et pourtant ! L’histoire de deux âmes qui s’enlacent, enchaînées et engagées, y est apprise avec comme méthode d’isoler tout indice d’abattement, tout tempérament imprévu. Traduit sucrerie et secousse sur siège, l’amour y est représenté à tous les coups en intempérance fantastique et jubilatoire. Il s’abreuve et s’enduit de baisers compulsifs, de fleurs senties et d’ébats ensorceleurs.

Badiane ne voit dans l’amour-foudre que manifestation dissimulée de désir sec, simple déclic et dépotoir des besoins de base. Pour être viable, la vie de couple exige beaucoup des deux partenaires. Il faut reconnaitre que ce n’est facile à réaliser que quand les traditions régentent et rythment encore le quotidien des partenaires. Dès lors, la femme résignée dans une camisole de force assure triomphalement son rôle de gardienne des valeurs. L’homme, sous le poids des responsabilités de pourvoyeur et de protecteur, se tue à la tâche. Ce cadre de réalisation est-il encore existant quelque part ? Difficile à trouver. L’amour-saint valentin est apparemment le seul intime cordon cordial qui soit disponible sur le marché. À prendre ou à laisser.

Birame Waltako Ndiaye

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